Quelque 200 personnes ont manifesté à Lille vendredi 16 février, pour protester contre la décision de la préfecture de mettre fin aux subventions publiques du lycée Averroès.
Des syndicats d’enseignants ont joint leurs voix aux manifestants, en soutien au Lycée Averroès de Lille, principal établissement secondaire musulman de France.
« Nous sommes un lycée républicain », pouvait-on lire sur une grande banderole tenue par les manifestants. « On en a marre d’être diffamés, justice pour le lycée », ont-ils aussi scandé.
Le tribunal administratif de Lille a confirmé lundi en référé la décision du préfet du Nord de mettre fin à compter de la rentrée de 2024 au contrat liant l’Etat à Averroès, qu’il accuse d’avoir dispensé des enseignements « contraires aux valeurs de la République ».
« Deux poids, deux mesures »
L’établissement a indiqué qu’il saisirait le Conseil d’Etat à ce sujet.
« Averroès est une école brillante, les enfants y sont épanouis (…), nous sommes très tristes », a témoigné parmi les manifestants une mère de deux enfants scolarisés dans l’école, Souria Laoufi.
Sarah, 21 ans, ancienne élève de l’école désormais en 3e année de médecine, est venue apporter son « soutien » à ses professeurs qui lui ont « beaucoup donné ».
« C’est une injustice criante, flagrante, je ne comprends pas », a déploré Sophie Mouhallil, professeure d’espagnol dans ce lycée depuis 2007. « C’est la première fois de ma vie que je prononce le mot islamophobie », mais « je ne vois pas d’autres explications ».
Les enseignants « sont très affectés par la décision du tribunal administratif », a rapporté Eric Dufour, directeur du groupe scolaire Averroès.
Il a aussi annoncé le lancement d’une campagne d’appel aux dons.
« On espère toujours récupérer le contrat d’Averroès avant la rentrée prochaine », mais « cette campagne doit nous permettre de poursuivre sereinement », a-t-il indiqué.
« Quand on compare au traitement des autres établissements sous contrat, par exemple Stanislas, on se rend compte qu’il y a deux poids, deux mesures, pour nous ça relève d’une certaine islamophobie », a affirmé Stéphane Enjalran, de Sud Éducation.
Le prestigieux lycée catholique parisien Stanislas a été épinglé dans un rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale pour « des dérives dans l’application » de son contrat avec l’Etat, comme l’obligation de suivre des cours de catéchisme.