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États-Unis : Trump veut suspendre l’immigration des « pays du tiers monde »

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Trump veut « dénaturaliser les migrants qui nuisent à la tranquillité intérieure ». Photo DR

Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi 27 novembre une nouvelle orientation radicale, voire fascisante, en matière d’immigration, notamment en provenance des pays du tiers monde.

Dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, il a déclaré vouloir instaurer une suspension définitive de l’immigration en provenance des « pays du tiers monde ». Une déclaration qui, au-delà de son impact politique immédiat, résonne avec des épisodes historiques inquiétants.

Une politique de « dénaturalisation » aux accents historiques

Trump promet non seulement de mettre fin aux admissions jugées illégales, mais aussi de « dénaturaliser » les migrants considérés comme nuisibles à la tranquillité intérieure, ou incompatibles avec « la civilisation occidentale ». Cette rhétorique rappelle directement les politiques menées par les régimes fascistes et nazis dans les années 1930 et 1940.

À l’époque, l’Allemagne nazie avait adopté des lois visant à retirer la citoyenneté aux juifs et à d’autres minorités, les excluant progressivement de la communauté nationale avant de les persécuter. En Italie fasciste, des mesures similaires avaient été prises contre les juifs et les opposants politiques, les privant de leurs droits civiques et de leur appartenance à la nation.

Sous le régime de Vichy, le maréchal Pétain a lui aussi instauré une politique de dénaturalisation visant les juifs, en annulant des milliers de naturalisations accordées depuis 1927. Cette mesure a contribué à les marginaliser juridiquement et socialement, ouvrant la voie aux persécutions et aux déportations.

En évoquant la « dénaturalisation » comme outil politique, Trump s’inscrit dans une logique qui rappelle ces mécanismes d’exclusion : définir qui mérite ou non d’appartenir à la communauté nationale, et utiliser la citoyenneté comme instrument de contrôle idéologique.

Une « migration inverse » qui évoque les expulsions massives

Le président présente sa stratégie comme une « migration inverse », censée rétablir la stabilité nationale. « Seule la migration inverse peut remédier pleinement à cette situation. », écrit-il. Cette idée de renvoyer des populations entières hors du territoire rappelle les politiques d’expulsion et de déplacement forcé menées par les régimes autoritaires du XXe siècle.

Dans l’Allemagne des années 1930, les juifs et autres minorités étaient progressivement exclus de la vie publique, puis contraints à l’exil ou déportés. En Europe fasciste, les politiques de purification nationale s’appuyaient sur des expulsions massives, justifiées par la défense d’une civilisation prétendument menacée.

Une rhétorique identitaire et électorale

Trump accompagne ses annonces d’un message de fête, souhaitant un « joyeux Thanksgiving » tout en menaçant ceux qu’il accuse de « haïr, voler, assassiner et détruire tout ce que l’Amérique représente ».

« À part cela, joyeux Thanksgiving à tous, sauf à ceux qui haïssent, volent, assassinent et détruisent tout ce que l’Amérique représente, vous ne resterez pas ici longtemps ! », écrit le président américain.

Cette juxtaposition de célébration et de menace illustre une stratégie politique qui mêle identité nationale et exclusion.

Comme dans les régimes autoritaires du siècle dernier, la rhétorique sert à galvaniser une majorité supposée contre des minorités désignées comme ennemies. La citoyenneté devient un privilège conditionnel, et non un droit garanti.

Un contexte sécuritaire instrumentalisé

Ces déclarations interviennent au lendemain d’une attaque près de la Maison Blanche, attribuée à un ressortissant afghan. Les autorités ont immédiatement suspendu toutes les procédures d’immigration pour les Afghans.

L’événement est utilisé comme justification pour durcir encore davantage la politique migratoire, un procédé qui rappelle l’exploitation des crises par les régimes fascistes pour légitimer des mesures liberticides.

Une mise en garde historique

La suspension définitive de l’immigration en provenance des « pays du tiers monde » constituerait une rupture majeure avec l’histoire des États-Unis, nation bâtie sur l’accueil de populations venues du monde entier. Mais au-delà de l’impact immédiat, les parallèles avec les politiques de dénaturalisation et d’exclusion du XXe siècle doivent alerter.

Comme le souligne l’histoire, la privation de citoyenneté et l’expulsion de populations entières ont été les premiers jalons vers des dérives autoritaires et des persécutions massives. La rhétorique actuelle, en ciblant des catégories entières de personnes, réactive des mécanismes qui ont marqué les heures les plus sombres du siècle dernier.

Saïd Aklid

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