jeudi, 17 juillet 2025
DiasporadzEntretienL'auteur et acteur Adrien Meunier : "Mon travail d’artiste se résume à mon “regard”"

L’auteur et acteur Adrien Meunier : « Mon travail d’artiste se résume à mon “regard” »

Dans cet entretien exclusif, l’auteur et acteur Adrien Meunier nous ouvre les portes de son univers créatif, partage ses sources d’inspiration, dévoile ses méthodes de travail et évoque ses projets à venir. C’est une occasion unique de découvrir les coulisses d’un parcours artistique atypique, façonné par la volonté d’une liberté d’expression sans compromis et d’un engagement sincère envers les arts.

Adrien Meunier, auteur, acteur, dessinateur et pédagogue, est un artiste aux multiples talents dont la création traverse avec une étonnante fluidité les frontières entre les arts littéraires, la scène et l’image.

Entretien réalisé par Brahim Saci

Diasporadz : Vous évoluez à la fois comme auteur, acteur, dessinateur et pédagogue. Comment conciliez-vous ces différentes disciplines dans votre démarche créative ?

Adrien Meunier : Ces différentes disciplines se nourrissent les unes les autres. J’ai commencé par le théâtre en 1997 à défaut de pouvoir faire du cinéma. J’y ai découvert un monde fascinant dont j’ignorais tout. J’ai été formé par Yves Furet (ancien pensionnaire à la Comédie-Française) pendant 3 ans. Ensuite, je suis allé aux Cours Florent pendant un an : dans les classes de Stéphane Mercoyrol et Lesley Chatterley -acting in English.

Aux Cours Florent, il y avait une véritable effervescence et chacun travaillait dur pour y arriver. Nous cumulions tous des boulots pour subvenir à nos besoins et il y avait des élèves de 17 à 50 ans. Dans nos locaux, il y avait un tableau consulté par tous : celui des annonces de “casting”. De ce fait, j’ai pu participer à de nombreux court-métrages en VHS ou pellicule mais cela n’était évidemment pas rémunéré car nous débutions tous. Personne ne savait comment “percer”, personne n’avait de relations…

L’assistant de Stéphane Mercoyrol appelait le monde extérieur à l’école “La Forêt” et nul n’osait véritablement s’y frotter de peur “d’échouer”. J’ai osé traverser cette “forêt” avec plus ou moins de facilités au début et beaucoup de difficultés ensuite mais j’étais tellement persuadé que mon destin se trouvait là que malgré les crises de nerfs carabinées qui me conduisaient systématiquement à l’hôpital, je continuais à me battre et à relever la tête coûte que coûte. C’est d’ailleurs à l’hôpital en 2014 que j’ai commencé à dessiner. Alors tout à ma crise de désespérance de l’époque, une infirmière bien avisée me conseilla de dessiner pour me calmer et cela fut salutaire car cette discipline est beaucoup plus accessible au public paradoxalement et elle est, du coup, immédiatement rémunératrice contrairement aux autres.

L’image parle d’elle-même et si une personne est touchée par celle-là, il suffit de bavarder un moment pour en obtenir quelques petits fafiots pour le rata quotidien. J’ai rencontré Anthony Rivoire en 2000 à la faveur du film Comme une Italienne écrit par son épouse Marie Aurel. Nous avons immédiatement sympathisé et comme nous habitions à trois pâtés de maisons les uns des autres, nous nous croisions souvent dans le 6e ou le 7e à Paris. Après un travail démentiel sur le film de Marie qui ne trouva aucun distributeur, Anthony a eu besoin de renflouer ses caisses et il a créé Les Cours du Sept, une structure associative d’enseignement de l’Art Dramatique pour Amateurs Passionnés. En 2009, Anthony m’a confié l’une de ses classes et nous avons créé l’école Rivoire & Meunier en 2015.

Rivoire & Meunier était une structure ambitieuse dans le bienveillant parrainage de Christophe Malavoy qui a permis de révéler des talents vraiment exceptionnels.

Enseigner l’Art Dramatique a été pour moi, au fond, le Big-Bang révélateur semblable à une “Maîtrise d’Art” arrachée à cette fameuse “Forêt” de la réalité du métier de comédien dont nous redoutons tous les écueils. J’ai commencé à écrire vers 17 ans. Quelques vers épars et un court-métrage réalisé à Pittsford dans l’Etat de New-York.

De retour en France, alors que j’étudiais l’histoire-géographie à l’Institut Catholique de Paris, je fréquentais beaucoup Christophe Ferré tout juste édité chez Arléa, à l’époque. J’ai été collé aux examens de juin la première année et j’ai donc dû rester à Paris pour bûcher le rattrapage de septembre mais comme j’avais du temps, j’ai demandé à Christophe s’il y avait une méthode pour écrire un livre. Il m’a conseillé, pour me faire la main, de prendre n’importe quelle brève d’un journal et de la développer au maximum. J’ai donc écrit ma première nouvelle à 18 ans: A l’Ombre, éd. Amazonkdp 2025.

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Diasporadz : Votre recueil Écueils d’ailleurs explore des thèmes profonds comme l’exil intérieur et la métaphysique. Quelle a été votre source d’inspiration principale pour ce travail poétique ?

Adrien Meunier : En matière de Poésie, je trouve mon inspiration dans la douleur de ne pas être aimé d’une femme. De cette douleur, de cette solitude naît un vertige existentiel, un abysse d’angoisses vis à vis de la mort et en tant que Poète, je tente de magnifier le tout : d’en faire de la lumière. Une lumière crue, vraie et malicieuse aussi parfois.

Diasporadz : Dans votre trilogie Gérard & les Ummates, vous utilisez l’humour noir et la satire pour critiquer la société. Pourquoi avez-vous choisi cette forme pour aborder des sujets aussi sérieux ?

Adrien Meunier : Il me semble avoir choisi cette forme car elle ressemble au monde actuel : implacable et cruel jusqu’à l’aliénation.

Diasporadz : En tant que comédien, vous avez interprété des rôles classiques mais aussi contemporains. Comment ces expériences théâtrales influencent-elles votre écriture ?

Adrien Meunier : Avoir le privilège d’apprendre des rôles dans des pièces telles que On ne Badine pas avec l’Amour, Le Misanthrope, Hamlet ou les suites de la Piété Filiale, Le Roi s’amuse et surtout avoir été à l’origine de l’adaptation d’un passage de Guignol’s Band II” de L-F Céline : Touit-Touit Club ont considérablement enrichi ma langue car chacun de ces textes a fini par vivre en com moi comme une riche sève, un trésor et je dois d’ailleurs les meilleurs passages de mes livres aux rapports que j’entretiens avec le théâtre, la littérature, la Poésie, les romanciers et l’art en général.

Diasporadz : Vous avez co-fondé l’École Rivoire & Meunier, qui met l’accent sur l’autonomie créative des artistes. Quelle est la philosophie pédagogique derrière cette initiative ?

Adrien Meunier : La philosophie de l’école Rivoire & Meunier était de rendre cette fameuse “Forêt” moins tumultueuse aux jeunes pousses. Anthony et moi étions déjà deux vieux briscards et nous souhaitions offrir à nos élèves le maximum de clés vers une autonomie complète dans leur art en les invitant d’ailleurs toujours à être au maximum à l’initiative de leurs projets; d’être autonome en somme.

Diasporadz : Votre travail de dessinateur accompagne souvent vos textes. Quelle place occupe le visuel dans votre processus d’écriture et de création artistique ?

Adrien Meunier : Je n’appréhende le monde qu’au travers de mon regard. D’où ma fascination pour le cinéma qui lit le monde avec un œil. Je rêve littéralement en cinémascope et lorsque je convoque un souvenir, j’ai les images de l’instant précis qui me reviennent en mémoire. Tout mon travail d’artiste se résume à mon “regard” : je ne “sais” rien, je vois et j’ai des émotions desquelles découlent une œuvre bigarrée et essentiellement, effectivement, visuelle.

Diasporadz : Pouvez-vous nous parler des projets sur lesquels vous travaillez actuellement, ou de ceux que vous envisagez pour l’avenir ? Y a-t-il de nouvelles œuvres littéraires, pièces de théâtre, ou collaborations artistiques à venir ?

Adrien Meunier : Je travaille depuis un an sur un livre dont le titre provisoire est Sortilèges. Il s’agit de l’histoire d’un homme racontée heure par heure, en 24 chapitres. Pour ce qui est du théâtre, je collabore avec deux compagnies locales sur deux projets : la mise en scène de la pièce Traitement Retard et celle de Le Berger Cosmique. Pour ce qui est du cinéma, je parle en ce moment avec des productions pour enfin réaliser mon deuxième court-métrage : Promenades.

Diasporadz : Un dernier mot ?

Adrien Meunier : Peace & Love

Entretien réalisé par Brahim Saci

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