mercredi, 14 mai 2025
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Hommage : Hadj Lounis Hamitouche, ou l’art d’humaniser la réussite

Hadj Lounis Hamitouche, fondateur de la Laiterie Soummam, s’est éteint. Il a été inhumé ce jeudi 24 avril dans son village natal de Chellata, à Akbou, en présence de milliers de personnes venues des quatre coins du pays lui rendre un dernier hommage.

Hadj Lounis Hamitouche laisse derrière lui bien plus que des lignes de production et des chiffres d’exportation : il laisse une empreinte, celle d’un homme qui n’a jamais oublié d’où il venait, ni ce que signifie véritablement réussir sa vie.

L’Algérie vient de perdre l’un de ses meilleurs enfants, un homme. Pas un simple entrepreneur, ni seulement un bâtisseur d’usines ou de fortunes. Elle a perdu un repère.

Né dans la simplicité d’un village modeste, Hadj Lounis, enfant de la vallée de la Soummam, aurait pu, une fois les sommets atteints, oublier les vallées. Mais il possédait cette noblesse rare : celle de faire de sa réussite un levier pour les autres. Il avait compris, mieux que beaucoup, que la richesse matérielle n’a de sens que lorsqu’elle s’unit à la richesse du cœur. Acheter des logements pour les sans-abri, équiper des hôpitaux et offrir son aide lorsque d’autres choisissent l’indifférence : voilà l’essence même de son engagement.

Dans cette terre nord-africaine qui a vu naître tant de penseurs, de bâtisseurs et de résistants, Hadj Lounis marchait dans les pas de ceux qui ont toujours mis l’humain au cœur de tout. Car quand l’indifférence glace les âmes, quand l’égoïsme étouffe les élans, quand la misère s’installe dans le silence, quand les cœurs se ferment à la détresse des autres… c’est comme si l’on construisait, pierre après pierre, le mur de l’oubli. Et pourtant, il suffit parfois d’un homme, d’un seul, pour ouvrir une brèche. Il suffit d’un cœur qui sait donner, d’une main tendue sans calcul, pour faire jaillir dans le ciel des hommes et dans la mémoire des peuples une lumière qui ne s’éteindra pas.

Par ses actes, Hadj Lounis fut ce cœur généreux. Ce feu doux et fort qui éclaire sans brûler. Il a prouvé qu’on pouvait bâtir une entreprise sans renier ses racines, ni piétiner ses valeurs. Il a su faire du succès un instrument de dignité, non de domination.

Et si le village, le douar, la terre entière redevenaient ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être ? Un espace de solidarité. Une terre de partage. Une fraternité vivante, en actes, et non en slogans. L’argent, en soi, n’est pas un problème ; c’est ce que l’on en fait qui peut le devenir.

Car lorsque la réussite isole au lieu de relier, lorsqu’elle érige des murs au lieu d’ouvrir des chemins, elle appauvrit l’humain. Mais lorsqu’elle élève les autres avec soi, elle grandit l’âme. Elle répare ce que le monde a de blessé.

Il est peut-être temps de réapprendre à vivre ensemble. À replacer l’humain au centre. À faire de la bonté une valeur, de la générosité un devoir, de l’écoute un réflexe. Le véritable sens de la vie ne se mesure pas à la hauteur des tours qu’on érige, mais à la profondeur des liens qu’on tisse.

Hadj Lounis Hamitouche, paix à son âme, par sa trajectoire, nous rappelle que l’humanisme n’est pas une idée lointaine ou abstraite. C’est une reconquête, un chemin que chacun peut emprunter. Reprenons-le. Ensemble.

Repose en paix Hadj Lounis Hamitouche !

Hamid Banoune

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