Gabin Lauridon, célèbre contrebassiste et musicien d’une rare élégance, s’est éteint dimanche 30 novembre à l’âge de 81 ans. Figure incontournable de la scène musicale française, il laisse derrière lui un vide immense, tant par l’étendue de son talent que par la chaleur humaine et la générosité lumineuse qu’il partageait avec tous ceux qui avaient la chance de croiser sa route. Sa musique, toujours empreinte de finesse et de sensibilité, reflétait son âme profondément attentive et son esprit raffiné.
Au-delà de ses qualités d’interprète, le contrebassiste Gabin Lauridon était un pédagogue exceptionnel, capable de transmettre avec douceur, patience et exigence, éveillant autant l’intelligence musicale que la curiosité et la sensibilité de ses élèves.
Son sourire, sa gentillesse naturelle et sa capacité à illuminer un moment par sa simple présence laissent des souvenirs impérissables. Chaque rencontre avec lui, chaque note jouée ou chaque conseil partagé témoignait de l’homme qu’il était : élégant, généreux, profondément humain et toujours attentif aux autres.
Avec lui disparaît non seulement un musicien de grand talent, mais aussi un esprit lumineux, un passeur de savoir et un modèle d’humanité qui continuera de vivre dans la mémoire de tous ceux qu’il a touchés. Sa disparition touche profondément le monde de la musique comme le cœur de ceux qui ont eu le privilège de le connaître. Que sa belle âme repose en paix.
Gabin Lauridon s’en est allé comme s’évanouit une note tenue, résonnant longtemps encore dans le silence qu’elle laisse derrière elle. Mais son âme musicale continuera de vibrer durablement dans le cœur de ceux qu’il a touchés, élèves, collègues, amis et auditeurs. Interprète remarquable, pédagogue respecté et figure marquante de plusieurs grandes institutions musicales, il nous lègue un héritage artistique et humain d’une rare profondeur. Sa vie, son art et sa lumière intérieure demeurent, impérissables, dans le souvenir de tous.
Un parcours marqué par les grandes institutions musicales
Contrebassiste de talent et grande figure de la musique classique, Gabin Lauridon était aimé de tous. Il fut 1ère contrebasse solo à l’Orchestre national de France – Radio France, après avoir été contrebassiste à l’Orchestre national de l’Opéra de Monte-Carlo. Il avait étudié au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, où il posa les bases d’une carrière remarquable.
De 1968 à 1982, il fut également membre de l’Octuor de Paris, ensemble français de musique de chambre fondé en 1965 et dissous en 1982. Pionnier en France dans l’association durable des cordes et des vents, l’Octuor réunissait deux violons, un alto, un violoncelle, une contrebasse, une clarinette, un basson et un cor. Composé en grande partie de musiciens issus de l’Opéra de Paris, l’ensemble interprétait aussi bien les œuvres des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles que des créations contemporaines. Gabin Lauridon y occupa la place de contrebasse de 1968 à 1982, succédant à Jacques Cazauran.
J’ai eu la chance de connaître ce grand monsieur à partir de 2003, au Conservatoire municipal du 8ᵉ arrondissement de Paris Camille Saint-Saëns, alors dirigé par Michel Capelier, grand musicien et chef d’orchestre. Gabin Lauridon y enseignait la contrebasse jusqu’à sa retraite. C’était une époque où le savoir musical se conjuguait avec l’amitié et la générosité.
Il est parti rejoindre au ciel ses amis : Michel Capelier, qui a dirigé ce conservatoire pendant 20 ans et marqué de son empreinte la vie musicale de l’établissement. Homme de grande culture et de profonde sensibilité, il a su insuffler rigueur et passion, alliant exigence pédagogique et bienveillance, façonnant ainsi de nombreuses générations de musiciens tout en cultivant un esprit d’ouverture et d’amitié au sein du conservatoire ; Jean Gaunet, célèbre violoniste ; ainsi que Françoise Millet, compagne de Michel Capelier, disparue le même jour, le 30 novembre.
Françoise Millet fut secrétaire générale du conservatoire du 8ᵉ pendant de longues années. Françoise Millet possédait ce petit quelque chose du titi parisien : une vivacité malicieuse, un esprit libre et un charme direct qui séduisait tous ceux qui la côtoyaient. Femme d’une intégrité exemplaire, elle était profondément respectée et aimée de tous, capable d’allier franchise et chaleur humaine avec une élégance naturelle. Michel et Françoise formaient bien plus qu’un simple couple : ils étaient un duo extraordinaire, uni par une complicité profonde et une vision partagée de la musique et de la vie. Chacun apportait à l’autre son énergie, son talent et sa sensibilité, et ensemble ils ont su rayonner, inspirer et toucher tous ceux qui avaient la chance de les connaître. Leur harmonie, tant personnelle que professionnelle, restera gravée dans la mémoire de tous. Leurs souvenirs résonnent encore dans ces lieux qu’ils ont tant marqués.
Je garde de Gabin des souvenirs inoubliables : ceux d’un grand contrebassiste, mais aussi d’un humaniste au sourire constant. J’ai rarement connu un homme d’une telle élégance, d’une telle générosité, d’un tel raffinement. Il avait lu plusieurs de mes livres de poésie et m’en faisait toujours un retour aimable, éclairé et profondément humain. Homme de grande intelligence, âme lumineuse, il avait l’art rare de transmettre le savoir musical avec douceur et profondeur. Toujours une belle parole, toujours un sourire amical. Il m’a encouragé dans toutes mes démarches artistiques, musicales ou poétiques, et se réjouissait sincèrement de la publication de mes livres.
Je suis de tout cœur avec toute sa famille dans cette épreuve si douloureuse. J’ai une pensée particulière pour son épouse, son fils Florian, célèbre violoncelliste, sa belle-fille Elisabetta Giorgi, harpiste renommée, ses petits-enfants Mathilde, grande violoniste, et Camille, ainsi que pour tous ses proches. La perte d’un être si cher laisse un vide immense, et je partage profondément votre peine.
Un pédagogue respecté et inspirant
Je n’oublierai jamais cet homme de grande culture, passionné et passionnant, ce contrebassiste dont le talent et la sensibilité résonneront longtemps dans le cœur de ceux qui ont eu la chance de l’écouter. C’était aussi un pédagogue exceptionnel, profondément respecté et aimé de ses élèves, à qui il savait transmettre bien plus que la musique : une vision, une humanité, une exigence bienveillante.
Je garderai toujours en mémoire son sourire, sa joie simple et communicative, sa manière élégante d’être présent, sincère et attentif. Un véritable gentleman, un artiste accompli, un homme d’une générosité rare, aimé de tous, et qui laissait derrière lui une lumière particulière.
Puissent ces souvenirs apaiser un peu la douleur et rappeler combien sa trace est belle, profonde et impérissable. Qu’ils restent comme des éclats de lumière au cœur des jours sombres, témoignant de ce qu’il a été, de ce qu’il a transmis, et de tout ce qu’il continue d’inspirer. Que chaque souvenir, chaque sourire, chaque note de musique partagée devienne un réconfort, un lien vivant entre ce qu’il a été et ce qu’il laisse dans le cœur de chacun.
Car l’héritage qu’il laisse n’appartient pas seulement à ceux qui l’ont connu : il appartient à la mémoire musicale, à la culture, et à tous ceux que son art continuera de toucher. Comme des notes suspendues dans l’air, ces souvenirs continueront de vibrer longtemps encore, éclairant les cœurs de leur douceur et prolongeant silencieusement la présence de celui qui n’est plus.
Dans chaque regard, dans chaque geste, dans chaque émotion qui remonte, il demeure. Rien n’efface la présence de ceux qui ont su aimer, transmettre et toucher les autres avec une telle intensité. Que ces instants partagés, ces sourires, ces mots, ces musiques soient autant de lumières pour accompagner ceux qui restent, éclairer leur chagrin et faire vivre encore, avec douceur et gratitude, la mémoire de celui qui a tant donné.
Brahim Saci

