vendredi, 3 octobre 2025
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Mohamed Yacine Hassini : Les toiles de l’âme algérienne

Mohamed Yacine Hassini est un artiste peintre autodidacte né en 1979 à Alger, dont le parcours atypique s’est construit hors des sentiers institutionnels et des cadres rigides de l’académisme, il a forgé son identité artistique à travers une exploration personnelle et intuitive de la peinture.

Sans passer par les écoles des beaux-arts, l’artiste peintre Mohamed Yacine Hassini s’est nourri d’expériences de vie, de lectures, de rencontres et d’observations du quotidien, qui ont profondément influencé sa vision du monde et son expression picturale. Son œuvre est libre et sincère. Elle se distingue par une sensibilité brute, un geste instinctif et une palette souvent empreinte de contrastes forts, témoignant d’une quête de vérité et d’émotion. Cet engagement en marge des circuits classiques lui confère une voix singulière dans le paysage artistique algérien contemporain, où il s’affirme comme un créateur libre, porté par une démarche profondément personnelle.

Dès son plus jeune âge, il se découvre une affinité pour le dessin au crayon et la peinture de paysages, comme une échappatoire silencieuse à l’agitation du quotidien. L’enfant qu’il était trouvait dans les formes et les couleurs un langage intime, une manière de dire ce que les mots ne suffisaient pas à exprimer. Très tôt, ses cahiers d’école se remplissent de croquis, de silhouettes, d’esquisses de lieux qu’il rêve ou qu’il observe avec une attention presque méditative.

Adolescent, il franchit un cap en s’essayant à la peinture à l’huile, technique exigeante qu’il aborde avec une curiosité instinctive. Il suit des cours de dessin au lycée, affinant son trait, apprenant à dompter la lumière, à capter les nuances. Son talent se précise, mais il reste discret, presque secret, comme s’il craignait que l’art ne soit qu’un luxe dans un monde trop pragmatique. En 1997, il intègre brièvement l’École nationale des Beaux-Arts, une étape qui aurait pu marquer le début d’une carrière artistique classique. Pourtant, il choisit une autre voie : celle des sciences politiques et des relations internationales, et commence sa vie professionnelle comme concepteur web et graphiste avant d’atteindre le statut de cadre dans les ressources humaines.

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Mais l’appel de l’art ne l’a jamais quitté. Comme une marée souterraine, la peinture revient toujours, s’impose dans les interstices de sa vie professionnelle. Chaque toile devient un souffle, une respiration, un retour à soi. L’artiste peintre Mohamed Yacine Hassini ne peint pas pour exposer, il peint pour exister. Il travaille l’huile mais également l’acrylique pour explorer le potentiel illimité des échelles chromatiques et tonales. Son parcours est celui d’un homme partagé entre deux mondes, celui de la rigueur administrative et celui de la liberté créative. Et c’est précisément dans cette tension que naît la singularité de son œuvre : une peinture habitée, sincère, enracinée dans une quête identitaire et esthétique.

Son œuvre est une ode vibrante à l’Algérie, à ses paysages, ses monuments, ses traditions, mais aussi à son âme profonde, celle qui résiste au temps et s’exprime dans les détails du quotidien. Chaque toile de Mohamed Yacine Hassini est une fenêtre ouverte sur un fragment de mémoire collective, un hommage pictural à la richesse du patrimoine algérien. Il ne se contente pas de peindre des lieux : il les habite, les fait parler, leur redonne souffle et lumière. À travers une palette souvent réaliste, il explore les éléments naturels avec une intensité presque lyrique. La mer, omniprésente dans son œuvre, n’est jamais figée : elle est mouvement, tumulte, miroir des émotions. Les ports et les plages battus par les flots deviennent des métaphores de l’histoire, des points de passage entre le passé et le présent.

Son approche picturale évoque parfois l’impressionnisme de Monet, notamment dans le traitement de la lumière et des reflets, mais elle s’ancre davantage dans le réel, dans une volonté de transmission fidèle. Mohamed Yacine Hassini ne cherche pas à flouter les contours du monde, mais à les révéler avec tendresse et précision. Il peint la Casbah d’Alger avec une minutie affective, comme s’il voulait en préserver chaque pierre, chaque ombre, chaque murmure. Les mosquées emblématiques, les fontaines anciennes, les venelles étroites deviennent sous son pinceau des lieux de contemplation, des sanctuaires de mémoire. Le mausolée de Sidi Abderrahmane Ettaâlibi, par exemple, n’est pas seulement un monument : c’est un symbole, un repère spirituel et culturel que l’artiste magnifie avec respect.

Sa série sur la fantasia est sans doute l’une des plus emblématiques de son travail. Elle met en scène des cavaliers en costumes traditionnels, dans des postures fières et dynamiques, célébrant un art ancestral profondément enraciné dans la culture algérienne. Ces toiles ne sont pas de simples représentations folkloriques : elles sont des affirmations identitaires, des chants visuels à la gloire d’une tradition vivante. À travers elles, Mohamed Yacine Hassini rappelle que l’art peut être un vecteur de transmission, un moyen de faire dialoguer les générations, de réconcilier le passé avec le présent.

En somme, son œuvre est un acte d’amour envers l’Algérie, une déclaration silencieuse mais puissante, portée par les couleurs, les textures, les regards. Elle invite à voir autrement, à ressentir plus profondément, à se souvenir avec émotion.

L’impact de l’artiste peintre Mohamed Yacine Hassini réside dans sa capacité rare à faire dialoguer mémoire et modernité, patrimoine et émotion, sans jamais tomber dans la nostalgie figée ni dans l’esthétisme gratuit. Son art est un pont entre les générations, une passerelle visuelle qui relie les racines profondes de l’Algérie à ses aspirations contemporaines. Il ne cherche pas à révolutionner la peinture par des ruptures formelles ou des provocations esthétiques : son ambition est plus subtile, plus intime. Il veut transmettre, faire ressentir, inviter à voir autrement ce qui semble familier. Chaque toile devient ainsi un espace de résonance, où le spectateur est convié à redécouvrir son propre lien à la terre, à la culture, à l’histoire.

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Son exposition « Paysages d’Algérie », organisée dans le cadre prestigieux de Dar Abdeltif par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel, illustre parfaitement cette démarche. Ce lieu, chargé de mémoire et dédié à la création artistique, devient le théâtre d’un dialogue silencieux entre les œuvres et les visiteurs. Les tableaux exposés ne sont pas de simples représentations géographiques : ils sont des fragments d’identité, des éclats de vécu, des invitations à contempler ce qui nous constitue. Mohamed Yacine Hassini y déploie une vision amoureuse de son pays, une vision qui ne cherche pas à embellir artificiellement, mais à révéler la beauté intrinsèque des lieux et des instants. Il a notamment participé à l’exposition sur les soixante ans de la création picturale algérienne au Palais de la Culture.

Il ne limite pas sa présence à l’Algérie : ses œuvres ont également voyagé en Italie, en Turquie, en Argentine, au Brésil et en Corée du Sud, où elles ont été accueillies comme des témoignages universels de la culture algérienne. Cet ancrage local et cette ouverture internationale confirment la portée de son art, à la fois enraciné et accessible.

L’apport de Mohamed Yacine Hassini à la scène artistique algérienne se distingue par sa capacité à réconcilier l’art avec le quotidien, à rendre visible ce qui est souvent oublié ou banalisé. Dans un paysage culturel parfois dominé par les grandes figures académiques ou les courants contemporains internationaux, Mohamed Yacine Hassini propose une voie singulière : celle d’un art enraciné, accessible, profondément lié à la terre et à la mémoire. Son œuvre agit comme un miroir affectif dans lequel les Algériens peuvent se reconnaître, non pas dans une vision idéalisée ou folklorique, mais dans une représentation sincère de leur environnement, de leurs traditions, de leur histoire.

Son apport est aussi pédagogique : en peignant les lieux emblématiques, les scènes de vie, les coutumes, il participe à une forme de transmission culturelle. Ses tableaux deviennent des supports de mémoire, des outils de sensibilisation, des invitations à la contemplation. Il ne cherche pas à imposer une vision, mais à ouvrir un espace de dialogue entre l’image et le regard. En cela, il contribue à renforcer le sentiment d’appartenance, à valoriser le patrimoine immatériel, à encourager la reconnaissance des beautés locales souvent négligées.

Sur le plan artistique, l’artiste peintre Mohamed Yacine Hassini enrichit le registre pictural algérien par une approche réaliste teintée de poésie. Il démontre que l’art figuratif, loin d’être dépassé, peut encore émouvoir, interroger, rassembler. Son travail rappelle que la peinture n’est pas seulement un acte esthétique, mais aussi un acte de mémoire, de résistance douce, de célébration. En mettant en lumière les paysages et les traditions de son pays, il offre à l’Algérie une galerie intime, un musée du cœur, où chaque toile est une porte ouverte sur l’identité.

L’artiste affirme son engagement sincère à préserver la beauté de l’Algérie par l’image, non pas comme un simple témoin, mais comme un passeur de mémoire. Chaque toile qu’il compose est une tentative de sauvegarde, une manière de figer dans le pigment ce qui pourrait s’effacer dans le tumulte du présent. Il devient, en quelque sorte, un archiviste poétique, un gardien des formes et des couleurs, un veilleur silencieux qui capte les vibrations d’un lieu, d’un geste, d’un instant. Là où le temps menace d’éroder les souvenirs, Mohamed Yacine Hassini peint pour retenir, pour transmettre, pour honorer.

Son impact ne se mesure pas en termes de révolution stylistique, car il ne cherche ni à choquer ni à bousculer les codes. Il œuvre dans une autre dimension : celle de la résonance émotionnelle. Il touche, il émeut, il rappelle. Ses tableaux ne crient pas, ils murmurent. Ils invitent à la lenteur, à la contemplation, à une forme de présence attentive. Dans un monde saturé d’images éphémères, souvent consommées sans profondeur, Mohamed Yacine Hassini propose une peinture qui exige le regard lent, le regard habité. Il nous demande de prendre le temps, de nous arrêter, de ressentir.

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Sa peinture parle au cœur autant qu’à l’esprit. Elle ne cherche pas à séduire, mais à relier. Elle relie l’individu à sa terre, à son histoire, à ses racines. Elle relie le spectateur à une émotion enfouie, à une mémoire collective, à une beauté discrète mais essentielle. En cela, Mohamed Yacine Hassini ne peint pas seulement des paysages ou des scènes de vie : il peint des liens. Des liens entre les générations, entre les lieux et les êtres, entre le passé et le présent. Sa démarche est profondément humaniste, portée par une sensibilité qui fait de chaque toile un acte de reconnaissance et de gratitude.

Mohamed Yacine Hassini incarne une forme de résistance douce : celle de l’art qui raconte, qui unit, qui sublime sans jamais imposer. Dans un monde souvent pressé, bruyant, saturé d’images instantanées, son œuvre invite à ralentir, à écouter le silence des lieux, à ressentir la profondeur des racines. Il ne revendique pas l’avant-garde ni la rupture, mais la continuité, la fidélité à une terre, à une histoire, à une sensibilité. Sa peinture devient alors un acte de résistance contre l’oubli, contre l’uniformisation, contre la perte de repères. Elle est mémoire vivante, geste de transmission, offrande de beauté.

Son parcours, loin des sentiers balisés de l’art institutionnel, prouve que la passion peut survivre aux détours de la vie, qu’elle peut s’épanouir dans les marges, dans les interstices, dans les heures volées au quotidien. Mohamed Yacine Hassini montre que l’art n’a pas besoin d’un atelier prestigieux pour exister, mais d’un regard sincère, d’une main habitée, d’un cœur engagé. Il rappelle que l’artiste n’est pas toujours celui qui expose dans les grandes galeries, mais celui qui, dans la discrétion, façonne une œuvre fidèle à ses convictions, à ses émotions, à son peuple.

Son œuvre est une danse picturale entre mer et mémoire, entre pierre et poésie, entre passé et présent. Elle ondule comme les vagues qu’il peint, elle respire comme les venelles de la Casbah, elle chante comme les cavaliers de la fantasia. Elle est à la fois ancrée et aérienne, réaliste et rêveuse, intime et universelle. En peignant l’Algérie, Mohamed Yacine Hassini ne se contente pas de la représenter : il la célèbre, il la raconte, il la fait vibrer. Et dans cette vibration, chacun peut trouver un écho, une émotion, une part de soi.

Comme il se décrit lui-même, son art est un hommage aux visages, aux mains et aux lieux qui portent la mémoire de l’Algérie. Je cherche à saisir la lumière unique de nos médinas, la dignité dans le regard de nos anciens, et la poésie des gestes quotidiens. Chaque toile est une lettre d’amour à ma culture, un dialogue entre le passé et le présent, une invitation à ne jamais oublier la beauté de nos racines.

Brahim Saci

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