jeudi, 5 décembre 2024
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Le Printemps berbère du 20 avril 1980 : qu’est-ce que c’est ?

Au cœur de l’Algérie, le 20 avril 1980 illumine la quête des Kabyles pour la reconnaissance de leur identité et de leur langue, un héritage bâti dans l’étoffe même de leur existence.

Ce jour-là, l’annulation d’une conférence de Mouloud Mammeri ne fut pas qu’un simple fait administratif ; elle devint le symbole d’un désenchantement, l’écho d’une crise berbère ancestrale qui remonte à 1948, et bien au-delà, dans les méandres de l’histoire.

Le Printemps kabyle, plus qu’une date, se révèle comme le chapitre d’une épopée, celle d’une résistance culturelle face aux vents de la destruction, un cri de ralliement pour la persistance d’une identité façonnée au fil des millénaires.

Cette mobilisation, surgie des profondeurs de l’âme kabyle, porte en elle la résonance des ancêtres, affirmant avec force que l’identité berbère ne saurait être éclipsée par les circonstances du moment, mais doit être célébrée comme un pilier de leur essence même.

Le 20 avril est devenu l’emblème d’une volonté inébranlable, un testament de la détermination d’un peuple et d’une culture à perdurer contre vents et marées, interrogeant les notions d’identité et de mémoire collective.

Ce n’est pas tant une confrontation avec l’État algérien qu’une affirmation puissante de la volonté de préserver une identité riche et complexe, une mosaïque de croyances, de langues et de traditions.

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Cette lutte, ancrée dans le passé, retentit avec la résistance des Algériens face à la domination coloniale française, un écho de la conscience berbère face aux menaces qui pèsent sur leurs cultures et croyances depuis l’aube de la conquête arabe.

Adoptant l’islam, ils l’ont porté au-delà des frontières, mais toujours avec cette farouche détermination de ne pas laisser leurs langues, véhicules de leur âme, se dissoudre dans l’oubli.

Ainsi, le combat kabyle ne se lit pas comme une page isolée de l’histoire, mais s’inscrit dans la continuité d’une résistance qui a ponctué leur existence, un fil rouge tissé à travers les âges, un hymne à la persévérance d’un peuple dont la volonté ne s’est jamais éteinte, tant qu’il reste une voix pour chanter l’existence berbère.

Les vents de l’Est

Au crépuscule du septième siècle, les terres d’Afrique du Nord, autrefois berceau d’animisme, de judaïsme et de christianisme, furent embrassées par les vents de l’Est. Les conquérants arabes, suivant les sillons tracés jadis par les légions romaines, entamèrent leur marche inexorable à travers ces contrées.

Avec une stratégie mêlant incursions audacieuses et consolidation méthodique, ils tissèrent peu à peu le fil de leur présence en ces terres, laissant derrière eux l’empreinte indélébile de leur culture.

Tel un fleuve changeant son cours, la langue arabe s’écoula, submergeant progressivement  les langues berbères, des plaines et des villes. Pourtant, le nombre des Arabes ayant foulé ces terres fut loin d’être légion, laissant s’épanouir parmi les descendants des Berbères une revendication d’ascendance arabe.

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En dépit de cette profonde métamorphose, l’âme amazighe résista, ancrée dans les replis des montagnes lointaines, là où les premiers échos de l’Islam et de l’arabe avaient résonné.

Aujourd’hui, cette identité berbère, tel un phénix, cherche à renaître de ses cendres, animée par une volonté de redécouvrir et de revivifier son héritage qui témoigne d’une grande richesse culturelle, défiant l’oubli.

Faut-il laisser s’éteindre la flamme de l’amazighité ?

Face à l’Algérie moderne, se pose la question cruciale de l’avenir de cette culture ancestrale. Faut-il laisser s’éteindre la flamme de l’amazighité au profit d’une uniformité nationale, construite principalement autour de l’arabité ?

Cette interrogation plonge ses racines dans le sol fertile de la réflexion, car ignorer ou minimiser la culture berbère équivaudrait à négliger le substrat même sur lequel la nation algérienne s’est édifiée. Depuis l’aube de l’indépendance, certains ont tenté de marginaliser et de folkloriser l’héritage amazigh, ne lui accordant qu’une place de figuration dans les chartes qui ont façonné l’Algérie moderne.

Il est désormais impératif, pour l’unité de la nation tout entière, de hisser la culture berbère au rang des autres piliers de l’identité algérienne, tels que l’islamité et l’arabité. Une démarche dynamique et proactive s’impose, non seulement pour honorer les Kabyles, mais pour enrichir le patrimoine commun de tous les Algériens.

La culture berbère, loin d’être un vestige du passé, est un trésor inestimable de toute l’Algérie, appelant à être reconnu, valorisé et célébré pour toujours et d’une façon active et participative.

Aujourd’hui, certains comme Moubarak el Mili et des disciples, peut-être avec une légèreté imprudente, se hâtent de déclarer le crépuscule du monde berbère, envisageant son absorption dans le vaste océan de l’islamité et de l’arabité.

Pourtant, il est impératif de tracer à nouveau, même en esquisses hâtives, le récit des épreuves titanesques auxquelles les Berbères ont été confrontés pour sauvegarder le souffle de leur existence. Leur lutte, faite de résilience et d’obstination, ne connut jamais la facilité ni le repos.

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Aujourd’hui encore, au carrefour des époques, les Berbères se dressent, portés par une prise de conscience aiguë : sans un élan de volonté transformé en actes, leur culture risque de se dissoudre dans les brumes de l’oubli.

Dans ce paysage de défis et d’espérances, le Printemps berbère de 1980 s’élève bien au-delà d’un simple événement historique ; il devient l’étoile polaire d’une quête de survie, l’incarnation d’une détermination inébranlable à perdurer.

Ce printemps, éclatant dans la conscience berbère, n’est pas seulement une révolte mais une renaissance, une proclamation vibrante que, malgré les assauts incessants de l’histoire, l’esprit berbère aspire à s’élever de ses cendres. Il est le témoignage vivant de leur résolution à ne pas simplement exister, mais à fleurir avec fierté, enracinés dans le passé, mais les yeux résolument tournés vers l’horizon d’un avenir où leur culture, leur langue, et leur identité seront célébrées dans toute leur splendeur, au sein d’une Algérie enfin véritablement consciente de sa dimension berbère.

Ensuite, au cœur du printemps de 1980, une conscience s’éveille, vibrant au rythme d’un appel ancestral, porté par les vents nouveaux du temps, réclamant une place digne pour les Berbères dans le tissu de la société algérienne.

C’est une invitation à plonger dans les profondeurs de l’histoire, à redécouvrir un passé à la fois antique et médiéval, à réévaluer l’essence même de l’identité berbère, longtemps érodée par les siècles.

Dans cette quête de reconnaissance, le monde berbère se dresse, pour rappeler la richesse de son histoire et la profondeur de ses traditions. La conquête arabe, bien qu’ayant introduit l’islam, a également marqué le début d’une lutte acharnée pour la préservation de l’âme berbère, une lutte pour maintenir vivantes ses propres coutumes au sein d’un nouveau credo.

Aujourd’hui, la Kabylie, une étoile, aspire à une reconnaissance pleine et entière de sa culture, de son héritage, souvent et longtemps relégués à de simples notes de folklore dans les marges des politiques nationales. Cette aspiration à la reconnaissance se heurte à des exemples de nations comme la Turquie et l’Iran, qui ont su allier modernité et célébration de leur patrimoine et leurs peuples antiques en les intégrant dans leur conscience et récit national.

Reconnaitre l’héritage berbère

L’Algérie postindépendance a assisté, non sans douleur, à une marginalisation de son héritage berbère, éclipsé par des politiques d’assimilation et une représentation réductrice. Pourtant, une prise de conscience émerge, portée par les voix du printemps, appelant à une réconciliation avec le passé, à l’édification d’une identité nationale algérienne nouvelle embrassant toutes ses couleurs, toutes ses voix.

Reconnaître l’héritage berbère n’est pas seulement un acte de justice historique, c’est le fondement même sur lequel repose l’avenir de l’Algérie, la clé de la solidité et de l’unité de la nation. Une Algérie qui ne reconnaît pas toutes les facettes de son diamant culturel risque de se perdre dans les méandres de l’histoire.

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Le Printemps berbère se fait ainsi porteur d’un rêve, celui d’ancrer l’amazighité au cœur de l’imaginaire collectif algérien, de faire revivre les héros berbères, de Jugurtha à Koceila, de la Kahina à Massinissa, non seulement aux kabyles, à tous les algériens, comme des figures du passé, mais comme des phares éclairant l’avenir.

Dans ce contexte, l’école algérienne se verrait confier une mission sacrée : être le creuset où se forge l’identité nationale, où les récits de nos ancêtres berbères se mêlent à ceux de chaque enfant, éveillant en lui un sentiment d’appartenance, une fierté envers un héritage aussi riche que varié.

Dans cette Algérie rêvée, chaque enfant apprend à connaître et à célébrer les contributions de ces héros berbères, développant ainsi un sens profond de l’identité nationale, une identité qui embrasse toutes les strates de son histoire. L’école devient le jardin où fleurissent les récits de tous, où chaque tradition trouve sa place, où l’imaginaire collectif est inclusif et de respectueux.

Ainsi, en célébrant ces héros au sein de l’imaginaire collectif algérien, l’école ne se contente pas de transmettre le savoir ; elle bâtit les fondations d’une identité nationale forte, unie, prête à embrasser son passé.

Enfin, le printemps est un appel à dépoussiérer l’histoire et les récits longtemps voilés par le temps. C’est un moment de révélation, où les réalités oubliées sur la conquête arabe en terre nord-africaine cherchent à briser le silence.

Ce n’est point une quête de reniement de la foi musulmane, mais plutôt un appel à redessiner les contours d’une histoire chargée, où les généraux arabes tels que Oqba ibn Nafi et Moussa ibn Noussair, se voient sous un jour différent.

Cette démarche aspire à détisser l’image souvent idéalisée des conquérants, pour révéler les entrelacs complexes, les contradictions et les jeux de pouvoir qui ont fabriqué la trame de cette épopée.

Dans cette quête historique, on découvre que la conquête et la propagation de l’islam ne furent pas un fleuve tranquille, mais un océan agité par des courants de négociations, d’alliances, mais aussi de conflits et de résistances.

Les motivations des conquérants, empreintes de désirs religieux, économiques et politiques, se mêlent aux histoires des peuples rencontrés, en particulier des Berbères, avec qui les interactions furent à la fois complexes et riches.

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Cet appel, une ode au printemps berbère, invite à embrasser l’histoire dans toute sa complexité, à la regarder en face, pour lui insuffler un nouveau souffle, un nouveau sens. C’est une invitation à voyager à travers le temps, pour redécouvrir la richesse et la diversité des expériences historiques qui ont façonné cette région du monde, loin des simplifications et des idéalisations.

Pour conclure, l’Algérie se dresse, fière et majestueuse, terre de contrastes et de diversité, où les dunes du Sahara embrassent le bleu profond de la Méditerranée et les montagnes kabyles. Cette nation, riche d’une histoire millénaire, est le creuset où se mêlent et se fondent les héritages berbère, arabe et musulman, brodant ainsi une trame identitaire complexe et nuancée.

L’Algérie n’est point une symphonie monocorde, mais une polyphonie riche dont chaque note, qu’elle soit berbère, arabe ou musulmane, contribue à la beauté et à l’harmonie de l’ensemble.

Depuis l’aube de son indépendance, l’Algérie a cherché à définir son identité, hélas, marquée par une vision étroite, privilégiant une arabité monolithique au détriment de la riche mosaïque berbère qui, depuis des millénaires, colore le sol algérien de ses traditions, de sa langue et de sa culture.

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Ahmed Ben Bella et Houari Boumediene, ont  relégué la  berbérité dans l’ombre, comme si reconnaître sa lumière pouvait éteindre celle de l’arabité ou de l’islamité. Une telle conception a ombragé l’horizon de l’Algérie, fragilisant son tissu social et culturel, et laissant un vide où la compréhension mutuelle et la cohésion auraient dû éclore.

Pourtant, l’histoire de l’Algérie est une preuve vivante que la diversité est une force, non une faiblesse. Pensons un peu au rôle exceptionnel joué par la Kabylie et les kabyles dans l’émergence de la conscience nationale algérienne et dans la lutte de libération de 1954. La beauté de l’Algérie réside dans cette capacité unique à être à la fois berbère, arabe et musulmane, sans que l’une de ces identités n’efface ou ne diminue l’autre.

La loi du 23 janvier 2008, sur l’éducation, bien qu’un pas vers la reconnaissance de cette multiplicité, semble encore marcher sur un chemin hésitant, ne saisissant pas pleinement l’essence d’une harmonie où chaque composante de l’identité algérienne pourrait briller de mille feux.

L’avenir de l’Algérie est dans la valorisation de toutes ses identités

L’avenir de l’Algérie, pour qu’il soit serein et prometteur, doit se construire sur la reconnaissance et la valorisation active de toutes ses identités. Une symphonie où les notes berbères, arabes et musulmanes s’entrelacent en une mélodie harmonieuse, reflétant la richesse et la complexité de son peuple.

C’est dans cette interconnexion, dans cette célébration de chaque fil qui invente le tissu national, que réside la véritable essence de l’Algérie. Une nation où la berbérité n’est pas une note finale, mais un accord essentiel dans la grande partition de son identité.

Que l’Algérie embrasse pleinement cette diversité est le chemin le plus noble vers une nation unie, forte de ses multiples identités, et rayonnante sur la scène mondiale. Dans cette quête d’une harmonie parfaite, l’Algérie trouvera non seulement la solidité culturelle et la paix intérieure, mais aussi le respect et l’admiration de la communauté internationale.

Omar Hamourit

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