La Guinée-Bissau, petit État d’Afrique de l’Ouest déjà marqué par une histoire politique instable, vient de basculer une nouvelle fois dans la tourmente, suite à un coup d’Etat mené par des militaires.
Mercredi soir, un groupe d’officiers militaires s’est autoproclamé « Haut commandement militaire pour le rétablissement de la sécurité nationale et de l’ordre public », annonçant assumer les pleins pouvoirs de l’État. Dans la foulée, les frontières ont été fermées, les médias réduits au silence et un couvre-feu instauré dès 21 heures. Le processus électoral en cours, déjà tendu, a été brutalement interrompu.
Ce coup d’Etat survient alors que deux candidats revendiquaient chacun la victoire à la présidentielle en Guinée-Bissau : le président sortant Umaro Sissoco Embalo et l’indépendant Fernando Dias. Les résultats officiels n’avaient pas encore été proclamés, laissant planer une incertitude qui a ouvert la voie à ce coup de force.
L’Union africaine hausse le ton
Face à cette prise de pouvoir, la réaction de l’Union africaine (UA) a été immédiate. Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission, a condamné « sans équivoque » le coup d’Etat en Guinée-Bissau et exigé la libération du président déchu Embalo ainsi que des responsables détenus. Dans une déclaration ferme, il a rappelé la ligne de « tolérance zéro » de l’l’Union africaine (UA) face aux changements inconstitutionnels de gouvernement.
Youssouf a insisté sur l’importance de respecter le processus électoral et de maintenir l’ordre constitutionnel, soulignant que l’organisation panafricaine travaillera en étroite collaboration avec la CEDEAO et les partenaires internationaux pour restaurer la stabilité. Il a également réaffirmé le soutien de l’UA au peuple bissau-guinéen, engagé sur « la voie de la paix, de la stabilité et de la consolidation démocratique ».
Ghana et Nigeria en première ligne
La condamnation ne s’est pas limitée à l’UE. Le Ghana et le Nigeria, deux poids lourds de la région, ont réagi avec fermeté.
- Accra a dénoncé « une atteinte directe à la gouvernance démocratique », rappelant que ce coup d’État vient perturber un processus électoral jusque-là pacifique. Le gouvernement ghanéen appelle au rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et insiste sur la protection des observateurs électoraux de la CEDEAO, menés par l’ambassadeur Baba Kamara.
- Abuja, de son côté, exprime sa « profonde consternation » et avertit que les auteurs de ce coup devront répondre de leurs actes. Le Nigeria réaffirme son soutien au peuple bissau-guinéen et exige le respect des institutions démocratiques, mettant en garde contre le risque de chaos et l’effondrement des acquis démocratiques durement obtenus.
Une démocratie suspendue
Alors que les observateurs électoraux appellent l’UA et la CEDEAO à prendre des mesures rapides pour rétablir l’ordre constitutionnel, la Guinée-Bissau se retrouve plongée dans une incertitude politique et institutionnelle. Le pays, déjà fragilisé par des décennies de coups d’Etat et de transitions avortées, voit sa démocratie suspendue une fois de plus.
Ce nouvel épisode rappelle la fragilité des institutions dans plusieurs États d’Afrique de l’Ouest, où les militaires ont multiplié les prises de pouvoir ces dernières années, du Mali au Burkina Faso en passant par le Niger. La Guinée-Bissau, elle, s’ajoute à cette liste, confirmant une tendance inquiétante pour la stabilité régionale.
Rédaction/Agences

