Dans cet entretien, Khelifa Mahieddine nous invite à une réinterprétation radicale de l’histoire, en dévoilant les liens étroits qu’il établit entre les mathématiques des anciens Égyptiens et les peuples berbères.
Khelifa Mahieddine révèle comment une analyse de la linguistique et de la toponymie peut bouleverser notre compréhension des origines de la civilisation des anciens égyptiens qu’il relie aux berbères.
Dans son livre, L’Epopée berbère, paru en 2023 aux éditions Arabesques à Tunis, Khelifa Mahieddine part de l’idée que les « Mis-Ra » (les fils de Ra en berbère), les anciens égyptiens, étaient des descendants de tribus de chasseurs-cueilleurs berbères. Ces tribus, selon lui, auraient migré depuis le Maghreb et le Sahara, apportant avec elles des connaissances ancestrales.
La préface signée par Ginette Aumassip, une figure éminente dans les domaines de la préhistoire et de l’archéologie saharienne, confère une crédibilité scientifique importante à son travail. En effet, la participation d’une ancienne directrice de recherche au CNRS est perçue dans le milieu académique comme une reconnaissance de la pertinence et du sérieux de la thèse de l’auteur.
En somme, Khelifa Mahieddine nous invite à un voyage de redécouverte, où l’analyse des langues et des mathématiques peut redonner aux peuples du Maghreb la place qui leur revient dans les origines des grandes civilisations.
Entretien réalisé par Brahim Saci
Diasporadz : Khelifa Mahieddine, il faut dire que votre livre propose une thèse audacieuse sur les origines berbères de la civilisation des anciens Egyptiens. Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion et quelles sont les principales sources historiques ou archéologiques sur lesquelles vous vous appuyez, en dehors de la linguistique que vous mentionnez ?
Khelifa Mahieddine : Les égyptologues et orientalistes ont, depuis la Grèce antique (Hérodote), érigé une frontière imaginaire et dogmatique sur les plans ethnique, culturel, linguistique et historique entre l’Egypte antique et le reste de l’Afrique du nord géographique. Cette frontière imaginaire tracée entre les peuples frères de l’Afrique du Nord géographique a encore de fervents adeptes qui ne peuvent se départir de leur complexe et de leur vision de l’Histoire avec des œillères occidentales et néocoloniales. Pour remettre l’histoire à l’endroit, je me suis attelé à entreprendre cette décolonisation de l’histoire des Amazigh (Berbères) pour la décomplexer de son prisme gréco-romain.
Mon ouvrage a donc consisté à recadrer l’histoire de l’Afrique du Nord dans son véritable contexte géographique et historique. Cette nouvelle vision de l’histoire des Berbères est une remise en cause fondamentale des préjugés et aprioris existant depuis la Grèce et la Rome antique et qui perdurent à ce jour chez certain(e)s historien(ne)s, zélateurs de l’Occident.
En fait, cette thèse se base sur une vision nouvelle de l’égyptologie à travers la toponymie, les noms de personnages et vocables soulignant de troublantes similitudes avec la langue berbère. Il accrédite l’hypothèse d’une migration de populations de chasseurs cueilleurs du Maghreb et Sahara centrales, principalement de l’Algérie, vers la grande rivière située à l’est de l’Afrique septentrionale, suite aux graves crises climatiques survenues dans cette région entre 25 000 et 10 000 ans avant notre ère.
N. Grimal, archéologue et historien, fait référence à cette transhumance dans une préface à l’ouvrage « Du Sahara au Nil ». Je le cite : « L’un des déserts les plus arides au monde rappelle qu’il fut peuplé jadis d’êtres qui avaient déjà fixé les lois premières de ce qui sera l’une des plus longues civilisations de la terre. Une fois réalisée la transhumance ultime vers les rives qui bordent le Sahara naissant, le départ sans retour pour fuir l’aridité et gagner l’oasis permanente du Nil… »
De même, dans son article sur « Les sources de la civilisation pharaonique », l’archéologue S. Seidlmayer fait un lien étroit entre l’évolution de l’homme et les conditions climatiques : « L’Egypte montre de manière exemplaire combien l’évolution des hommes est liée aux conditions géographiques et climatiques de leur environnement. La vallée du Nil apparait comme une oasis fluviale enserrée par les déserts : à l’ouest s’étend le vaste Sahara, à l’Est s’étirent les chaines montagneuses escarpées qui séparent l’Egypte de la mer Rouge. Seul un étroit passage au nord-est, au niveau de la côte septentrionale du Sinaï, permet l’accès à la Palestine et au Proche-Orient. »
Dans ce même article, S. Seidlmayer situe les origines du peuplement d’Egypte au début du paléolithique : « La découverte d’outils en pierre dans la vallée du Nil situe les traces de peuplement humain au début du paléolithique. A cette époque, l’Egypte ne présente pas encore les traits d’une culture singulière ; il faut attendre le paléolithique final, entre 25 000 et 10 000 av. J.-C. pour en trouver les premiers témoignages. Une période d’extrême sécheresse conduit alors les chasseurs cueilleurs qui arpentaient les savanes du Sahara à rejoindre le cours du fleuve encore faible et irrégulier pour y trouver leur subsistance ».
Quant à Madame Ginette Aumassip, ex-Directrice de Recherches au CNRS, spécialiste de l’Afrique et du Sahara préhistorique, elle relève dans son ouvrage « Le bas Sahara dans la préhistoire » que, je cite : « En fait, c’est à la fascination exercée le siècle dernier par l’Egypte, son admirable civilisation, bien plus qu’à des arguments que l’on doit l’idée d’origine égyptienne du Néolithique saharien. Comparé à l’Egypte, le Sahara devient, ainsi qu’a pu le souligner Zaboriwski, d’une pauvreté relative. Par les identités qu’elles montrent, ces quelques pièces ne peuvent résoudre la question des rapports avec la vallée du Nil. Leur rareté n’est en aucun cas garante d’une absence de convergence. Elle exclut l’idée de colonisation, amoindrit celle d’influences, mais ne saurait écarter celle de contacts dont l’époque ne peut être précisée. »
Dans un autre ouvrage intitulé « Trésors de l’Atlas », G. Aumassip relève : « S’appuyant sur les similitudes entre le bélier à sphéroïde et bélier d’Amon, certains auteurs trouvaient en Egypte les Sources de l’art de l’Atlas. R.Vaufrey, St. Gsell, H. Obermaier le professèrent. Cette hypothèse se heurte à la jeunesse relative du culte d’Amon en Egypte que l’on situait entre 3000 et 2000 ans av. J.-C. Dans un cas comme dans l’autre, l’hypothèse d’une origine égyptienne ne résiste pas aux données chronologiques dont on dispose actuellement pour les industries néolithiques. »
L’origine de la population berbère dans toute cette région de l’Afrique septentrionale allant de l’Atlantique à la mer Rouge est confirmée par Yves et Christine Gauthier dans leur ouvrage « Des chars et des tifinagh ». Ces chercheurs font référence à la présence de plusieurs milliers de sites rupestres dans toute cette région. Ils relèvent que « plus de 6000 sites rupestres (gravures et peintures, inscriptions libyco-berbère comprises) ont été localisées depuis l’Atlantique jusqu’à la mer Rouge et de l’Atlas Saharien jusqu’au Sahel … ». « Quelques sites très dispersés sont recensés dans le désert libyque, mais il faut aller jusqu’à la vallée du Nil pour observer à nouveau des densités plus élevées de sites, dont beaucoup apparaissent dans un contexte pharaonique. ». « Les inscriptions libyco-berbères sont, parmi d’autres, d’excellents indicateurs de présence de ces populations car elles définissent, mieux que les textes historiques, les limites de ce domaine berbérophone à travers les âges. »
Voici, de manière très succincte et non exhaustive, quelques sources écrites et archéologiques que j’ai complétées en faisant référence à la linguistique qui cloue de manière définitive la berbérité de l’Egypte antique et même actuelle. N’en déplaise aux diviseurs des régions et des peuples !
Diasporadz : Vous faites un lien direct entre le nom « Mis-Ra » et le mot amazigh « awragh ». Pouvez-vous nous expliquer plus en détail la démarche linguistique qui vous a permis d’établir ce rapprochement et comment vous l’avez vérifié ?
Khelifa Mahieddine : La première erreur des égyptologues a été d’ignorer la véritable appellation de ce pays identifié comme « Aegyptos-Egypte » par les auteurs de la Grèce antique, par déformation du nom de l’antique ville de Gueptou, devenue au fil du temps Coptos/Koptos. Les habitants de cette cité, désignés sous le nom de Coptes, bien qu’ayant été christianisés plus tard, dans leur très grande majorité, se sont toujours définis et se définissent à ce jour, à l’instar du reste de la population de ce pays, comme étant des Mis-Ra (pluriel en arabe : Misrayin et Misraïm pour les hébreux), c’est-à-dire des fils de la divinité Ra.
À vrai dire, c’est Champollion qui m’a mis sur la piste lorsqu’il a déchiffré le cartouche de « Ramsès » en le décomposant en Ra, divinité solaire, et Msès, en relation avec la filiation à cette divinité, par intuition. Tous les Algériens, sans exception, savent ce que veut dire « Mis tmorth ». C’était donc pour moi une évidence. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert qu’il existait une tribu des Ath Misra parmi les treize tribus berbères vivant dans les montagnes de l’Atlas blidéen depuis les temps les plus reculés. A des centaines de kilomètres de là, nous avons la commune de Mesra, non loin de Mostaganem qui fait, elle aussi, référence aux fils de la divinité Ra.
Pour ce qui est de Ra, j’ai pris en considération le fait que dans nos montagnes, on fait une abréviation de tous les noms : « Fa » pour Fatma, « Sa » pour Saliha, « Fa » pour Farida, « Moh » pour Mohamed, N’ pour Nath (pronom de l’appartenance) etc. C’est donc en cherchant la source de l’appellation de Ra, qui désigne l’astre solaire, que j’ai fait le rapprochement avec Awragh qui signifie jaune, blond, étincelant, et par extension brulant. Or, s’il y a bien une chose qui réunit ces qualificatifs, c’est bien le Soleil. En prenant en considération le fait que la quasi-totalité des noms de lieux et de personnages de l’Egypte antiques proviennent à l’origine, je dis bien à l’origine, de nos contrées (principalement l’Algérie), j’en ai déduit que Ra était bien le diminutif du mot Awragh. Il n’y a pas de hasards dans l’histoire de l’humanité et tous les éléments de langages ont une origine et une explication.
Par leur méconnaissance de la langue berbère, les égyptologues ont déformé le mot « Aman » (les eaux) en « Amon ». Ceci s’explique en outre par le fait que les hiéroglyphes ne comportent pas de voyelles. Ils ont relevé que les anciens égyptiens appelaient le Nil « Itérou ». Selon eux, le mot « itérou » désignait un dieu lunaire protecteur de la famille royale. Or, de par le lien que je fais avec la langue Amazigh, j’en ai déduit que « itérou ou itrou » veut dire « Il pleure » ! Ce qui s’explique parfaitement dans la mesure où « Amen » désignant « les eaux » était sacralisé par les descendants des tribus de chasseurs cueilleurs amazighs, au point d’en faire un dieu du nom de « Aman ». Et Quand le dieu Aman (et non Amon) pleure, « itérou », ses larmes se transforment en des flots ininterrompus. Le lien avec l’eau devient évident pour des populations qui ont connu les affres de la sècheresse dans leur région d’origine les obligeant à migrer vers la grande rivière qu’ils se sont appropriée en l’appelant « N’il » (le Nil, ndlr).
Diasporadz : Le chiffre 12 occupe une place centrale dans votre analyse, de l’astronomie égyptienne aux religions monothéistes. Selon vous, cette adoption par d’autres cultures est-elle une coïncidence ou une preuve d’une influence historique directe des « Mis-Ra » ?
Khelifa Mahieddine : C’est l’observation durant des siècles de la régularité périodique des crues du Nil qui revenaient chaque année après 12 apparitions de Lune, qui a fait comprendre aux prêtres du pays des Mis-Ra (Egypte), l’importance qu’il fallait accorder au chiffre 12. Ils avaient constaté que c’est en 12 lunaisons que la Terre fait une révolution complète autour du Soleil. Le chiffre 12, considéré comme sacré et divin par les anciens Mis-Ra, explique la raison pour laquelle la dépouille mortuaire du pharaon était portée par 12 notables et qu’ils ont fait figurer le même nombre dans les signes du Zodiac. Ce chiffre 12 a été repris également dans la Thora, écrite et compilée entre le VIIe et IIe siècle av. J.-C, soit plus de 6 siècles plus tard, par les descendants des prêtres monothéistes, suite à l’exode de l’Egypte vers la terre de Canaan, aux environs de 1350 av. JC, en évoquant les 12 enfants de Yacoub (Jacob) qui sont aussi à l’origine des 12 tribus d’Israël.
De même, on retrouve ce chiffre dans le Nouveau Testament où il est question des 12 apôtres de Jésus-Christ, repris symboliquement par le drapeau européen, en faisant figurer 12 étoiles, pour faire référence, de manière camouflée, au christianisme. C’est dire l’influence qu’a eu la civilisation de l’Egypte antique sur les civilisations ultérieures qu’elle soit grecque, romaine et plus tard occidentale.
C’est en tenant compte des observations liées au cycle des astres, durant des siècles, que les Mis-Ra ont eu l’intelligence de partager la journée en 12 parties égales et, par symétrie, la nuit en autant d’intervalles, sans tenir compte de la longueur des jours et des nuits durant les saisons. De même, la confection de la corde égyptienne à 13 nœuds et 12 intervalles a permis aux Mis-Ra de concevoir le seul triangle rectangle à côtés entiers avec une hypoténuse minimale à progression arithmétique : 3, 4, 5, qui donne en les additionnant le chiffre 12 et à suite géométrique : 3 X 4 X 5 = 60.
Voici pourquoi les Mis-Ra ont décidé de partager le temps en heures de 60 minutes et la minute en 60 secondes. Tout comme la planète en degrés, minutes et secondes d’arc. Tout cela à partir du nombre 12 tiré de la nature, c’est-à-dire des 12 lunaisons d’une crue à l’autre du Nil. On peut dire donc que le chiffre 12 était la pierre angulaire des mathématiques égyptiennes. Il a influencé de manière significative la façon dont nous mesurons le temps et les angles aujourd’hui. C’est donc en se basant sur la nature, que les anciens fils de la divinité Ra ont synchronisé, non seulement le temps avec le mouvement des astres, mais également avec la mesure. C’est la raison pour laquelle ils étaient appelés « les maitres de la mesure et du temps » par les savants de la Grèce antique.
Diasporadz : Vous affirmez que les Grecs se sont approprié le nombre Pi et le nombre d’or. Pouvez-vous nous donner des exemples de documents ou de découvertes qui, selon vous, prouvent que les Égyptiens possédaient déjà ces connaissances mathématiques avant les Grecs ?
Khelifa Mahieddine : Ce sont ces données géométriques et mathématiques et notamment la corde à 13 nœuds qui sont à l’origine du théorème de Pythagore, que l’historien Hérodote considérait comme « l’un des plus grands esprits de la Grèce » et que Hegel disait de lui qu’il était « le premier maitre universel », alors qu’il avait passé 22 années à étudier la géométrie et les mathématiques auprès de ses maitres du pays des Mis-Ra, de la même manière que tous les savants de la Grèce antique. Il ne faut occulter le fait que lorsque la Grèce était dans les ténèbres, la civilisation de l’Egypte antique brillait de mille feux et ce, plus de 2000 ans avant l’émergence de la civilisation hellénique. En effet, l’apogée de cette civilisation est traditionnellement située à l’époque classique de 500 à 323 av. J.-C. alors que la Grande Pyramide date de 2500 ans av. JC.
La Grande Pyramide contient dans les rapports entre certaines de ses dimensions le nombre 3,1416, le nombre d’or : 1,618 et d’autres découvertes en lien avec la dimension et la vitesse de rotation de la Terre. Sans entrer dans le détail de ces calculs, il est par exemple relevé par certains mathématiciens et astronomes que la hauteur de la pyramide (280 coudées de 0,5236 m soit 146,6 mètres) correspond à une fraction du rayon polaire de la Terre tandis que sa base est liée à la circonférence de la Terre.
L’occident a cherché à faire accroire que le nombre 3,1416 avait été découvert par Archimède. C’est ce qu’on nous a enseigné dans les écoles depuis notre jeune âge. Or, il se trouve que cette coudée d’exactitude mesure 0,5236 et se décompose en 28 doigts de 1,87 cm chacun (28 X 1,87 = 0,5236). Alors pourquoi l’Occident cherche-t-il à nous faire croire que la dimension de la coudée varie de 52,3 à 52,5 cm, alors que la coudée étalon qui se trouve au musée du Louvre donne la valeur exacte de 0,5236. Cette erreur est voulue et calculée par l’Occident qui cherche à effacer le rapport flagrant existant entre la coudée d’exactitude et le nombre 3,1416 ainsi que le nombre d’Or, 1,618 ! De même, la coudée nilotique servant à calculer la montée des eaux du Nil a été calculée sur la base du nombre d’or, soit 1,618 : 3 = 0,5393m.
Les anciens Égyptiens ont mis en place un calendrier civil qui était basé sur des observations astronomiques et des croyances religieuses. Le découpage de l’année en 360 jours plus 5 jours supplémentaires qualifiés d’épagomène (maléfiques) est le résultat de ce système. Ce sont les observations des astronomes du pays des Mis-Ra qui ont créé, dans un premiers temps, un calendrier de 12 mois de 30 jours = 360 jours. Ils ont cependant observé que le lever héliaque de l’étoile Sirius, c’est-à-dire le moment où elle réapparaissait à l’horizon juste avant le lever du soleil, coïncidait avec le début de la crue du Nil, l’événement le plus important de l’année pour leur agriculture. Leurs observations ont montré que le cycle de Sirius durait environ 365,25 jours. Cependant, comme cela faussait la division de la planète en 360°, ils ont décrété que les 5 jours supplémentaires étaient maléfiques.
Pour connaitre le rapport existant entre la coudée d’exactitude, le nombre d’Or (Phi), le mètre et la taille de la planète Terre, il faut rappeler que la Terre est divisée en 360 degrés, chaque degré est divisé en 60 mn d’arc, chaque minute en 60 secondes d’arc. Ce qui donne une mesure moyenne de 30,9 mètres pour une seconde d’arc. Or, lorsque l’on divise 1000 fois le nombre d’or soit 1618 mètres/30,9 = 52,36 secondes d’arc. Soit 100 fois la coudée d’exactitude ! (Ces calculs sont de Mr Quentin Leplat).
C’est l’observation de l’ombre de la terre sur la Lune qui a fait comprendre aux astronomes égyptiens que la terre était une sphère car il est connu que l’ombre d’un corps reproduit la forme de ce corps. Donc contrairement à ce qui est affirmé par certains historiens occidentaux, ce n’est pas le grec Philalaos (470 avant J.-C.) qui a le premier découvert que la terre était une sphère.
Diasporadz : Vous écrivez que la « coudée d’exactitude » (0,5236 mètre) est une constante mathématique universelle qui a un rapport avec la sphéricité de la Terre. Comment un avocat, spécialiste de l’histoire et non des mathématiques, peut-il faire une telle affirmation et quelle méthode de recherche avez-vous utilisée pour cela ?
Khelifa Mahieddine : C’est E. M. Antoniadi, astronome à l’Observatoire de Meudon, qui a fait cas, dans son ouvrage sur l’astronomie des anciens égyptiens, de « coudée d’exactitude » et non de coudée royale ou de coudée égyptienne. Cette coudée qui a servi à construire la Grande Pyramide, mesure 0,5236 m. Je considère que c’est une constante mathématique universelle, ignorée à dessein par les Occidentaux. En effet, cette coudée d’exactitude, dont un modèle existe au musée du Louvre et certainement au British Museum, mesure 0,5236. L’ingénieur Jomard que Napoléon avait pris avec lui lors de la campagne d’Egypte en avait donné la dimension exacte.
C’est grâce à une parfaite connaissance de l’astronomie que les anciens Mis-Ra ont mis au point une mensuration, qualifiée de divine et appelée « coudée royale » ou « coudée d’exactitude », de valeur métrique 0,5236 m. Cette coudée se présente sous la forme d’une règle graduée en 28 doigts de 1,87 cm chacun, dont les 15 derniers doigts sont eux-mêmes divisés en 2, 3, 4, 5 et ce jusqu’à 1/16 de doigt de 1,16 mm. Le lien flagrant établi avec le nombre 3,1416 explique la raison pour laquelle la coudée d’exactitude a été contestée dans ses dimensions pour devenir une hypothèse controversée. Ce qui est certain, c’est que la coudée royale de 0,5236 mètre a été l’instrument de mesure qui a servi à la construction de la Grande Pyramide et d’autres monuments avec une précision étonnante. En réalité, ce qui pourrait expliquer cette controverse c’est le fait que l’on a attribué aux savants de la Grèce antique la découverte du nombre Pi et le nombre d’or alors qu’ils ressortent clairement des rapports entre les dimensions de la Grande Pyramide.
Il y a lieu de se demander si la mensuration du doigt de la coudée d’exactitude (1,87 cm) n’a pas été calculée en multipliant le nombre Pi par le nombre d’or et en divisant le résultat par la constante d’Euler ? En effet, 3,1416 x 1,618/2,718 = 1,87. En montrant le lien existant entre la coudée de Nippur et la coudée égyptienne, un chercheur du nom de Quentin Leplat fait remarquer que l’édification de la grande Pyramide a intégré plusieurs unités de mesures à des fins numériques qui nous échappent encore. Il en veut pour preuve que la hauteur de la grande pyramide mesure en coudée de Nippur 200 fois le nombre d’argent (1,414 qui est la racine carrée de 2) et que la diagonale de la base mesure 200 fois le nombre Pi (3,1416). Il relève en outre que le périmètre de la grande pyramide mesure une demi-minute d’arc du méridien de la Terre. La précision est là aussi remarquable avec 99,98%. C’est éloquent et montre la maitrise qu’avaient les anciens Mis-Ra des mensurations de la Planète Terre.
Diasporadz : Votre ouvrage soutient que l’Occident a « délibérément ignoré » l’apport des peuples du Sud de la Méditerranée. Quel est, selon vous, l’intérêt de l’Occident à occulter cet héritage, et quelles en sont les conséquences pour l’histoire telle qu’on l’enseigne aujourd’hui ?
Khelifa Mahieddine : Comme cela a été développé dans la réponse à vos précédentes questions, la maitrise des sciences astronomiques, géométriques, mathématiques et architecturales par les anciens Mis-Ra a permis à la civilisation grecque de prendre le relais de ces connaissances et découvertes plusieurs siècles après et de se les approprier. C’est la raison pour laquelle je considère que cette coudée est une constante mathématique universelle, mise sous le boisseau par l’Occident pour ne rien devoir aux peuples du Sud de la Méditerranée, alors qu’elle est à l’origine de la découverte du chiffre 3,1416 et du nombre d’or 1,618 que les Grecs anciens se sont appropriés en l’appelant Phi en hommage au sculpteur Phidias alors qu’il aurait dû s’appeler Mi en l’honneur des Mis-Ra.
Cela montre la justesse des calculs et la maîtrise que les Berbères d’Égypte avaient de la 3D. La symbolique du cercle avait une grande importance pour les Mis-Ra, dans la mesure où il représente les planètes et conjugue à la fois l’infinité de l’Univers dans le chiffre 3,1416…, dont les décimales sont infinies et sa mensuration limitée, comme la vie sur terre, lorsque le périmètre du cercle est représenté par une ligne droite. Le rayonnement de cette civilisation s’est manifesté principalement dans les domaines astronomique, mathématique, géométrique, architectural poussant les plus grands savants de la Grèce antique à aller s’abreuver à l’école du savoir et de la sagesse égyptienne. Dans son ouvrage « Mémoires d’Ulysse » (1996), François Herzog donne les raisons qui ont mené les intellectuels Grecs à considérer le voyage en Egypte comme une étape incontournable : « Voyager en Egypte signifiera pour un intellectuel grec remonter le temps et entrevoir les commencements, pouvoir recueillir un récit ou tenir un discours vraisemblable sur les débuts de la vie civilisée en général ou de telle ou telle pratique culturelle. En somme, faire le voyage en Egypte, c’est pour le Grec le moyen d’avoir « plus de souvenirs que s’il avait mille ans ! », trouver la mémoire qu’il n’a pas où retrouver celle qu’il n’a plus ».
Le savant grec d’origine syrienne Jamblik (déformation grecque de Yamlik, en arabe : il possède, sous-entendu le savoir. C’est mon interprétation) écrivait à propos de Pythagore, il « fréquenta tous les sanctuaires avec beaucoup d’ardeur et s’instruisait en toutes choses avec la plus grande attention cherchant à connaitre personnellement tous ceux qui étaient réputés pour leur intelligence… c’est ainsi qu’il rencontra tous les prêtres apprenant de chacun ce qu’il savait. Et c’est dans ces conditions qu’il passa 22 ans dans les temples de l’Egypte ».
Diasporadz : Vous rappelez que le volume d’une sphère de 1 mètre de diamètre plongée dans un cube de 1 mètre de côté est de 52,36 %, soit 100 fois la coudée d’exactitude. Pensez-vous que cette coïncidence est une preuve irréfutable de la maîtrise mathématique des Mis-Ra ou qu’il s’agit d’une observation fortuite de votre part ?
Khelifa Mahieddine : Il a été démontré tout à l’heure que la coudée d’exactitude de 0,5236 m a un rapport certain avec la sphéricité de la Terre. Cela se vérifie lorsque l’on plonge une sphère de 1 mètre de diamètre dans un cube de 1 mètre de côté, le volume occupé par la sphère dans ce cube est de 52,36%, soit 100 fois la coudée d’exactitude. Ce n’est pas moi qui ai trouvé cette relation, mais si mes souvenirs sont bons, c’est un mathématicien du nom de Quentin Leplat qui a fait plusieurs vidéos sur la question.
Diasporadz : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Khelifa Mahieddine : J’ai pratiquement terminé la deuxième édition de l’Epopée berbère en y intégrant de nouveaux chapitres. Un deuxième ouvrage a été finalisé. Il a pour titre le fou du village : Cheikh M’hand Ou Avva.
Diasporadz : Un dernier mot peut-être ?
Khelifa Mahieddine : Une conclusion : Ces populations berbères, qui se définissent à ce jour comme Mis-Ra (fils de la divinité Ra) se sont appropriées les rives du « N’il », diminutif de Nath-il (ceux de la rivière) où elles ont bu – Assouane en amazigh en relation avec Erg Issaouène dans le Sahara algérien, campé ou bivouaqué – Ténès, Tunis, Tanis et Thinis dont elles ont fait la capitale de la première dynastie pharaonique.
En s’installant dans cette vallée fertile, ces chasseurs cueilleurs amazighs ont gardé les mêmes appellations que dans leurs territoires d’origine : Mis-Ra (Ait Misra dans les monts de Blida), N’il (Oued N’il en Kabylie orientale) Thinis, Tanis (Ténès, Tunis), campement en Berbère ancien ; Mezghouna (Egypte) avec forêt de Mezghena (dérivé de Amazigh) près de Tablat, Mizrana en Kabylie et tribu des Mezghena près d’Alger ; les pharaons (A) man-as (ses eaux à lui) en relation avec In Amenas dans le Sahara algérien, Djer (grand, géant en berbère ancien) en relation avec Adrar N’DjerDjer (Djurdjura), Oued Djer, Amjer (comme un géant) dans le Tassili ; Amen-fer devenu Memphis (à l’abri des eaux) en relation avec Ifri (grotte), Fren-da (se sont cachés là), Tafraoui (les grottes), etc.
Les chasseurs cueilleurs qui ont quitté leurs territoires de la région centrale de l’Afrique du Nord pour aller s’installer sur les rives du Nil, suite à l’assèchement climatique qu’a connu la région ne se doutaient pas que leur descendance allait être à l’origine non seulement de l’une des plus grandes civilisations de l’histoire de l’humanité mais aussi des deux premières religions monothéistes : le judaïsme et la christianisme. Le judaïsme par les descendants des prêtres monothéistes ayant été contraint à l’exode par le clergé polythéiste sous la direction du prophète Moïse (Moussa pour ses congénères). Le christianisme, suite à la rébellion contre le judaïsme, jugé trop sectaire, du prophète Jésus-Christ (appelé Aïssa par ses congénères), par les descendants des prêtres monothéistes qui se sont installés en terre de Canaan. Il est important de relever que Moïse, premier prophète monothéiste, demandait à ses fidèles de ponctuer ses prières par le mot Amen lors de la traversée du Sinaï (Ancien Testament, Deutéronome 27-15). De même que dans le premier commandement, il est relevé que le premier mot prononcé par Dieu est « Anekhi » qui signifie dans tous les parlés berbères » Je suis » ou » C’est moi « . (Exode 20-2).
Entretien réalisé par Brahim Saci
Khelifa Mahieddine, L’Epopée berbère, éditions Arabesques. Tunis – 2023