Pour son 261e rendez-vous, le café littéraire parisien L’Impondérable a vibré au rythme des mots et des notes ce dimanche 19 janvier 2024, en accueillant deux chefs-d’œuvre poétiques signés Brahim Saci : La Raison Déchue et Le Manteau de la Nuit, respectivement 17e et 18e recueils de poésie publiés aux Éditions du Net.
L’événement, animé par l’incontournable écrivain et journaliste Youcef Zirem au café L’Impondérable, a attiré un public d’horizons variés, venu découvrir ou redécouvrir Brahim Saci, l’un des auteurs les plus prolifiques de la scène littéraire actuelle.
Le ton a été donné par une présentation captivante de Youcef Zirem, qui a su mettre l’eau à la bouche des participants en éveillant leur curiosité et leur enthousiasme. Brahim Saci, porté par son charisme naturel et son éloquence singulière, a ensuite conquis l’assistance par un discours mêlant profondeur et poésie, tout en souhaitant un chaleureux Assegas Ameggaz à tous. Sa maîtrise des échanges et sa bienveillance ont marqué les esprits, alors qu’il répondait avec soin aux nombreuses questions d’un public conquis.
Lors de cet échange marqué par respect et partage, Brahim Saci a souligné l’importance de vivre pleinement l’instant présent. À travers ses poèmes, il rend un vibrant hommage aux musiciens et artistes du Chaâbi, étant lui-même chanteur et compositeur. Il a présenté les arts comme un refuge face à la déshumanisation croissante du monde, tout en dénonçant avec force les injustices et l’ordre établi :
« Mi-êtres mi-animaux,
Ces fardeaux,
Ces créatures viles,
Qui nous poussent vers l’exil. »
Brahim Saci considère la musique et la poésie comme indissociables, deux ruisseaux alimentant un même fleuve, que Youcef Zirem a nommé « le fleuve poétique ». L’artiste a également évoqué l’inspiration comme un « miracle », affirmant : « Heureux ceux qui goûtent à ce miracle. » Il puise dans son vécu pour nourrir son écriture, invitant chacun à cultiver son esprit et à s’ouvrir aux arts.
Avec une émotion manifeste, Brahim Saci a rendu hommage au légendaire Slimane Azem, qu’il considère comme son père spirituel en musique. Il a toutefois exprimé une profonde amertume face aux obstacles rencontrés il y a 30 ans, qu’il attribue aux agissements des ennemis de son idole. « Slimane Azem était un visionnaire incompris et jalousé. Ses ennemis m’ont empêché de réaliser la carrière qui m’était destinée », conclut-il.
Après avoir remercié l’assistance, les passionnés de poésie se sont précipités pour obtenir un exemplaire dédicacé des recueils de l’auteur, qui s’est prêté à cet exercice avec patience et générosité. Puis, pour célébrer Yennayer, un succulent couscous traditionnel, Amekful, a été offert par les hôtes du café littéraire, ravissant les papilles des convives.
Comme à l’accoutumée, la fête s’est poursuivie en musique. Azzedine Lateb et son complice de toujours, Amdan, ont interprété des chansons intemporelles de Matoub et d’El Hasnaoui, tandis que Brahim Saci a enchanté l’audience avec des chefs-d’œuvre de Slimane Azem. Deux autres artistes talentueux, Kamel Mezani et Ahmed Amzal, ont illuminé la scène avec leurs interprétations exaltantes, clôturant la soirée dans une atmosphère de fraternité et de joie partagée.
Une fois encore, la magie des mots, des notes et des traditions a su réunir les cœurs et offrir aux présents une soirée mémorable.
Hamid Banoune