Nous reproduisons ci-dessous le témoignage du doctorant en sociologie à l’Université Abderrahmane Mira de Béjaïa, Samir Larabi, sur le blocage arbitraire et non justifié de la soutenance de sa thèse.
Samir Larabi y dénonce l’ « abus de pouvoir », la « hogra » et l’ « atteinte aux libertés académiques » exercés par le recteur de l’Université de Béjaïa et le vice-recteur chargé de la post graduation, responsables, selon selon lui, du blocage de sa soutenance. Document
À travers ce modeste texte que je rends public aujourd’hui, lundi 24 novembre 2025, je mets fin à un long silence sur les abus de pouvoir dont je suis victime au sein de l’Université Abderrahmane Mira-Béjaïa. J’accuse haut et fort l’administration rectorale de l’université du blocage illégal de ma demande de soutenance de doctorat en sociologie, dont les responsables principaux ne sont autres que l’actuel recteur (B. A.) et son vice-recteur chargé de la post‑graduation (K. I). Une déclaration publique qui intervient après avoir épuisé toutes les voies de recours depuis la rentrée universitaire 2023/2024.
En effet, ces deux responsables de l’Université de Béjaïa se sont distingués par leur mépris à mon égard en bloquant arbitrairement ma soutenance, en censurant ma thèse, en piétinant les lois en vigueur, en refusant de me fournir des réponses écrites face à mes multiples demandes, et en distillant des mensonges au nom des services de sécurité… dont l’objectif est de briser la carrière d’un jeune chercheur en sociologie et d’empêcher les acteurs de la recherche de contribuer à produire de la connaissance scientifique sur nos sociétés. Des pratiques abominables qui ouvrent la voie à de graves dérives au nom des institutions de la République et au détriment du contenu de ma thèse de doctorat, laquelle déconstruit le savoir néocolonialiste produit sur notre pays, notamment sur la région de Kabylie.
Je défie mes détracteurs de déposer plainte auprès de la justice si mes propos sont diffamatoires ou contraires à la réalité. Mais ils doivent d’abord justifier formellement et publiquement comment une thèse de doctorat déposée en date du 8 juin 2023 via la plateforme PROGRES n’a pas encore fait l’objet de soutenance à ce jour (29 mois). Ils doivent également expliquer comment une thèse de doctorat a fait l’objet de trois validations de la part du conseil scientifique de la faculté des sciences humaines et sociales (CSF) de l’Université de Béjaïa. C’est du jamais vu dans les annales de l’histoire de l’enseignement universitaire en Algérie et dans le monde.
Ces responsables doivent aussi fournir leurs réserves scientifiques concernant mon travail académique validé par mon encadrant et les conseils scientifiques de la faculté (CSD et CSF), sachant que ces messieurs de l’administration rectorale sont de formation technique et n’ont rien à voir avec le champ des sciences sociales.
Étant donné leur incapacité à trouver des failles dans mon travail académique et qu’aucune réserve scientifique ne pouvait être émise, il fallait trouver un subterfuge : m’accuser de « rage » pour justifier leur sale besogne. En effet, ces deux responsables ont justifié dès le début le blocage de ma thèse auprès des responsables de la faculté des sciences humaines et sociales en affirmant que « les services de sécurité ont émis des réserves sur le contenu de ma thèse », bien sûr des réserves que j’ignore, non écrites et qui n’ont rien à voir avec le champ du savoir sociologique. Cependant, il faut préciser que ces dits « services » n’ont produit aucun rapport au sujet du contenu de ma thèse : c’est un pur mensonge. L’objectif de ces mensonges est de me stigmatiser vis‑à‑vis de mes collègues, d’instaurer un climat de terreur et de justifier l’atteinte aux libertés académiques. Encore une fois, ce que j’avance est documenté et des preuves existent. Vouloir impliquer les institutions sécuritaires dans des situations d’abus de pouvoir caractérisé relève du pénal et une enquête doit être diligentée sur cette question.
Malgré l’illégalité et le caractère abusif de la « procédure » engagée par le rectorat, et la mort dans l’âme, j’ai accepté par la force des choses de censurer ma propre thèse de doctorat, tel qu’exigé par ces responsables. Cependant, malgré les multiples modifications que nous avons opérées (chapitres censurés et intitulé de la thèse modifié) en février 2024, la situation n’a pas évolué d’un iota. Au contraire, ils se sont acharnés davantage.
Quelques mois après le dépôt de la nouvelle mouture de la thèse, le vice‑recteur chargé de la post‑graduation nous demande encore une fois d’autres rectificatifs, chose que nous avons faite sans tarder. En effet, après la troisième validation du conseil scientifique de la faculté (CSF), j’ai déposé une énième fois mon dossier le 8 octobre 2024 auprès des services de la DPGR de la faculté des sciences humaines et sociales. Un dossier transmis par la PGR de la FSHS aux services du vice‑rectorat chargé de la post‑graduation, précisément le 22 octobre 2024.
Quatre mois après la réception de mon énième nouveau dossier par les services du vice‑rectorat, ma demande n’a pas été traitée. La seule réponse verbale fournie par ses services est que le vice‑recteur est « occupé ». Une validation qui demande autant de temps ? Franchement, ces pratiques n’honorent aucunement l’institution universitaire à laquelle nous appartenons tous. Rien au monde ne justifie que l’administration prenne en otage un travail scientifique qui m’a pris plus de cinq ans de ma vie et entrave l’avenir académique d’un jeune chercheur algérien.
Pire encore, après avoir saisi par écrit le ministère de tutelle concernant ces abus de pouvoir, le recteur s’est acharné davantage. Il a saisi le conseil scientifique de l’université (CSU) qu’il préside pour « décréter » que ma thèse ne saurait faire l’objet de soutenance, et ce, en date du 29 mai 2025. Le hic, c’est que le CSU n’a pas le droit de statuer sur ce genre d’affaires, mon cas n’apparaît pas dans l’ordre du jour et aucun membre du CSU n’a lu ma thèse. Il faut signaler que 99 % de la composante de ce CSU ne sont ni sociologues ni spécialistes des mouvements sociaux, donc ils n’ont pas les compétences scientifiques requises pour évaluer ma thèse.
Les arguments avancés dans le PV du CSU sont plus que farfelus et aucun argument scientifique n’a été avancé. Ce qu’ils considèrent comme « arguments » ou « motifs » n’est que langue de bois propre à une bureaucratie décadente. Tenez‑vous bien, ils considèrent que mon travail de recherche porte un caractère « sensible » et « contraire aux valeurs de la Constitution algérienne, notamment énoncées dans l’article 9 ». À suivre leur logique, on devrait fermer tous les départements de sociologie à l’échelle nationale.
Enfin, après avoir épuisé toutes les voies de recours, j’ai décidé de dénoncer publiquement les agissements de ces deux hauts responsables de l’Université de Béjaïa, à savoir le recteur et son vice‑recteur chargé de la post‑graduation, dont l’avenir des doctorants et des enfants du peuple se résume à un jeu de « ping‑pong ».
Cependant, leur arrogance les a longtemps aveuglés : ils ne savent pas qu’ils jouent à la « roulette russe » en voulant m’humilier et en me méprisant davantage.
Affaire à suivre…
Samir Larabi
Béjaïa, le 24 novembre 2025.


