La carrière de Boudji, dont le vrai nom est Boudjemaâ Zennouche, originaire du village Aït Laziz, commune d’Akbil, daïra d’Ouacif (At Wasif), wilaya de Tizi-Ouzou, s’inscrit dans un parcours à la fois riche et profondément motivant, qui dépasse largement les cadres traditionnels de la musique.
Bien plus qu’un simple chanteur, Boudji est un artiste pluriel, dont le cheminement personnel et professionnel reflète une quête permanente de sens, de liberté et de dialogue interculturel.
Son surnom, « l’homme international », ne relève pas du hasard : il incarne parfaitement la richesse de son vécu, la variété de ses influences et l’ouverture universelle de sa création.
Ce titre met en lumière son enracinement dans plusieurs univers simultanément : celui de ses racines kabyles, celui de la France où il a choisi d’exprimer son art, ainsi que celui, plus étendu, des langues et sonorités qu’il explore. Chanter en kabyle, français, arabe, russe et anglais ne constitue pas pour lui un simple exercice stylistique : c’est un moyen de faire dialoguer les peuples, de tisser des ponts entre les mémoires et de porter une voix qui dépasse les barrières linguistiques et culturelles.
De la science à l’art : un parcours exceptionnel
Le chemin de Boudjemaâ Zennouche, dit Boudji, ne se limite pas à la scène musicale. Il est le fruit d’un parcours intellectuel et humain hors norme. Diplômé en génie nucléaire, il a d’abord évolué dans le monde rigoureux de la science, avant de s’orienter vers l’art avec la même rigueur et passion. Cette évolution, loin d’être une rupture, révèle une personnalité curieuse, audacieuse et profondément libre, capable de marier précision analytique et sensibilité créative.
Son œuvre, qu’elle soit musicale, cinématographique ou littéraire, est animée par une volonté constante de témoigner, transmettre et s’engager. Elle reflète une vision humaniste, tournée vers la tolérance et la paix. À travers ses chansons, ses films et ses interventions, Boudji rappelle sans cesse que l’art peut devenir un puissant levier de transformation sociale, un espace de résistance et un vecteur de réconciliation.
Un artiste au carrefour des cultures
Boudji s’est imposé comme auteur-compositeur-interprète dans le domaine de la musique du monde. Sa particularité réside dans sa capacité à chanter dans plusieurs langues, kabyle, français, arabe, anglais, russe, ce qui lui permet de toucher un public large et diversifié. Son style, mélangeant genres exotiques et rythmiques dynamiques, reflète son parcours cosmopolite. En plus de trente ans de carrière, il a donné de nombreux concerts en France et à l’étranger, et a opté pour l’auto-production sur plusieurs de ses créations, affirmant ainsi son indépendance artistique.
Ce qui rend son profil particulièrement captivant, c’est cette polyvalence. Détenteur d’un diplôme en génie nucléaire, il a d’abord exercé comme ingénieur au Centre nucléaire d’Alger avant de se consacrer à l’art. Il a ensuite suivi des études de cinéma à Paris, où l’un de ses documentaires a reçu un prix. Cette combinaison rare d’un passé scientifique et d’une carrière artistique témoigne de son désir constant d’apprendre et de s’exprimer à travers diverses formes.
L’art de Boudji ne se limite pas à la musique. C’est également un humaniste engagé, qui met sa voix au service de causes qui lui tiennent à cœur. Son implication dans la lutte contre le racisme en est un exemple marquant : en partageant son expérience avec des élèves, il transforme son histoire en un outil de sensibilisation et d’éducation. Cette dimension est directement liée à sa musique, qu’il considère comme un « plaidoyer pour la paix ».
Une musique sans frontières
L’essence de l’identité artistique de Boudji réside dans sa musique du monde, une fusion de sonorités qui dépasse les limites géographiques. Il compose et interprète ses titres en kabyle, français, arabe et anglais. Cette maîtrise linguistique, bien plus qu’une simple prouesse technique, reflète ses origines et son parcours. Elle lui permet d’établir des passerelles culturelles. Son style, mêlant rythmes exotiques et mélodies romantiques, a su séduire un public varié au cours de ses nombreux concerts en France et à l’étranger.
Au-delà de ses plus de trente années de scène, Boudji a choisi l’auto-production pour plusieurs de ses œuvres, dont une cassette et un CD, affirmant ainsi son autonomie et son souhait de garder le contrôle sur son processus créatif. Mais son engagement dépasse le cadre musical : il utilise son art comme un « chant pour la paix » et s’investit dans des causes sociales, notamment la lutte contre le racisme, en partageant son témoignage avec les jeunes. Cette approche multiple fait de lui bien plus qu’un musicien : un véritable ambassadeur des cultures.
La musique comme vecteur de paix
L’engagement est au cœur de l’identité artistique de Boudji. Refusant de se cantonner à la musique, il mobilise son expérience et sa voix pour défendre des causes qui lui sont chères. Son action contre le racisme, via des interventions auprès d’élèves, illustre sa volonté de transformer son vécu en levier pédagogique. Pour lui, l’art constitue un outil d’action sociale, un moyen de faire évoluer les mentalités.
Cette dimension militante imprègne profondément ses créations. Boudji considère sa musique comme un « message pacifiste », un vecteur de compréhension interculturelle et de dénonciation des injustices. Sa capacité à chanter en kabyle, français, arabe et anglais dépasse le simple talent linguistique : elle incarne un message d’ouverture et de tolérance. Ses chansons reflètent ses convictions, transformant chaque mélodie en un vibrant appel à l’unité et au respect mutuel.
Boudji n’est pas qu’un chanteur : il est un créateur complet, un homme-orchestre aux talents multiples qui s’expriment au travers d’une palette artistique étonnamment riche. Son parcours intellectuel, musical et cinématographique témoigne d’une richesse culturelle exceptionnelle, nourrie par des expériences personnelles et professionnelles traversant les frontières, les disciplines et les langues. Son surnom, « l’homme international », n’est pas un simple effet de style, mais reflète fidèlement la diversité de ses influences, la pluralité de ses expressions et la portée universelle de son message.
Un pont entre science et création
Ce qui rend Boudji unique, c’est le lien qu’il a su bâtir entre des univers a priori opposés. Son parcours commence dans le domaine scientifique : diplômé en génie nucléaire, il a travaillé comme ingénieur au Centre nucléaire d’Alger. Ce passé témoigne d’une rigueur intellectuelle et d’une grande capacité analytique. C’est cependant en France qu’il choisit de se réinventer en laissant libre cours à sa sensibilité artistique. Ne se limitant pas à la musique, il suit une formation en cinéma à Paris et remporte un prix pour l’un de ses documentaires.
Cette transition entre science et expression artistique ne constitue pas une simple reconversion, mais traduit une soif d’apprentissage et un besoin profond de s’exprimer sous diverses formes. Qu’il s’agisse d’équations ou de mélodies, l’ambition de Boudji demeure constante : explorer, créer, transmettre. Cette polyvalence fait de lui un artiste complet, capable de puiser dans des disciplines variées pour enrichir sa production.
Une voix qui relie les mondes
Par sa musique, Boudji ne se contente pas de divertir : il raconte, transmet et unit. Chanter en kabyle, français, arabe et anglais ne relève pas seulement d’une prouesse technique, mais constitue un acte symbolique fort, une manière de tisser des liens entre les cultures et de faire entendre une voix universelle. Ses compositions, souvent imprégnées de rythmes du monde et de mélodies sensibles, traduisent une volonté de dialogue et de paix. Elles incarnent un engagement sincère, une quête de sens et un désir d’utiliser l’art comme vecteur de compréhension mutuelle.
Mais Boudji ne s’arrête pas à la musique. Son intérêt pour le cinéma, concrétisé par une formation à Paris et par la réalisation de documentaires primés, révèle une autre facette de son talent : celle du regard, de la narration visuelle et de la mémoire collective. Ses films prolongent son engagement artistique en abordant des thématiques sociales, culturelles et humaines, toujours avec cette même volonté de témoigner, éveiller et rassembler.
Son parcours, qui débute dans les sciences exactes avec un diplôme en génie nucléaire et une carrière d’ingénieur au Centre nucléaire d’Alger, puis bifurque vers les arts, illustre une personnalité curieuse, rigoureuse et profondément libre. Ce passage du scientifique à l’artiste n’est pas une rupture, mais une continuité : une manière de mettre son intelligence analytique au service de la création et sa sensibilité au service de la réflexion.
Boudji incarne une vision artistique globale et humaniste. Il est à la fois le témoin de son temps, le passeur de cultures et le bâtisseur de ponts entre les univers. Son œuvre, qu’elle soit musicale, écrite ou filmée, est animée par une même énergie : celle de l’ouverture, de la tolérance et de l’engagement. « L’homme international » n’est pas seulement un surnom : c’est une identité, une mission, une manière d’être au monde, une voix qui continue inlassablement à relier les êtres au-delà des frontières.
Brahim Saci