lundi, 20 mai 2024
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Il y a 37 ans, Ali André Mécili était assassiné à Paris

Le 7 avril 1987, le 7 avril 2024. Cela fait trente-sept ans depuis que Ali André Mécili, figure emblématique de l’opposition algérienne en exil, tombait sous les balles assassines d’un tueur à gage, engagé par les services algériens sur instruction des plus hautes autorités de l’Etat.

Comme chaque année, hier à 14h30, des dizaines de militantes et de militants, entourant son épouse Annie, sa fille Léa et son fils Yelhan, se sont retrouvé au cimetière du Père-Lachaise dans une cérémonie d’hommage à Ali André Mécili, empreinte d’une grande émotion et d’une profonde dignité, dans une atmosphère remplie d’un sentiment de colère silencieuse.

Et pour cause : André Ali Mécili ! Rien que l’évocation de son nom couvre d’opprobre l’histoire politique de notre pays. Son assassinat avait provoqué une onde de choc dont les conséquences ont profondément et durablement marqué la conscience des Algériennes et des Algériens.

Ce crime, à la différence des assassinats des concurrents dans la lutte pour le pouvoir à l’image de Abane Ramdane et de Krim Belkacem, infamies habituelles dans la gestion des conflits politiques par les systèmes totalitaires, a été vécu par les militants comme une oblitération de tout horizon de libération du peuple algérien du joug de la dictature.

André Ali Mécili, un homme de projet

Car Ali André Mécili n’était pas un concurrent ayant des prétentions de prise de pouvoir. Il était un homme politique porteur d’une vision post-dictature. Il incarnait la perspective d’une mutation sociétale portée par la jeunesse à même d’inscrire le pays sur la trajectoire de la modernité politique.

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Mécili n’était pas un homme de pouvoir, il était un homme de projet. Son assassinat a constitué le point culminant de la folie totalitaire qui a plongé le pays dans le nihilisme permanent que nous vivons trente-sept ans après.

Il faut du temps, beaucoup de temps pour que les nouvelles générations trouveront les ressorts pour surmonter le traumatisme causé par l’ignoble assassinat de ce brillant patriote, par un régime qui a et qui continue de s’approprier par la violence le combat libérateur des Algériennes et des Algériens et dépasser le nihilisme dévastateur qu’il a engendré.

L’assassinat d’Ali André Mécili s’inscrit dans l’histoire de l’Algérie comme la fracturation du projet de construction d’une Algérie démocratique et moderne, il constitua un coup d’arrêt tragique aux ambitions démocratiques des authentiques enfants de Novembre. Cet acte, expression de l’ignominie faite trahison, a mis un point final au récit national mis en perspective par le projet soumamien.

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Une deuxième affaire Dreyfus pour la France

Et pour la France, l’assassinat de Mécili est et restera une deuxième affaire Dreyfus. Pour avoir scandaleusement couvert, pour des raisons bassement économiques honteusement appelées raisons d’Etat, un attentat contre l’éthique de l’État de droit et de la justice, ce crime indélébile hantera les consciences des citoyens français jusqu’à ce qu’ils obtiennent la réhabilitation des valeurs qui fondent leur nation.

Jamais un crime politique n’a pesé autant sur la conscience des hommes et des femmes des deux pays, jamais un crime politique n’a autant porté atteinte à l’universalité des luttes des peuples pour la démocratie.

Aussi, l’exigence du passage de la justice et l’émergence de la vérité est d’abord un impératif pour apaiser la souffrance de sa femme et ses enfants, qui durera aussi longtemps que persistera le voile sombre qui enveloppe la vérité.

Ensuite l’exigence du passage de la justice posera les jalons du processus réparateur pour le peuple algérien dans sa quête d’un Etat de droit fondé sur les principes démocratiques et respectueux des libertés et droits de la personne humaine.

Enfin, l’exigence de vérité et de justice replacera la lutte pour les valeurs de modernité, de démocratie et d’humanisme portées par Mécili au cœur de l’œuvre libératrice entamée par le peuple algérien le premier Novembre 54.

Nacer Haddad

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