Marc Brencklé, professeur de physique au collège Fabien de Saint-Denis aujourd’hui à la retraite, incarne une passion renouvelée pour la création artistique, qu’il cultive avec un regard forgé par des décennies de rigueur scientifique.
Encouragé par son épouse Christiane et son fils Éric, Marc Brencklé a su transmettre cette passion de la création artistique à sa petite-fille Anaïs. Installé désormais en Alsace, ce passionné d’art abstrait s’est fait une place singulière dans le paysage culturel local. En 2019, il a participé à la 3e édition de Jardin’art à Epfig, organisée par l’association Embelliflore, où il a présenté une série de toiles mêlant ses propres œuvres à celles prêtées par des amis, offrant un panorama riche et diversifié de l’art abstrait.
Ce qui distingue Marc Brencklé, c’est avant tout son désir de partage et de transmission. Par des ateliers interactifs destinés aux plus jeunes, il initie les enfants aux subtilités de la peinture abstraite, démystifiant cette forme d’art parfois perçue comme élitiste. Son œuvre se caractérise par une recherche constante d’équilibre entre intuition et méthode. Son bagage scientifique lui confère une précision dans la composition, un sens aigu de l’harmonie des couleurs, qu’il combine à la spontanéité propre à l’expression abstraite. Cette alchimie donne naissance à des toiles vibrantes, où la liberté du geste dialogue avec une structure rigoureuse, invitant le spectateur à une immersion à la fois sensible et intellectuelle.
Dans son atelier baigné de lumière, les murs tapissés de motifs répétitifs, d’hommages à la Joconde, de cercles concentriques ou de compositions explosives reflètent une créativité foisonnante. Certaines œuvres rappellent les principes du tangram, évoquant l’ordre dans la diversité, la joie dans la structure. Sa démarche pédagogique est exemplifiée par un panneau en hommage à Isaac Newton, accompagné d’une roue des couleurs fabriquée à la main, qui illustre de façon ludique et poétique comment la lumière blanche se décompose en arc-en-ciel. Cette œuvre-outil traduit sa volonté d’allier science et art pour rendre la connaissance accessible et vivante.
Malgré une notoriété modeste à l’échelle nationale, Brencklé est une figure active du paysage artistique alsacien. Par sa présence régulière lors d’expositions collectives et ses collaborations avec d’autres artistes locaux, il participe pleinement à la dynamique culturelle régionale. Son engagement dépasse la simple production artistique : il agit en passeur, facilitant échanges et découvertes entre générations et disciplines.
Marc Brencklé a commencé la peinture acrylique vers l’an 2000, au moment de sa retraite, poursuivant cette passion pendant une décennie, notamment lors des vacances scolaires passées avec sa petite-fille Anaïs. Ensemble, ils ont créé un tableau abstrait inspiré de Pollock, mêlant regards et spontanéité. D’autres œuvres, comme « Coucher de soleil dans le marais », ou des peintures sur paille réalisées par Anaïs, témoignent de ce lien artistique intergénérationnel. Aujourd’hui, moins disponible, il continue néanmoins de s’intéresser au dessin et à la peinture, explorant régulièrement de nouveaux sujets en fonction de ses envies et de celles de son entourage.
Son parcours artistique est marqué par une quête d’expression libre, sans contrainte ni style figé. « Je ne vends pas mes œuvres, je les donne », confie-t-il, refusant qu’on lui impose un sujet. Sa collection d’une centaine de toiles, rangée dans son grenier, est une réserve d’expérimentations qu’il offre volontiers à qui voudrait y puiser.
Marc Brencklé conserve environ cent tableaux dans son grenier, disponibles pour qui s’y intéresse, témoignant d’une production foisonnante et spontanée. Cette collection, à la fois personnelle et ouverte, s’apparente à une mémoire picturale vivante, un trésor silencieux où s’accumulent années d’expériences, d’essais, de jeux avec la couleur et la forme. Elle reflète une démarche profondément généreuse et libre, où l’art n’est pas conçu pour être possédé, mais partagé, offert à qui veut bien s’y plonger. C’est une réserve d’expérimentations, de fragments d’humeurs et de visions, qu’il offre volontiers à ceux qui croisent son chemin artistique ou humain.
Il privilégie la beauté des couleurs et l’esthétique des formes plus que la narration ou le message précis. Cette approche a été influencée par Marissal, qui enseigne à exprimer les émotions par la couleur plutôt qu’à imiter la nature.
Certaines de ses œuvres ont été accompagnées de légendes poétiques inspirées de la tradition japonaise, notamment le haïku, forme courte qui saisit un instant, une sensation fugace. Trois haïkus, en particulier, illustrent parfaitement sa démarche :
Sombre est la nuit
Le ciel séduit l’océan
De bleu fondu uni
Marais endormi.
Ciel plein de braises chargé
Pas un clapotis
Vallée assoupie
Réveille-toi sans tarder
Le monde prend feu
Ces vers capturent l’essence même de son art : une invitation à ressentir, à s’immerger dans des atmosphères et des émotions plutôt qu’à tout expliquer. Le mélange de la nuit, de l’eau calme, puis du feu naissant traduit cette quête d’émotion pure et de beauté suspendue. À l’image de ces haïkus, l’œuvre de Brencklé offre un espace de liberté, un terrain d’expérimentation sensible où la couleur et la forme parlent un langage émotionnel plus fort que les mots.
Ainsi, Marc Brencklé prouve que la création artistique, loin d’être réservée à une élite, est une aventure accessible à tous, où science et créativité peuvent s’enrichir mutuellement. Par son travail et son engagement dans la transmission, il invite chacun à redécouvrir la peinture abstraite sous un jour nouveau, comme un langage universel capable de tisser des liens entre savoirs, émotions et générations.
Brahim Saci