mercredi, 14 mai 2025
DiasporadzEntretienAngélique Leroy : « Marianne Joconde est mon pseudonyme »

Angélique Leroy : « Marianne Joconde est mon pseudonyme »

Dans cet entretien, Angélique Leroy, alias Marianne Joconde, revient sur les inspirations qui nourrissent son art, les choix qui définissent son parcours et les projets qui continuent de guider sa quête artistique et personnelle. Une conversation authentique où s’entrelacent engagement littéraire et exploration de soi.

Marianne Joconde, pseudonyme d’Angélique Leroy, est une poétesse et autrice contemporaine dont l’œuvre interpelle par sa profondeur et son audace. À travers ses textes, elle explore des thématiques essentielles telles que l’identité, l’émancipation féminine et la quête de liberté, tout en revendiquant une créativité sans limites.

Avec son style singulier, mêlant poésie et théâtre, elle façonne une écriture intimiste et universelle qui transforme chaque mot en une réflexion poignante sur la condition humaine.

Entretien réalisé par Brahim Saci

Diasporadz : Quelles ont été vos principales inspirations pour choisir le pseudonyme Marianne Joconde, et que représente-t-il pour vous ?

Angélique Leroy : J’ai choisi ce nom de plume comme un profil de Human Design. C’est mon allégorie poétique pour mission de vie. Je suis une femme multiple avec plusieurs cordes à mon arc. Je me suis reconvertie en qualité de Art Thérapeute.

J’ai deux traits de caractère très fort : mon combat contre les injustices, femme de loi militante. J’ai été déléguée du personnel et conseillère prud’hommes, présidente d’association de théâtre, parent d’élève élue, très impliquée dans de nombreuses associations culturelles ou de défense de l’environnement depuis mon plus jeune âge.  C’est mon côté Marianne. Celle qui pense au changement et apporte des solutions aux dysfonctionnements.

Puis j’ai un attrait très fort pour l’Art, à l’esthétisme. Je réclame l’accès à la culture pour tous. J’ai un regard optimiste sur ce qu’il est possible de mettre en place, en toute humanité avec le visage de La Joconde, au sourire éternel et intemporel. J’assume mes responsabilités avec mon monde intérieur, mon univers. J’ai une âme animiste, qui accorde de l’importance à tout avec émerveillement. Je suis très bisounours : objets de voyages, tableaux comme trésor de chacun de mes souvenirs. J’aime voyager dans les cultures.

Incarner deux femmes en une, c’est une façon de me réunifier. Je puise ma force et mon énergie dans chacune d’elles. Elles m’inspirent comme je respire. Elles sont subtiles et à la fois si emblématiques.

Je souhaite laisser ma trace dans ce monde, MJ comme les initiales de Michael Jackson, c’est ma façon de lui rendre hommage. Il représente pour moi le génie artistique et également un sujet de société sur de nombreuses discriminations.

Diasporadz : Comment votre parcours personnel a-t-il influencé votre écriture et les thèmes que vous explorez dans vos œuvres ?

Angélique Leroy : J’ai eu de nombreux troubles de l’apprentissage (multidys : dyslexie, dysphasie, dysgraphie, dysorthographie, dyscalculie, troubles dysecécutif). J’ai été suivie par le CMPP, avec une orthophoniste, en primaire. J’ai eu également de nombreux problèmes de santé. Je multipliais les crises d’asthmes asthmatiforme. Pourtant, mon parcours à l’école n’a pas été catastrophique même si j’ai subi de nombreuses humiliations par les enseignants et du harcèlement scolaire sur plusieurs aspects de ma personne (discriminations multiples). J’ai vécu à la Grande Borne à Grigny dans l’Essonne, l’un des quartiers les plus pauvres de France. Je suis née le 2 juillet 1985 à Evry Courcouronnes. Mon enfance, n’a donc pas été simple pour construire mon identité.

Étant très curieuse de nature, j’étais quand même dans le carré de tête. Cela peut paraître paradoxal, mais aujourd’hui cela s’explique aussi grâce à des tests car je suis également haut potentiel, Ultrasensible, TDAH, et peut-être même avec quelques traits autistiques, ce qui m’a permis de surcompenser mes énormes difficultés de départ. Je peux remercier mes deux fils Gabriel 16 ans et Thomas 12 ans, d’avoir été mes éclaireurs pour une meilleure connaissance de moi-même.

J’ai beaucoup écrit dans mon enfance, sans jamais terminer. J’écrivais des journaux intimes, je faisais de nombreuses collections dans des boîtes ou des classeurs. J’adorais faire de la photo. J’aurai tant de choses à vous raconter. Ce qui est sûr, c’est que j’ai toujours eu une imagination débordante. J’ai pratiqué le théâtre depuis la classe de CE1 et depuis cela ne m’a plus quitté. Cela m’a beaucoup aidé, d’une certaine façon, à faire de la remédiation cognitive. Vous imaginez bien que mon métier d’Art Thérapeute prend tout son sens quand on est passé par tous ces obstacles.

Je me suis mise réellement à aller au bout de l’écriture en juin 2020, en écrivant de la poésie slam théâtre. Mais écrire ne me suffisait pas. J’ai eu besoin de dire à haute voix ce que l’on a voulu taire. Et j’ai accompagné mes textes spontanément à des musiques que j’aime en karaoké. Tout ça en un seul jet. J’ai découvert que j’étais très prolixe et que la musique me donnait encore plus davantage l’envie d’écrire. Aujourd’hui, je sais pourquoi je ne pouvais pas me contenter seulement d’écrire. Car chez les DYS, la lecture silencieuse est fastidieuse.

Quand on lit à voix haute, on comprend mieux. Je me suis aussi aperçue que j’utilisais le langage des oiseaux sans savoir que cela s’appelait ainsi. Mais en réalité, ce sont mes souvenirs d’apprentissage, syllabe par syllabe, pour apprendre à parler, à articuler. Mon style d’écriture était né. Mettre au jour un schéma de pensée neuroatypique complexe avec son propre langage en slam théâtre.

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Diasporadz : Dans votre ouvrage La Marianne Joconde, vous abordez des questions liées à l’identité et à l’émancipation féminine. Pourquoi ces thèmes vous tiennent-ils particulièrement à cœur ?

Angélique Leroy : Être une femme dans une cité, cela a été très dure. Entre les rodéos urbains, les pitbulls, les gangs de jeunes devant les halls, j’ai dû apprendre à raser les murs. Beaucoup d’insultes ont fusé sans compter les sifflements pour vous interpeller. Et si vous ne répondiez pas, c’était pire. Et les mauvaises rumeurs ont circulé facilement quand vous ne vous laissiez pas faire, quand vous teniez tête. Et puis, il n’y avait pas non plus la liberté de s’habiller comme on voulait, ni d’aimer ce que l’on veut. C’était aussi la mode de porter des marques, comme signe d’appartenance.

Tout était sujet à moquerie, comme une bête de foire. A la cité, j’étais laide, à la campagne, j’étais toute mignonne. Imaginez les conséquences sur l’estime de soi et la confiance en soi. J’étais grande en plus et à l’adolescence, j’ai été gâtée par l’acné. Tout cela m’a servie pour construire ma résilience, pour dire que chacun a le droit au respect. Et c’est vrai qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour la tranquillité des femmes. Les femmes ne connaissent pas leur corps et les hommes ne les connaissent pas réellement non plus. Toute une éducation là-dessus est à revoir pour éviter les dérives. Je ne parle pas des inégalités salariales ni des disparités éducatives. Une femme haut potentiel avec beaucoup d’énergie (TDAH), c’est un zèbre dissimulé dans la savane.

Diasporadz : Votre style mêle poésie et théâtre. Comment cette fusion enrichit-elle votre processus créatif et votre manière de transmettre vos messages ?

Angélique Leroy : Étant ultrasensible, j’apporte de l’importance à chaque souffle de vie. Je n’hésite pas à inclure des onomatopées, à jouer sur les néologismes ni à rendre un nom pour un verbe.

Le théâtre permet le caméléonisme, c’est ce que je fais non seulement dans mon écriture métaphorique, dans la façon de prononcer mes textes pour donner de nouvelles dimensions aux mots et aux différents symboles. Qui sait réellement ce qui se passe dans un cerveau neuroatypique effervescent ? Ce qui est sûr, c’est qu’il est authentique, il ne triche pas. Vous trouverez aussi bien ses qualités que ses faiblesses. Donner un ton, un rythme, une mise en scène mix média à son écriture, c’est lui donner plusieurs façons d’exister.

Le théâtre, ce n’est pas que pour les bourges comme j’ai pu entendre. Et dans la cité, il n’y a pas que le Rap. Aussi, il est temps de créer un nouveau courant qui mette tout le monde d’accord dans la transdisciplinarité.

Diasporadz : En tant qu’autodidacte, comment percevez-vous la liberté dans la création artistique, et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent suivre une voie similaire ?

Angélique Leroy : La liberté se prend et c’est ce que je fais. Il ne faut pas avoir peur de surprendre. Il faut aller à fond dans ce qui nous fait plaisir. Je crois beaucoup à la spontanéité, à l’état brut imparfait de la création. J’aime ce qui est juste, sans calcul. Le lâcher prise est la meilleure façon d’innover.

La création artistique ne doit pas s’arrêter à un domaine, elle est plurielle. Il faut savoir expérimenter même avec ce qui est improbable.

Diasporadz : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Angélique Leroy : Je vais reprendre mes études à l’université d’Evry en septembre 2025 avec mon mari Ali Belkahla pour une licence Art et Spectacle spécialité théâtre. Je souhaite certifier mon parcours d’Art Thérapeute avec un diplôme universitaire mais aussi proposer dans le futur un nouveau concept en Art Thérapie, hors les murs. Aussi, si je peux aider les neuroatypiques comme moi à mieux se comprendre et trouver leur voie, cela sera encore plus merveilleux.

Je vais suivre une formation Yoga du rire en juin 2025 avec Carole Fortuna. Je pourrai par la suite donner des ateliers car notre société a besoin de rire plus que jamais. Étant un clown contrarié, aujourd’hui, j’aime afficher cette facette de moi.

Je souhaite continuer à écrire des livres. Je vais poursuivre mes cours de français pour me permettre d’aller au bout de mes idées qui fusent en permanence.

Je serai à la librairie du Tiers Mythe le 17 mai 2025, évènement crée par Nadia Agsous.

Diasporadz : Un dernier mot peut-être ?

Angélique Leroy : Ne laissez personne choisir votre voie à votre place, croyez en vos projets. N’ayez pas peur de défendre vos droits !

Auditionnez-vous ! Une audiométrie peut sauver une vie !

Votre santé mentale et physique vaut plus que tout l’or du monde !

Cultivez-vous un maximum, allez dans les musées, écoutez des conférences, allez au théâtre, au cinéma, créez votre bibliothèque ludothèque avec vos pépites !

Gardez le sourire en toutes circonstances pour surmonter les épreuves !L’amour n’a pas de frontières !

L’Art Thérapie, c’est le métier de demain !

Entretien réalisé par Brahim Saci

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