À Oran, dans l’écrin du stade Miloud Hadefi, l’Algérie a composté son billet pour la Coupe du monde 2026 après sa victoire nette face à la Somalie (3-0), à l’occasion de l’avant-dernière journée des éliminatoires africaines.
Une qualification logique, acquise sans forcer, mais qui laisse planer bien des interrogations sur le fond de jeu et la solidité du collectif.
Comme souvent ces derniers mois, la lumière est venue de Mohamed Amine Amoura. Le virevoltant attaquant du VfL Wolfsburg a ouvert le score dès la 7ᵉ minute, sur un centre millimétré du capitaine Riyad Mahrez. Toujours aussi tranchant, Amoura a donné le ton d’une soirée qui semblait promise aux Verts.
Quelques minutes plus tard, Mahrez doublait la mise (19ᵉ) d’un superbe tir du pied gauche, un bijou technique dont lui seul a le secret. L’Algérie menait 2-0 et semblait se diriger vers une victoire tranquille. Seule ombre au tableau : la précipitation dans le dernier geste, notamment de Baghdad Bounedjah, qui aurait pu alourdir le score avant la pause.
Amoura, encore et toujours
Au retour des vestiaires, les hommes de Vladimir Petkovic poursuivaient leur domination sans réellement accélérer. Et c’est encore Amoura, dans tous les bons coups, qui inscrivait le troisième but à la 57ᵉ minute, scellant définitivement le sort de la rencontre.
Face à une équipe somalienne courageuse mais limitée techniquement et contrainte de recevoir “à l’extérieur” à Oran, faute de stade homologué, les Fennecs ont déroulé sans briller. Petkovic en a profité pour faire tourner son effectif, offrant du temps de jeu à plusieurs éléments offensifs, dont le jeune Maza, auteur d’une entrée remarquée au milieu de terrain. Vision du jeu, justesse technique, aisance dans la relance : le joueur a séduit observateurs et supporters par sa maturité.
Qualification assurée, questions ouvertes
Si le résultat ne souffre d’aucune contestation, le contenu, lui, interpelle. La défense algérienne reste fébrile, la charnière centrale manque d’assurance, et le milieu de terrain peine toujours à construire et à alimenter efficacement la ligne d’attaque. Le déséquilibre est manifeste : lourdeur dans les transitions, manque d’inspiration et absence de créativité pèsent encore sur le jeu collectif.
L’entrée de Maza a apporté un semblant d’équilibre, mais le chantier demeure immense. Vladimir Petkovic et son staff ont du pain sur la planche pour hisser cette équipe au niveau des grandes nations qu’elle croisera au Mondial américain.
Une qualification sans liesse populaire
Malgré cette cinquième qualification de l’histoire de l’Algérie pour une phase finale de Coupe du monde, la liesse populaire n’a pas été au rendez-vous. Contrairement aux précédentes épopées, peu de scènes de joie dans les rues du pays. Une forme de réserve, presque de lucidité collective, semble s’être installée.
Est-ce la formule actuelle des éliminatoires, plus abordable qu’autrefois en l’absence de matchs de barrage, qui a atténué la ferveur populaire ? Ou simplement le signe que le public algérien, exigeant et passionné, attend davantage d’une équipe qui peine encore à séduire ? Connaisseurs du beau jeu, les supporters d’El Khadra demeurent sceptiques quant à la capacité de ce groupe à briller lors de la prochaine CAN au Maroc ou à exister réellement sur la scène mondiale.
L’Algérie sera bien du voyage américain, mais le rêve, à lui seul, ne suffira pas. Il faudra du travail, des choix forts et une véritable identité de jeu pour espérer rivaliser avec les grandes nations. Les Fennecs ont franchi la porte du Mondial, certes, mais pour atteindre les sommets, il leur faudra désormais apprendre à voler plus haut ensemble et avec les meilleurs !
Hamid Banoune