Dans une contribution publiée dimanche 7 décembre dans le quotidien londonien Al-Quds al-Arabi, le sociologue Nacer Djabi dénonce le blocage de la soutenance de thèse de Samir Larabi à l’université de Béjaïa, qu’il qualifie d’« atteinte flagrante aux libertés académiques ».
« Je sais que la situation de l’université algérienne n’est pas au mieux. Mais voir les libertés académiques les plus élémentaires bafouées, c’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé en Algérie en 2025 », écrit Nacer Djabi à propos du blocage de la soutenance de thèse de Samir Larabi.
Sous la pression du rectorat, Samir Larabi aurait même « renoncé à ses droits en tant que chercheur et a apporté des modifications au contenu de sa thèse », mais malgré cela, la soutenance a été rejetée, cette fois au motif de la « sensibilité du sujet » et de son incompatibilité supposée avec l’article 9 de la Constitution, s’exclame Nacer Djabi.
Pour le sociologue Nacer Djabi, ces atteintes aux libertés académiques peuvent alimenter des courants comme le MAK qui les exploite et les attise. « C’est comme si on voulait pousser ce chercheur distingué par ses positions courageuses vers ce courant qui n’a pas de base sociale dans cette région de Kabylie », s’indigne M. Djabi.
Pourtant, le sociologue prometteur Samir Larabi est connu pour être un fervent opposant aux idées séparatistes du MAK, « en défendant des positions rationnelles claires qui affirment l’identité nationale unifiée des Algériens, dans nombre de ses écrits universitaires et sur les réseaux sociaux ».
« La bureaucratie a pris le pas sur la pédagogie et la science » dans l’administration de l’université, analyse Nacer Djabi qui en veut pour preuve « le blocage de la discussion de cette thèse de doctorat en sociologie qui aurait pu apporter un éclairage nouveau sur le mouvement culturel amazigh en tant que manifestation du mouvement social en Algérie ».
La décision d’accepter ou rejeter une thèse « devrait rester du ressort exclusif du corps enseignant spécialisé et des structures pédagogiques habilitées par la loi et la coutume à émettre un avis scientifique », tranche-t-il.
Plus loin, Djabi décrit une université « transformée en foyer de corruption sous l’influence des lobbies syndicaux étudiants », qui « exercent une pression pour nommer leurs partisans au sein du corps enseignant » et sont utilisées par le pouvoir « lors des élections politiques au profit des candidats de la majorité ».
Conséquence : une fuite des cerveaux. « L’université algérienne n’est plus en mesure de retenir ses talents, qui partent vers l’Europe ou l’Amérique, où leurs travaux sont valorisés », souligne Djabi. Le cas du blocage de la thèse de Larabi illustre, selon Nacer Djabi, « une atteinte grave aux libertés académiques et une université incapable de remplir sa mission fondamentale : produire du savoir et nourrir le débat scientifique ».
Enfin, pour Nacer Djabi, l’université algérienne est incapable « de suivre les évolutions scientifiques », comme l’a confirmé récemment la décision du ministère de tutelle de geler la participation aux rencontres internationales en sciences sociales.
Pour rappel, une pétition publique est lancée par des universitaires pour exiger « la levée du blocage de la soutenance de la thèse de Doctorat de Samir Larabi », inscrit au Département de sociologie de l’Université Abderahmane-Mira de Béjaïa.
La pétition est ouverte à tous et peut être signée en envoyant nom, prénom et profession à l’adresse suivante : doctoratpetition@gmail.com.
Synthèse Samira B. B.


