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Le murmure du monde : Lecture de La gloire infinie de l’instant éphémère de Youcef Zirem

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Première de couverture du livre "La gloire infinie de l’instant éphémère" de l'écrivain Youcef Zirem

Dans La gloire infinie de l’instant éphémère, Youcef Zirem offre une œuvre à la fois intime et universelle, où la poésie devient refuge, mémoire et résistance. À travers une écriture libre et lumineuse, il célèbre les humbles, les exilés, les instants fugaces qui portent en eux une vérité profonde. Ce recueil, traversé par l’amour des siens et la sagesse des grands auteurs, nous invite à ralentir, à contempler, à retrouver la dignité dans la simplicité. Une ode à la beauté du monde, malgré ses douleurs.

La gloire infinie de l’instant éphémère, publié par Youcef Zirem chez Les Éditions du Net, est bien plus qu’un recueil de poésies, d’aphorismes et de méditations : c’est une traversée de l’âme, une cartographie sensible des émotions humaines. Dans cette œuvre profondément intime et résolument humaniste, Youcef Zirem nous invite à un voyage intérieur, où chaque mot semble pesé avec la gravité du vécu et la légèreté du rêve.

L’auteur y explore les méandres de l’exil, non pas comme une simple condition géographique, mais comme une expérience existentielle. L’exil devient ici le miroir de la mémoire, le lieu où les souvenirs d’enfance ressurgissent avec une intensité presque mystique. Les douleurs du déracinement ne sont jamais décrites avec amertume, mais avec une tendresse lucide, comme si l’éloignement du pays natal ouvrait paradoxalement la voie à une forme de réconciliation avec soi-même.

Ce qui frappe dans ce recueil, c’est la célébration de l’instant — cet instant éphémère, fragile, mais porteur d’une gloire infinie. Youcef Zirem capte la beauté dans le fugace, dans le tremblement d’une émotion, dans le silence d’un regard, dans la lumière qui traverse un souvenir. Loin d’être un simple assemblage de textes, le livre se lit comme un journal de l’âme, une quête spirituelle et poétique vers la lumière intérieure. Chaque page semble dialoguer avec les grandes voix de la sagesse universelle — Rûmî, René Char, Khalil Gibran — tout en gardant une voix singulière, enracinée dans la Kabylie et ouverte sur le monde.

À travers cette œuvre, Youcef Zirem ne cherche pas à convaincre, mais à éveiller. Il ne proclame pas, il murmure. Il ne s’impose pas de vérité, il propose des éclats de sens. La gloire infinie de l’instant éphémère est une invitation à ralentir, à contempler, à ressentir. C’est un livre qui nous rappelle que, même dans les turbulences du monde, il existe des refuges de beauté — et que ces refuges sont souvent nichés dans les instants que l’on croyait insignifiants.

Apport de l’œuvre

Chez Youcef Zirem, l’exil n’est pas simplement une condition géographique ou politique : c’est une expérience existentielle, un état d’âme qui façonne la sensibilité et la parole poétique. Loin de se complaire dans la nostalgie ou la plainte, Youcef Zirem transforme la douleur de l’éloignement en une source féconde de création. L’exil devient pour lui un creuset où se mêlent mémoire, perte, et renaissance.

À travers ses textes, il observe le monde avec une lucidité désarmante, mais jamais amère. Il voit les failles, les injustices, les solitudes, mais les regarde avec tendresse, comme si chaque blessure portait en elle une promesse de beauté. Ce regard exilé lui permet de capter ce que les enracinés ne voient plus : les détails oubliés, les gestes simples, les visages effacés par l’habitude. L’exil devient ainsi un prisme — un filtre poétique — qui révèle les couleurs cachées du réel.

Youcef Zirem ne parle pas seulement de son propre déracinement ; il donne voix à tous les exilés, à ceux qui ont quitté leur terre, leur langue, leurs repères, mais qui continuent à porter en eux une lumière intacte. Sa poésie est une forme de résistance douce, une manière de dire que l’on peut être loin sans être absent, que l’on peut être brisé sans être vaincu.

En somme, la poétique de l’exil chez Youcef Zirem est une alchimie : elle transforme le manque en richesse, la distance en proximité, et la douleur en chant.

Humanisme profond

L’écriture de Youcef Zirem est traversée par une bienveillance radicale, une attention constante portée aux êtres que le monde oublie ou néglige. Dans La gloire infinie de l’instant éphémère, chaque texte semble animé par une volonté de réhabiliter les humbles, les marginaux, les silencieux. Ce n’est pas un humanisme de façade, mais un humanisme incarné, vécu, presque viscéral.

Youcef Zirem ne cherche pas à idéaliser ces figures du quotidien — il les montre dans leur vérité, avec leurs failles, leurs douleurs, leurs gestes simples. Mais c’est précisément cette vérité qui leur confère une noblesse rare. Il célèbre la dignité des mères silencieuses, la grandeur des ouvriers fatigués, la lumière des enfants qui rêvent malgré tout. Il donne une voix à ceux que la société rend invisibles, et cette voix est douce, poétique, mais ferme dans sa volonté de reconnaissance.

Son humanisme ne s’exprime pas par des discours, mais par des images, des sensations, des instants suspendus. Il nous invite à regarder autrement : à voir la beauté dans un regard fatigué, la grandeur dans une main calleuse, la poésie dans une solitude. Il ne juge jamais, il accueille. Il ne dénonce pas frontalement, mais il révèle — et cette révélation est souvent plus puissante qu’un manifeste.

Spiritualité apaisée

Dans La gloire infinie de l’instant éphémère, Youcef Zirem déploie une spiritualité discrète mais profonde, qui irrigue l’ensemble du recueil sans jamais s’imposer. Il ne prêche pas, il suggère. Il ne cherche pas à convertir, mais à éveiller. Cette spiritualité est douce, libre, et surtout apaisée — elle ne repose sur aucun dogme, aucune injonction, mais sur une quête intérieure de lumière et de sens.

L’auteur convoque des figures emblématiques comme Rûmî, poète mystique persan, ou René Char, chantre de la poésie essentielle, pour inscrire son écriture dans une tradition de sagesse universelle. Ces références ne sont pas des citations d’autorité, mais des compagnons de route, des éclaireurs qui l’aident à formuler une vision du monde fondée sur l’amour, la contemplation et la réconciliation avec soi-même.

Zirem semble croire en une forme de transcendance intime, une spiritualité qui naît dans le silence, dans l’écoute de l’instant, dans le regard porté sur les autres. Il célèbre la paix intérieure comme une victoire sur le tumulte du monde, comme une résistance douce face à la violence, à la haine, à l’oubli. Cette paix n’est pas donnée, elle se construit — dans l’écriture, dans la mémoire, dans l’attention aux choses simples.

En ce sens, sa poésie devient une méditation. Chaque vers, chaque aphorisme, chaque fragment est une invitation à ralentir, à respirer, à se reconnecter à l’essentiel. Il ne s’agit pas de fuir le monde, mais de le regarder autrement — avec gratitude, avec humilité, avec foi en la beauté cachée des êtres et des instants.

Mémoire et transmission

La gloire infinie de l’instant éphémère est avant tout un livre de filiation, un hommage vibrant aux êtres chers qui ont façonné l’auteur, à commencer par ses parents : Lâaldja, sa mère aimante et lumineuse, et Lhadj Ali, son père, homme de dévouement et de sagesse. Mais cette mémoire familiale ne s’arrête pas là. Youcef Zirem évoque avec tendresse ses frères et sœurs, chacun porteur d’une lumière singulière, chacun dépositaire d’un fragment de l’héritage moral et spirituel transmis par leurs parents.

Souad et Feirouz, ses deux sœurs, incarnent la force discrète et la fidélité affective. Souad, notamment, accompagne leur mère jusqu’à son dernier souffle, dans une scène bouleversante de douceur et de dignité.

Hamza, écrivain à succès en italien, est décrit comme un compagnon de voyage et de culture, un frère dont la trajectoire littéraire est une source de fierté.

Kamel, enseignant et journaliste, est salué pour son regard bienveillant et son amour de la langue française, qu’il transmet avec passion.

Khaled, esprit libre et créatif, est un repère fraternel, un homme de lettres dont la lucidité et la profondeur nourrissent une complicité silencieuse.

Zakaria, le benjamin, est présenté comme un soleil intérieur, porteur d’une spiritualité sans faille et d’une bonté rayonnante.

Mohand Chérif, psychologue, éditeur et écrivain, incarne la continuité de l’engagement intellectuel et humaniste, avec une foi inébranlable dans les valeurs de partage et de transmission.

À travers ces portraits, Zirem ne se contente pas de raconter sa famille : il célèbre une constellation de présences qui l’ont aidé à traverser l’exil, à résister à l’oubli, à rester fidèle à lui-même.

Cette mémoire est aussi littéraire. L’auteur puise son inspiration chez des figures qui l’accompagnent dans sa quête de sens : Rûmî, maître de la sagesse mystique, dont les vers traversent le recueil comme des éclats de lumière ; René Char, poète de l’essentiel, dont la parole est une boussole intérieure ; Christian Bobin, chantre de l’enfance et de l’amour ; Faulkner, Sabato, Marquez, Mammeri, Ouary, Feraoun, Kateb Yacine — autant de voix qui nourrissent sa vision du monde, entre engagement, contemplation et humanisme.

La gloire infinie de l’instant éphémère est un livre de transmission au sens le plus noble : il relie les générations, les cultures, les sensibilités. Il nous rappelle que la mémoire n’est pas un poids, mais une source — et que transmettre, c’est aimer.

Impact et portée :

Sur le lecteur

L’œuvre de Youcef Zirem agit comme un baume pour l’âme. Elle ne cherche pas à éblouir par des effets de style, mais à toucher par la sincérité de sa parole et la simplicité de ses images. Chaque texte invite à ralentir, à contempler, à méditer. Dans un monde saturé de bruit et de vitesse, ce livre propose une halte, une respiration. Le lecteur est convié à un tête-à-tête avec lui-même, à une plongée dans les eaux calmes de la mémoire, de la tendresse et de la lucidité. C’est une œuvre qui apaise, qui réconcilie, qui console — sans jamais fuir la réalité.

Sur la société

Youcef Zirem ne se contente pas d’évoquer ses états d’âme : il regarde le monde droit dans les yeux. Il critique avec finesse les injustices, les guerres, les castes sociales, les hypocrisies du pouvoir. Mais sa critique n’est jamais violente ni amère — elle est poétique, subtile, empreinte d’une foi profonde en l’humanité. Il propose une forme de résistance douce, une insurrection par la beauté, par la bonté, par la mémoire. Dans ses textes, les humbles deviennent des héros, les oubliés des porteurs de lumière. Il rappelle que la poésie peut être un acte politique, un outil de transformation, un cri silencieux contre le chaos du monde.

Sur la littérature francophone

La gloire infinie de l’instant éphémère s’inscrit dans une tradition de poésie méditative et engagée, à la croisée de plusieurs mondes : la Kabylie ancestrale, avec ses montagnes, ses valeurs, ses silences ; et Paris, ville d’exil, de renaissance, de dialogue. Youcef Zirem tisse un pont entre ces deux univers, entre la mémoire et la modernité, entre l’intime et le collectif. Il renouvelle la voix francophone en y injectant une spiritualité apaisée, un humanisme lumineux, une attention aux invisibles. Son œuvre s’inscrit dans le sillage de poètes comme René Char, Christian Bobin ou Kateb Yacine, tout en affirmant une singularité propre, nourrie par l’exil, la fraternité et la quête de sens.

La gloire infinie de l’instant éphémère est une œuvre lumineuse, traversée par une clarté intérieure qui ne cherche ni à séduire ni à convaincre, mais à révéler. Youcef Zirem y déploie une écriture libre, sans artifice, où chaque mot semble pesé avec soin, vécu dans la chair du réel, aimé avec ferveur. Il ne s’agit pas d’une poésie spectaculaire, mais d’une parole intime, humble, qui touche par sa justesse et sa sincérité.

Ce livre ne cherche pas à impressionner — il cherche à rencontrer. À établir un lien entre l’auteur et le lecteur, entre la mémoire et le présent, entre la douleur et la beauté. Il nous rappelle que même dans l’éphémère, dans ce qui passe et s’efface, il existe une forme de gloire : celle de l’instant vécu pleinement, avec amour, avec conscience, avec gratitude.

Youcef Zirem nous invite à redécouvrir la grandeur des choses simples, à honorer les silences, à écouter les battements du monde. Son œuvre est un chant discret, mais puissant, qui nous murmure que la poésie peut être un refuge, une résistance, une lumière. Et que dans chaque instant — même le plus fragile — réside une promesse d’éternité.

Brahim Saci

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