Le Québec a annoncé, le 5 décembre 2025, le lancement d’un nouveau programme d’immigration permanente, baptisé Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ). Ce dispositif vient remplacer le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), supprimé quelques semaines plus tôt, et marque une étape importante dans la stratégie provinciale de gestion de l’immigration.
Ce nouveau programme traduit une volonté politique de mieux encadrer l’immigration économique et de cibler les profils jugés essentiels au développement du Québec. Il s’inscrit dans une logique de régionalisation et de sélection plus fine, rompant avec la voie rapide qu’offrait le PEQ.
Une première vague de 1 870 invitations
Dès son entrée en vigueur, le PSTQ a permis l’envoi de 1 870 invitations à des candidats ayant rempli une déclaration d’intérêt. Parmi eux :
- 657 personnes résidant hors de Montréal, notamment dans des régions ciblées pour la « régionalisation » de l’immigration
- 800 travailleurs issus de secteurs prioritaires (santé, éducation, petite enfance, construction, génie)
- 402 diplômés du Québec, dont certains comptabilisés dans plusieurs catégories
- Une douzaine de profils qualifiés de « talents d’exception »
Le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a salué, dans les colonnes de La Presse, cette première vague comme « la plus vaste opération de régionalisation » de l’immigration jamais menée.
« Le PEQ était plus facile […]. C’est une porte qui se ferme, mais une [autre] porte s’ouvre », affirme le ministre. Il a comparé le PEQ à une route barrée : « Non seulement il y a un détour à côté, mais une autoroute qui va plus vite. »
Objectifs chiffrés et calendrier
Le gouvernement prévoit d’envoyer de nouvelles invitations chaque mois à partir de 2026, afin de mieux réagir aux besoins du marché et aux ajustements fédéraux sur l’immigration temporaire.
Les cibles annoncées :
- 65 000 immigrants permanents attendus en 2025
- 45 000 par an pour les deux années suivantes
- 29 000 sélectionnés via le PSTQ dès 2026
Une réforme contestée
L’abolition du PEQ, qui offrait une voie rapide vers la résidence permanente, a suscité de vives critiques. Québec solidaire et le Parti libéral du Québec dénoncent un programme trop restrictif et réclament une clause de droits acquis pour les immigrants déjà installés.
Des manifestations ont eu lieu, et plusieurs candidats craignent de devoir quitter le territoire. Le ministre nuance : « Ce sont davantage des craintes que des décisions. Ils n’ont pas reçu de refus. » Il les invite à postuler via le PSTQ, les qualifiant de « candidats excellents », en particulier s’ils vivent en région.
Traitement des anciens dossiers
Le ministre a également assuré que les 220 dossiers déposés via le PEQ avant sa suspension en octobre 2024 seront traités intégralement. Il insiste sur la continuité administrative : « Le changement du PEQ vers le PSTQ ne les affecte aucunement. »
Samira B. B.
