Le Parlement espagnol a donné son aval pour examiner une Initiative législative populaire (ILP) qui demande la régularisation de près de 500 000 étrangers vivant en Espagne sans papiers.
Les promoteurs de l’ILP réclament la régularisation extraordinaire des sans-papiers arrivés en Espagne avant 2021.
Ils estiment que près de 500 000 personnes, d’origine latino-américaine en grande partie, pourraient en bénéficier et « sortir de l’invisibilité et du non-droit », en obtenant l’accès au logement, à la santé ou à l’éducation.
Cette Initiative législative populaire (ILP), pour la régularisation des sans-papiers vivant en Espagne, a recueilli 600 000 signatures avant d’atterrir au Sénat.
Elle a eu aussi le soutien d’un très large éventail d’ONG et d’associations d’aide aux migrants, dont l’organisation catholique Caritas, et la conférence des évêques espagnols, habituellement très réticente à s’exposer aux débats publics.
Un élan de solidarité de la société civile a permis de surmonter les réticences des partis politiques vis-à-vis des étrangers et surtout à faire dégager un consensus au Sénat. Les représentants de tous les partis ont en effet approuvé l’examen de ce texte, à l’exception notable de Vox de l’extrême droite.
En revanche, il reste à savoir comment faire cadrer ce texte avec la législation de l’Union européenne de plus en plus restrictive en matière d’immigration.
Mais d’ici là, le texte de loi doit être d’abord examiné et ensuite adopté et le chemin reste lent et tortueux.
L’examen de ce texte « va nous permettre au moins d’ouvrir un débat adulte sur l’adéquation de l’actuel modèle migratoire », a déclaré au journal Les Echos le chercheur et activiste Gonzalo Franjul, spécialiste des questions de pauvreté et de développement.
« La régularisation sera une bonne affaire pour le fisc espagnol », a-t-il ajouté, en soulignant qu’elle permettrait de faire émerger une bonne part de l’économie informelle.
Il faut rappeler que l’Espagne a mené en une quarantaine d’années neuf campagnes de régularisation massive de sans-papiers.
En 2005, plus de 600 000 personnes ont vu leurs papiers régularisés à la faveur de la croissance du secteur du BTP en forte demande de main-d’œuvre.
Aujourd’hui, c’est surtout le secteur de l’hôtellerie qui a grandement besoin de bras. « En Espagne, il y a beaucoup de postes vacants. Il n’y a aucun problème à ce que les gens viennent ici pour travailler. Nous avons toujours été ouverts à ce que l’Espagne soit un pays d’accueil, comme d’autres pays l’ont été pour les Espagnols, en d’autres temps», a déclaré le président de la confédération patronale espagnole, Antonio Garamendi, favorable à l’Initiative législative populaire.
La semaine dernière, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, avait annoncé que l’Espagne prévoit de supprimer la résidence espagnole pour les investisseurs immobiliers.
Selon le modèle en vigueur en Espagne, les investisseurs qui achètent des biens immobiliers pour au moins 500 000 euros (soit 541 000 dollars) peuvent obtenir la résidence espagnole.
Samira B. B.