Espace(s), fruit d’une collaboration unique entre la photographe Marie Andreasz et l’écrivain Thierry-Hugues Lemaître, est bien plus qu’un simple livre d’art.
Publié aux Éditions Mains-Soleil, l’ouvrage de Marie Andreasz et Thierry-Hugues Lemaître propose une immersion sensible et poétique dans la notion d’espace, à travers un dialogue subtil entre image et texte.
La préface, écrite par Philippe André, constitue une introduction essentielle à Espace(s). Psychiatre, écrivain et critique d’art, il met en lumière la démarche singulière de Marie Andreasz et Thierry-Hugues Lemaître, en insistant sur la manière dont leur collaboration crée un dialogue subtil entre image et texte. Philippe André souligne comment ce livre dépasse la simple confrontation visuelle ou littéraire pour offrir une véritable méditation sur la notion d’espace, perçu à la fois comme lieu physique, territoire mental et expérience sensible. Sa préface prépare le lecteur à aborder cette œuvre avec une attention ouverte, en accueillant la poésie qui émerge de cette rencontre artistique et intellectuelle.
L’apport majeur de Espace(s) réside dans cette interaction singulière entre deux formes d’expression artistique : la photographie et l’écriture. Marie Andreasz offre des photographies en noir et blanc qui ne se contentent pas de figurer un décor, mais qui sont des propositions visuelles ouvertes, chargées d’atmosphères énigmatiques, presque oniriques. Elles suggèrent des espaces à la fois réels et imaginaires, des chemins sans destination précise, invitant le spectateur à une contemplation silencieuse et méditative.
En parallèle, les textes de Thierry-Hugues Lemaître ne sont pas de simples légendes accompagnant les images, mais des « variations musicales » sur le thème de la vision, de la perception et de l’espace. Ils s’apparentent à des méditations qui ouvrent des perspectives nouvelles sur ce que nous appelons « espace », mêlant poésie, philosophie et sensibilité. Cette écriture fine enrichit le regard porté sur les photographies et crée avec elles une osmose rare.
L’impact de cet ouvrage est double. D’une part, il transforme la manière dont le lecteur/spectateur perçoit l’espace — non plus seulement comme un cadre physique, mais comme un territoire intérieur, une expérience subjective, une quête permanente. D’autre part, il renouvelle la relation entre image et texte, démontrant que leur confrontation peut générer une troisième dimension esthétique, un espace poétique inédit. Cette démarche invite à ralentir, à se laisser habiter par le silence et le mystère, une expérience précieuse dans notre monde souvent saturé d’informations et d’images.
Espace(s) de Marie Andreasz et Thierry-Hugues Lemaître est une œuvre d’art totale, où l’image et la parole se répondent dans une exploration profonde de la notion d’espace. Par sa sensibilité et sa rigueur, ce livre invite à repenser notre rapport au visible et à l’invisible, au tangible et à l’intangible. C’est un objet précieux pour tous ceux qui souhaitent s’ouvrir à une expérience esthétique et réflexive, où l’art devient un voyage intérieur, un espace à habiter avec l’âme autant qu’avec les yeux.
Dialogue intime entre photographie et écriture
Espace(s) est une œuvre qui s’inscrit à la croisée des arts visuels et littéraires, un dialogue intime entre photographie et écriture qui transcende les limites habituelles de chaque discipline. Marie Andreasz, à travers ses photographies en noir et blanc, capte des espaces mystérieux, souvent dépouillés, où la lumière et l’ombre jouent un rôle fondamental. Ces images ne sont pas simplement descriptives : elles sont évocatrices, invitant le spectateur à une exploration subjective. Chaque photographie est une énigme visuelle, un fragment d’univers à la fois familier et étrange, qui appelle à la rêverie et à la méditation.
Le choix du noir et blanc amplifie cette dimension intemporelle et presque abstraite de l’espace. L’absence de couleur pousse à se concentrer sur la composition, la texture, le jeu des contrastes, et surtout sur le silence qui se dégage des images. Ce silence, presque palpable, est un espace en soi, un lieu où le regard peut s’arrêter, réfléchir, s’égarer. La photographie de Marie Andreasz devient ainsi une sorte de territoire à explorer, un voyage immobile au cœur d’espaces ambigus où passé, présent et possible se confondent.
Face à ces images, les textes de Thierry-Hugues Lemaître ne se contentent pas d’illustrer ou d’expliquer. Ils créent un véritable contrepoint, une musique intérieure qui résonne avec les photographies. Lemaître écrit sur l’espace comme expérience vécue, mêlant des réflexions philosophiques, des impressions poétiques et des fragments narratifs. Sa prose sensible invite à une autre forme de lecture : non linéaire, mais en écho aux images, en résonance avec leurs silences et leurs mystères.
Ce travail d’écriture accompagne, prolonge, enrichit la contemplation photographique sans jamais la dominer. C’est une forme de dialogue où chaque mot agit comme un souffle, une vibration qui éclaire autrement ce que l’œil perçoit. Cette complémentarité entre texte et image fait naître une expérience esthétique globale, où le sens se construit dans l’intervalle, dans l’espace même que le livre cherche à révéler.
Sur le plan conceptuel, Espace(s) interroge la nature même de l’espace — pas seulement celui, géographique, architectural ou paysager, mais celui plus intime, psychique, métaphysique. L’ouvrage invite à penser l’espace comme un lieu mouvant, à la fois extérieur et intérieur, qui ne se réduit pas à une mesure ou à une dimension physique. C’est un espace de rencontre, de mémoire, d’émotion, où se croisent des temporalités multiples. En ce sens, le livre dialogue avec des courants artistiques et philosophiques qui remettent en question la notion traditionnelle d’espace pour la concevoir comme expérience vivante et singulière.
L’impact de ce travail dépasse le simple plaisir esthétique. Espace(s) nous pousse à ralentir, à réapprendre à regarder et à lire, dans un monde saturé d’images rapides et de textes superficiels. Il propose un refuge, un sanctuaire où le regard et la pensée peuvent s’attarder, se perdre et se retrouver. Ce temps suspendu est précieux : il nourrit la sensibilité, aiguise la conscience du monde, et ouvre une porte vers une plus grande présence à soi et aux autres.
Espace(s) est une œuvre qui éclaire la complexité et la richesse du concept d’espace sous une forme artistique innovante et profondément humaine. La rencontre entre les photographies de Marie Andreasz et les mots de Thierry-Hugues Lemaître crée un univers poétique singulier, une expérience à la fois visuelle, intellectuelle et émotionnelle. Le livre s’impose ainsi comme une invitation à habiter autrement le monde, à percevoir l’invisible qui s’étend entre les choses, et à retrouver la beauté des silences et des mystères.
Brahim Saci
Le site de l’artiste Marie Andreasz : www.marieandreasz.com
