Bessaih Khaled Rochedi, dit Rochedi Bessaih, est un artiste peintre et musicien auteur-compositeur-interprète algérien, né à Paris.
Le parcours de l’artiste peintre et musicien Rochedi Bessaih est à l’image de son œuvre : libre, hybride, profondément humain et ouvert aux influences. Après un baccalauréat en lettres obtenu à Alger, il entame des études de droit avant de bifurquer vers l’École supérieure des Beaux-Arts d’Alger. Il y réalise cependant rapidement que l’art ne se limite pas à l’enseignement académique, et qu’il doit aussi se vivre, s’expérimenter au-delà des murs et des carcans.
C’est ainsi qu’il s’envole pour Paris, ville-monde, où il reste plus de sept années, explorant les dimensions humaines, artistiques et sensibles de la vie, nourrissant son double amour pour la peinture et la musique. De retour en Algérie en 2006, sa rencontre avec le peintre Farid Benyaa agit comme un catalyseur : il reprend ses pinceaux, plonge dans l’univers de la figuration libre, et développe un langage pictural unique à base de peinture à l’huile. En parallèle, il obtient une licence en droit en 2010, sans pour autant délaisser sa voie artistique. Le 28 février 2015, il inaugure sa propre galerie, la Galerie Rochedi, un espace entièrement dédié à sa vision de l’art.
Les œuvres de Rochedi Bessaih, telles que celles présentées ici, se distinguent d’emblée par leurs lignes étirées, leurs visages allongés et mélancoliques, et cette poétique de l’exagération corporelle qui évoque à la fois la caricature et la grâce. Chaque tableau semble osciller entre le rêve, le théâtre et l’absurde, à la frontière du surréalisme et de la bande dessinée poétique. Les couleurs sont riches, vibrantes, souvent chaudes, dominées par des rouges profonds, des ocres, des bruns, ou des bleus froids plus introspectifs.
Il y a dans ses personnages une dimension profondément humaine : ils fument, boivent, dansent, rêvent, méditent ou sombrent dans la torpeur. Ils sont seuls ou en groupe, élégants ou désinvoltes, mais toujours porteurs d’une charge émotionnelle subtile. Les visages sont à demi-clos, les regards absents ou tournés vers l’intérieur. On retrouve parfois des éléments d’un cabaret expressionniste, ou d’un univers à la Fellini, mais vu au travers d’un prisme algérien contemporain.
Certaines œuvres tendent vers une narration fantastique, voire onirique : on y voit des personnages traversant des villes déformées, ou jouant d’instruments impossibles, ou encore fusionnant avec des animaux aux formes baroques. La distorsion des corps évoque un monde en transformation, instable, malléable, comme un rêve éveillé. Dans d’autres, les scènes intimistes, presque théâtrales, nous plongent dans l’observation des émotions humaines : désir, ennui, complicité, solitude.
L’univers de l’artiste peintre et musicien Rochedi Bessaih n’est pas seulement visuel, il est également sonore, traversé par la musicalité de son autre passion : la chanson. Il est aussi homme de mots et de voix, et cela transparaît dans sa peinture : les gestes sont chorégraphiés, les postures musicales, les couleurs vibrent comme des notes.
Rochedi Bessaih s’inscrit ainsi dans cette lignée d’artistes pluridisciplinaires pour qui la peinture n’est pas une fin, mais un médium parmi d’autres pour exprimer une vision du monde. Sa démarche artistique est à la fois contemporaine et intemporelle, enracinée dans l’imaginaire méditerranéen mais ouverte à l’universel.
Il puise autant dans les grandes figures de la peinture — de Modigliani à Schiele, en passant par Chagall ou Picasso — que dans les traditions populaires et les références culturelles algériennes. Cette double filiation nourrit profondément son travail et confère à son œuvre une richesse plastique et symbolique exceptionnelle.
Modigliani, avec ses visages allongés et ses formes épurées, semble résonner particulièrement dans ses portraits, où la distorsion élégante devient un langage émotionnel, exprimant à la fois la vulnérabilité et la noblesse de ses personnages. De même, l’expressionnisme torturé de Schiele trouve un écho dans la déformation corporelle, l’exagération des postures, qui traduisent l’intensité des états intérieurs, parfois douloureux, souvent passionnés.
Les touches poétiques et oniriques de Chagall, mêlant figures humaines et symboles flottants, traversent aussi ses compositions, introduisant une dimension magique et narrative, comme un pont entre réel et rêve, mémoire et imaginaire. Quant à Picasso, son exploration sans cesse renouvelée des formes, sa capacité à déconstruire le visible pour révéler l’essence des choses, résonnent dans la liberté formelle et la diversité des styles que Rochedi expérimente, de la figuration libre aux espaces déstructurés.
Au-delà de cet héritage artistique européen, Rochedi s’ancre avec force dans les traditions populaires algériennes — ses motifs, ses couleurs, ses rythmes évoquent la richesse d’une culture plurielle, où cohabitent héritages amazighs, arabe et méditerranéen. Cette dimension locale n’est pas un simple folklore, mais une matière vivante, recomposée, revisitée avec modernité, donnant à son œuvre une profondeur culturelle et identitaire.
Ce mélange des influences savantes et populaires, des références internationales et des racines algériennes, crée un style inclassable, qui échappe aux catégories figées. Son art est à la fois poétique et instinctif : il conjugue la maîtrise technique et la liberté d’expression spontanée, la réflexion consciente et l’intuition viscérale. Cette alchimie donne à ses toiles une puissance évocatrice singulière, où chaque élément – forme, couleur, texture – semble chargé d’une signification multiple, à la fois intime et universelle.
En somme, l’artiste peintre et musicien Rochedi Bessaih s’inscrit dans une démarche artistique où les frontières s’effacent, où les influences se croisent et s’enrichissent mutuellement, révélant la complexité du monde contemporain et l’aspiration d’un artiste à dire son époque avec originalité et profondeur.
L’univers musical de Rochedi Bessaih
De la même manière, son univers musical n’est pas cloisonné : il s’inscrit dans une tradition riche et éclectique, nourrie par des courants très divers qui traversent les continents et les époques. On y perçoit d’abord une forte influence du folk anglo-saxon, avec son approche intimiste, la simplicité acoustique qui laisse toute la place à la voix et à l’émotion, à l’image de grands maîtres comme Nick Drake ou Joni Mitchell, dont la sensibilité et la finesse d’écriture ont marqué plusieurs générations.
Le blues est également une pierre angulaire de son expression musicale, ce style originel qui mêle douleur et espoir, et qui a influencé tant de guitaristes légendaires tels que B.B. King, Robert Johnson, ou plus récemment Eric Clapton. Comme eux, Rochedi sait faire vibrer ses cordes avec une justesse et une nuance qui transcendent la technique pour toucher directement l’âme de l’auditeur.
Mais son répertoire s’élargit encore, intégrant la douceur mélodique et harmonique de la chanson française — une filiation qui rappelle des artistes comme Georges Brassens ou Jacques Brel, où le texte, la poésie, prennent une place centrale. Par ailleurs, la bossa nova apporte dans ses compositions une légère touche d’exotisme, un rythme chaloupé et une sophistication harmonique évoquant les œuvres de João Gilberto ou Antonio Carlos Jobim, qui mêlent finesse et élégance.
Le rock indépendant vient compléter ce spectre musical, avec son énergie souvent contenue mais toujours intense, proche d’artistes tels que Radiohead ou The National, qui savent allier modernité sonore et profondeur émotionnelle.
Au-delà de ces influences occidentales, il serait incomplet de ne pas évoquer l’impact d’artistes comme Bob Marley, dont la musique reggae a transcendé les frontières pour devenir un hymne universel de paix, de résistance et d’humanité. Ce souffle de liberté, cette vibration qui relie les peuples, s’inscrit également dans l’ADN musical de Rochedi, qui mêle à ses propres compositions cette dimension spirituelle et rassembleuse.
Dans sa manière de jouer de la guitare et d’interpréter ses chansons, on peut sentir un lien avec certains des plus grands guitaristes : la précision expressive et la douceur mélancolique de Mark Knopfler, la délicatesse intuitive de David Gilmour, ou encore la capacité d’Al Di Meola à marier virtuosité et émotion. Tous ces artistes partagent cette même capacité à faire de leur instrument un prolongement de leur voix intérieure, une langue universelle.
L’écoute du monde par Rochedi est ainsi globale, ouverte à toutes les influences, qu’elles soient traditionnelles ou contemporaines, occidentales ou méditerranéennes, populaires ou sophistiquées. Cette diversité ne se limite pas à un simple collage de styles, mais se transforme en une restitution profondément personnelle, où chaque élément s’intègre naturellement dans un univers cohérent, chargé de sens et d’authenticité.
Cette richesse musicale est indissociable de sa démarche picturale, et c’est précisément ce mélange des arts, cette transversalité créative, qui fait de Rochedi Bessaih un artiste éclectique, singulier, capable de toucher un public multiple en parlant plusieurs langues artistiques à la fois.
Son apport à la scène artistique algérienne est majeur : il contribue à ouvrir des voies nouvelles, où l’artiste n’est plus enfermé dans une seule forme d’expression, mais libre de circuler entre les langages — image, texte, son. Il incarne cette génération de créateurs autonomes, éclectiques, connectés à l’international tout en restant enracinés dans leur territoire.
Par son engagement dans la création de sa propre galerie, il agit aussi comme passeur, comme facilitateur culturel, soutenant une dynamique locale tout en contribuant à faire rayonner une certaine idée de l’art algérien contemporain, affranchi des cadres figés.
Son impact culturel est indéniable : par sa galerie, il contribue activement à l’émergence de l’art contemporain algérien. Son œuvre, profondément singulière, mérite une exposition bien plus large à l’international, tant elle porte une voix différente, audacieuse, et terriblement nécessaire dans un monde saturé d’images standardisées.
Rochedi Bessaih est de ces artistes rares dont le style se reconnaît instantanément, dont les tableaux racontent mille choses sans jamais tomber dans la redondance ou le bavardage. Il nous invite à réapprendre à regarder autrement, à écouter le silence des couleurs, à voir l’humain dans ses courbes et ses mystères. Un artiste à découvrir absolument, et surtout à suivre.
L’univers musical de Bessaih Khaled Rochedi, révélé à travers sa chaîne YouTube officielle (un passage précieux qui permet d’écouter sa voix, ses compositions et ses reprises), permet de découvrir un artiste profondément sensible et polyvalent, à la fois musicien auteur-compositeur-interprète et peintre, qui nous entraîne dans un voyage musical intime et varié.
Parmi ses réalisations filmées, on trouve :
- Covers acoustiques : comme “Sultan of Swing”, “Cliffhanger” ou “The Cathédrale” (reprises du groupe Cocoon), qui témoignent d’une certaine aisance pour réinterpréter des morceaux avec délicatesse et émotion.
- Titres originaux : “Follow Me”, “Pretty Soul”, “Poor Earth”… autant de chansons au style distinct, mélangeant poésie, mélancolie et introspection, portées par sa voix et une ambiance intimiste.
- Collaborations : avec la chanson “TakeMy Hand” aux côtés de Sonia, et un poème mis en musique (“Nous nous sommes échangé”, en collaboration avec Leila B.M.), l’artiste montre qu’il aime partager, dialoguer, créer en duo.
Sa musique reflète la même sensibilité créative que sa peinture : un univers intimiste, chaleureux, tendu entre rêve et réalité, porté par des paroles soigneusement écrites et un sens de l’interprétation sobre et juste. On y perçoit une atmosphère de douceur, de nostalgie, parfois de tendre mélancolie — toujours habitée d’une authenticité rare.
Ce qui fait du peintre et musicien Rochedi Bessaih un artiste véritablement éclectique, c’est cette capacité à tisser des ponts constants entre les disciplines, à inscrire chaque œuvre dans une dynamique de rencontre : entre l’image et le son, entre le visible et l’indicible, entre l’ici et l’ailleurs. À travers ses toiles comme ses chansons, il bâtit un art vivant, incarné, total.
Brahim Saci
La page youtube de l’artiste peintre et musicien Rochedi Bessaih :
www.youtube.com/watch?v=6m4KUbZO6Kg