jeudi, 17 juillet 2025
DiasporadzEntretienLeo Zelada : "La poésie s’entrelace avec la spiritualité"

Leo Zelada : « La poésie s’entrelace avec la spiritualité »

Dans cet entretien, Leo Zelada, de son vrai nom Braulio Rubén Tupaj Amaru Grajeda Fuentes, revient sur son parcours nomade et les multiples influences qui nourrissent son écriture et sa poésie.

Leo Zelada partage ses réflexions sur l’impact du numérique sur la poésie, les défis de la transpoésie et les liens qu’il tisse entre tradition et modernité. À travers son regard incisif et passionné, Leo Zelada nous offre une plongée fascinante dans son univers créatif, tout en esquissant les contours de ses projets à venir.

Entretien réalisé par Brahim Saci

Diasporadz : Vous vous définissez comme un « poète-nomade ». En quoi vos voyages ont-ils façonné votre écriture, tant sur le plan stylistique que spirituel ?

Leo Zelada : Le fait d’avoir parcouru le monde et vécu la majeure partie de ma vie en Amérique et en Europe m’a offert une vision plus large des choses, car, en fin de compte, chaque voyage est une aventure intérieure.

Sur le plan stylistique, cela m’a permis de consolider une proposition littéraire à dimension interculturelle.

Diasporadz : Vous avez élaboré le concept de « transpoétique » en 2016. Pourriez-vous expliquer cette esthétique et ce qui la distingue des courants poétiques précédents ?

Leo Zelada : Il s’agit d’une proposition visant à élargir le concept traditionnel occidental de la poésie, qui, aujourd’hui, est davantage axé sur le texte, la postmodernité et une esthétique de l’éphémère.

Pour moi, le concept de « Transpoetica » représentait une manière d’annoncer la fin de la poésie occidentale en tant que discours hégémonique global, tout en ouvrant simultanément la porte à d’autres traditions poétiques du monde, portées par des valeurs différentes, souvent méconnues ou, au mieux, peu valorisées par le canon occidental.

« Transpoétique » s’inscrit dans la quête d’une proposition poétique hétérogène, hybride et interculturelle, reflétant la réalité contemporaine de l’Europe — une réalité que la plupart des poètes ne traduisent pas encore pleinement dans leurs œuvres. À travers « Transpoétique », j’ai voulu exprimer ce métissage ethnique et culturel qui caractérise l’Europe, un territoire façonné par la diversité des civilisations depuis le néolithique.

Diasporadz : Votre œuvre mêle traditions incas, philosophies orientales, cyberpunk et postmodernisme. Comment parvenez-vous à faire dialoguer ces univers ?

Leo Zelada : Je suis Latino-Américain, le produit d’un métissage façonné par cinq siècles de rencontres entre des cultures issues des cinq continents. Mon père, d’origine Quechua-Inka, a appris le Quechua comme première langue, celle des Incas. Ma mère, métisse, avait un père d’origine africaine et une mère espagnole.

Par ailleurs, mon intérêt pour la poésie orientale vient de la ressemblance que j’y perçois avec la poésie orale de la civilisation inca. Quant à mon attrait pour le cyberpunk, il s’enracine dans mon amour pour la musique et la culture urbaine underground. Le syncrétisme, omniprésent dans ma famille, est ainsi une part essentielle de mon être.

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Diasporadz : Dans Journal d’un Cyberpunk, vous explorez la dissolution de l’humain à l’ère digitale. Que pensez-vous aujourd’hui de l’impact de la technologie sur la poésie ?

Leo Zelada : La technologie était déjà présente dans la construction de la Grande Muraille de Chine ainsi que dans l’édification du Machu Picchu par les Incas. Pour ces derniers, son utilisation était intrinsèquement liée à une relation harmonieuse avec la nature. À l’époque moderne, en Occident, la technologie a souvent été exploitée au profit du pouvoir, d’une élite, et dans une logique utilitaire et individualiste.

L’essor des réseaux sociaux offre un moyen accessible de diffuser l’œuvre des poètes et des artistes. Toutefois, une mauvaise utilisation peut engendrer la prolifération d’expressions qui ne relèvent ni de la poésie ni de l’art. Employée à bon escient, la technologie demeure un outil précieux pour enrichir le monde littéraire et artistique.

Diasporadz : Votre recueil, La Traversée de l’Innommable, semble marquer un tournant. Qu’avez-vous voulu interroger ou révéler dans cette œuvre ?

Leo Zelada : Dans mon dernier livre, La Traversée de l’Innommable, j’ai voulu illustrer mon cheminement spirituel, à la croisée de ma tradition inca et de mon exploration des traditions spirituelles d’autres continents. Depuis les premiers habitants des cavernes, la poésie s’entrelace avec la spiritualité, que ce soit à travers les peintures rupestres ou les cultes ancestraux. Ce livre est avant tout un hommage à mon père et à notre héritage spirituel inca.

Diasporadz : Vous citez souvent des figures comme Pessoa, Ginsberg ou Bolaño. Quels autres artistes ou penseurs nourrissent aujourd’hui votre vision de la poésie ?

Leo Zelada : Je suis influencé par des poètes tels que Rumi, César Vallejo, Santoka, Aimé Césaire, ainsi que par des écrivains comme Albert Camus, Mario Vargas Llosa, Yasunari Kawabata et Raymond Carver.

Diasporadz : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Leo Zelada : Je travaille actuellement sur un recueil de poèmes, conçu comme une fable contemporaine se déroulant à Paris, entre Montmartre et La Chapelle. Parallèlement, j’écris un roman qui raconte l’histoire d’un nouveau migrant à Paris, vue depuis la périphérie, la banlieue.

Je cherche également à éditer et à traduire mon roman Le Dernier Nomade en français, qui retrace mon voyage de cinq ans en auto-stop, du Pérou aux États-Unis, à travers les trois Amériques.

Diasporadz : Un dernier mot peut-être ?

Leo Zelada : Merci de m’avoir offert l’opportunité de faire découvrir ma littérature à vos lecteurs. Je suis reconnaissant envers la scène littéraire parisienne qui m’accueille comme l’un des siens. J’ai récemment dédicacé mon dernier livre au Festival Quartier du Livre, dans le 5ᵉ arrondissement de Paris.

Ce jeudi 12 juin, je lirai mes poèmes lors du 4ᵉ Festival de Poésie La Tour Poétique. Le vendredi 20, je me produirai à la Maison de l’Amérique Latine, à Saint-Germain, dans un récital mêlant cinéma, poésie, performance et musique électronique.

Enfin, le dimanche 22, je dédicacerai La Traversée de l’Innommable au Marché de la Poésie, place Saint-Sulpice, sur le stand des éditions Unicité. J’invite les lecteurs à m’y retrouver pour partager ensemble la poésie, ainsi qu’à me suivre sur les réseaux sociaux pour rester informés de mes prochaines activités.

Entretien réalisé par Brahim Saci

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