Dans cet entretien, Keltoum Deffous, poétesse, romancière, peintre et femme profondément engagée, revient sur son parcours et ses combats.
Voix singulière de la littérature algérienne francophone contemporaine, elle s’est imposée par une œuvre poétique à la fois lyrique, viscérale et militante. À travers son art, sa poésie, ses écrits, Keltoum Deffous donne corps à une parole libre, audacieuse, portée par une grande exigence esthétique et un indéfectible souci de justice.
Propos recueillis par Brahim Saci
Diasporadz : Votre poésie mêle avec force l’intime et le politique. Comment cette double dimension s’est-elle imposée dans votre écriture ? Était-ce un choix délibéré ou une nécessité intérieure ?
Keltoum Deffous : Il n’y a que la littérature pour faire parler le silence des femmes algériennes, un silence qui a trop longtemps perduré. Il n’y a que la poésie pour nous apprendre à nommer exactement les choses. Dans une société patriarcale qui maintient l’homme sur son piédestal et réduit la femme à un statut de mineure à vie, il est difficile à toute plume féminine de briser le mur des non-dits, de braver les interdits, d’oser appeler les choses par leur nom et de dénoncer les hypocrisies sociales sans subir les attaques des gardiens de la morale et des discours officiels dominants.
Héritière d’une culture orale, d’une poétique rurale, j’ai cherché à traduire cette esthétique rustique par l’écriture. Ainsi, à travers des sonnets concis et percutants, j’ai rédigé les complaintes de femmes algériennes, celles dont la voix a été confisquée par le poids d’une tradition archaïque et injuste, qui opprime les femmes et les prive de leurs droits.
Nos aînées se sont battues pour que nous, leurs héritières, puissions vivre libres et indépendantes. Elles nous ont transmis leur culture, malgré 130 ans de colonisation, gravée sur leur chair, sur les murs de leurs maisons, sur les tapis, sur leurs ustensiles d’argile… Comment pourrions-nous taire leur voix ?
Ainsi, pour moi, l’acte d’écrire devient une nécessité intérieure : une urgence qui cherche à s’exprimer, à crier avec les mots toute ma fierté et, surtout, mon devoir de rendre hommage à ces femmes qui, pourtant, ne savaient ni lire ni écrire, et qui ont fait de moi ce que je suis. Nous, les femmes qui avons eu la chance d’aller à l’école, d’apprendre à lire et à écrire, que léguerons‑nous à nos filles si nous ne leur transmettons pas cette liberté d’écrire ?
En effet, mon écriture porte cette double dimension : l’intime et le politique, qui s’imbriquent, se complètent et donnent naissance à une plume rebelle et engagée. Mes peintures reflètent, elles aussi, l’âme de mes femmes à moi : des femmes au front tatoué, des femmes à la ceinture de laine. Je suis l’héritière d’un combat de femmes rurales qui ont exprimé leur vérité à travers l’art et la culture, un art qui ne s’oublie pas et qui ne s’efface jamais.
Diasporadz : Dans Mon poème de demain : L’insoumise, vous donnez voix à une femme en résistance. Que signifie aujourd’hui, pour vous, “être insoumise” dans la société algérienne et dans le monde francophone ?
Keltoum Deffous : Le recueil de poésies Mon poème de demain. L’insoumise, Premier Prix Poésie de la Journée du Manuscrit Francophone 2018, est une complainte poétique dont seules les femmes passionnées, remplies d’amour, de courage et de résilience, peuvent saisir la magie. Cette insoumise est la Shéhérazade que porte en elle chaque femme algérienne, maghrébine ou même africaine qui écrit. C’est cette menace de mort avec laquelle nous écrivons pour sauver, chaque jour, une de nos sœurs. Sororité quand elle nous tient !
Keltoum DEFFOUS : « La douleur intime des femmes actuelles, leur quête d’amour, leur anxiété existentielle sont désormais célébrées par leurs plumes. »
Dans la société algérienne, dans le monde francophone ou même à l’échelle mondiale, la femme en résistance se retrouve dans ce recueil, que je considère comme un seul et long poème. Il débute par un quatrain à la quatrième de couverture, qui traite des violences faites aux femmes : le viol, les femmes battues, le féminicide — des fléaux universels trop souvent tus. Aujourd’hui, toutes les femmes osent enfin en parler, grâce au mouvement, MeToo et, surtout, aux réseaux sociaux. Ces derniers ont mis toutes les femmes debout devant leur destin, tout comme les technologies ont mis debout toutes les femmes dans leurs cuisines modernes.
Le quatrain de la quatrième de couverture :
De grâce, tue-moi !
De grâce, tue-moi ! Je ne serai que ce je suis
Abats-moi ! Je suis l’arbre de tes fruits
Je suis idée flottante dans ton esprit
Née des ténèbres des mille et une nuits !
Être insoumise est un héritage précieux qui coule dans mes veines. Ne dit-on pas que les douleurs de nos grands-parents peuvent influencer sur notre vie ? Ne sommes-nous pas des héritières de reines et de sultanes rebelles et insoumises ?
Diasporadz : L’exil et la mémoire collective sont des thèmes puissants dans Ce qui reste de nous. Comment parvenez-vous, à travers la poésie, à transformer la douleur en espoir et en résilience ?
Keltoum Deffous : « Ce qui reste de nous », ainsi que d’autres poèmes, nouvelles et récits historiques, compose un ouvrage collectif écrit et illustré par de nombreux auteurs et artistes, sous le regard bienveillant d’Agnès de France, bibliothécaire, et de Monique Sérot-Chaibi, auteure. Ce livre est vendu au profit de l’association SOS MÉDITERRANÉE, une cause à laquelle les créateurs ont offert leur talent, leur sensibilité et leur engagement. À travers l’art, le beau, la littérature et la poésie, ils ont mis leur créativité au service de celles et ceux que la mer emporte et que l’humanité doit secourir.
J’ai eu l’honneur de participer à cet ouvrage avec un poème intitulé « Je suis née sur la pointe de leur index ». Le dernier quatrain de ce texte incarne, à lui seul, la puissance de la poésie à transfigurer la douleur en lumière, à faire de l’épreuve un lieu de résilience et d’espoir.
Elle écrit son chant loin de la peur, sa trouille
Sur tous les pavés, elle l’a semée sous ses pas
De petite fille en liberté qui vadrouille
De sa poudre, elle éclairera ce monde, si bas.
La poésie demeure l’expression la plus humaine pour dire l’exil, l’errance, le déracinement, et pour traduire la colère, le chagrin, l’espoir, ainsi que cette irréductible volonté de vivre.
Diasporadz : Vous êtes aussi artiste peintre. Comment ces différentes formes d’expression enrichissent-elles votre pratique poétique ? Y a-t-il une synergie entre vos mots, vos images et vos actions ?
Keltoum Deffous : Le monde rurale algérien dans lequel j’ai grandi est un univers qui façonne, qui inspire, qui raconte, qui chante, qui unit par solidarité et par le lien du sang et du devoir. Quand on passe son enfance dans une petite maison, sans électricité, sans eau courante, sans route goudronnée parmi une vingtaine de femmes, veuves de martyrs de la guerre de libération algérienne, on veut vivre par devoir, mais surtout briller ne serait-ce que par le sourire. Elles ont voulu faire de leurs enfants des héros de leur grande histoire. À ma manière, j’ai fait appel à deux des forces les plus puissantes pour les célébrer : la littérature et la peinture. Ma poésie est le souffle de mes dessins, et mes dessins sont la lumière de ma poésie.
Je dessine des femmes dont les visages sont restés gravés en moi, dans les replis de ma mémoire. Des femmes au clin d’œil mystérieux, au corps tatoué, à la main créatrice. Des femmes marquées par les traumatismes, qui ont vu leurs maris fusillés devant elles et leurs enfants, pendant la guerre de libération algérienne. Et pourtant, elles nous ont transmis la joie de vivre, l’amour de l’art, la force de continuer.
C’est à travers elles qu’une synergie s’est imposée entre mes deux formes d’expression : la poésie et la peinture. Ensemble, elles réunissent le personnel et l’intime, le social et le culturel. Parfois, ma création est plaintive, traversée par la douleur. Mais le plus souvent, elle est révoltée, combative, portée par une énergie de résistance.
La poésie et mes dessins me permettent d’exprimer cette part de mon humanité, de ma dignité, où la violence et l’horreur des guerres n’auront jamais le dernier mot. Car l’art, lui, continue de dire ce que l’histoire tente parfois d’effacer : la beauté, la mémoire, la vie.
Diasporadz : Vous participez régulièrement à des salons, émissions et manifestations culturelles. Quel rôle pensez-vous que la poésie peut (ou doit) jouer aujourd’hui dans l’espace public, notamment face aux enjeux sociaux et politiques contemporains ?
Keltoum Deffous : La poésie est l’art d’exprimer l’ineffable, l’indicible, par les mots, les métaphores et toutes les figures de style. C’est la manière la plus éloquente de persuader et de convaincre, surtout lorsqu’elle est déclamée.
Aujourd’hui, plus que jamais, la poésie est sollicitée dans tous les événements culturels, économiques, politiques… On la lit partout : dans les publicités, dans la rue, dans le métro… Le message poétique, en plus de sa beauté, est court et pertinent. Par sa rime, sa métrique, ses figures de style, elle atteint le summum de l’esthétique. La poésie, depuis Homère jusqu’à nos jours, continue de se déclamer, de se chanter publiquement, dans des espaces publics, dans des salons et lors des rencontres littéraires.
La poésie est une forme de critique sociale et politique, un moyen de transmission de la mémoire collective et un espace d’évasion personnel qui met des mots sur nos émotions et sur nos sensations les plus profondes. Elle est un moyen de lutte contre toutes les formes d’oppression et les poètes ont ce talent de donner une voix à l’humanité en traduisant les sentiments et les pensées humaines de manière artistique et poétique.
Diasporadz : Vous avez reçu le Prix Blaise Cendrars pour l’ensemble de votre œuvre. Qu’a représenté cette reconnaissance pour vous, et comment voyez-vous l’évolution de la littérature francophone engagée, en particulier du côté des femmes du Maghreb ?
Keltoum Deffous : Prix Blaise Cendrars, section francophonie, m’a été attribué en 2017 aux jeux floraux de Pau en France par Vital Heurtebize, ancien président de la Société des Poètes Français et directeur de la revue L’Étrave, revue de poésie de l’association, Poètes Sans Frontières. Que M. Vital Heurtbize, décédé le 25 mars 2025, repose en paix. Je suis une fane de Blaise Cendrars, ce poète suisse, francophone, qui affirme que la littérature répond au monde de manière silencieuse.
En cette même année, j’ai été distinguée par plusieurs Prix en France, Le Genêt d’Or à Perpignan 2018, Le Prix Amavica, Poésie de l’amour, Prix Spécial de la Paix, aux jeux floraux Méditerranéen, à Narbonne…
Ce genre de distinction m’a encouragée à écrire plus, et à éditer aussi bien en France qu’en Algérie. La littérature maghrébine de langue française est en train d’évoluer d’une manière extraordinaire. Elle est passée d’une écriture de résistance et d’identité à une littérature universelle, riche, plurielle, ouverte sur le monde, tout en gardant son authenticité, profondément marquée par son attachement à ses racines. On a vu émerger de nombreuses plumes, notamment féminines, déjà reconnues à travers le monde.
On note aussi que d’innombrables auteurs et autrices maghrébins contemporains sont devenus des auteurs incontournables. Je ne cite pas de noms pour ne pas limiter leur nombre. La littérature maghrébine de langue française a maintenant ses événements, comme « le Maghreb du livre » que l’association « Coup de Soleil » organise chaque année à l’hôtel de ville de Paris.
D’autres événements culturels, en France comme dans les pays du Maghreb, mettent régulièrement en lumière de très belles plumes.
Diasporadz : Votre poème Appel de Gaza figure dans l’anthologie Paroles pour une paix en terre de Palestine, parue en 2023. Que signifie pour vous cet acte d’écriture collective, et comment la poésie peut-elle, selon vous, accompagner les luttes pour la justice et la paix dans les zones de conflit ?
Keltoum Deffous : Mon poème Appel de Gaza figure dans l’anthologie Paroles pour une paix en terre de Palestine. Ce recueil, initié en juin 2023 et dirigé par Monique Sérot-Chaibi, a pour but de prolonger le combat de son père en faveur de la paix. Chef des observateurs de l’ONU en 1948, celui-ci a été assassiné par le groupe extrémiste Stern, l’année même de sa naissance.
Il s’agit d’une anthologie qui dénonce la guerre en Palestine et bouscule l’indifférence dont ses habitants sont victimes. Quarante auteurs et dix artistes, de toutes confessions et nationalités, ont participé à cet appel pour la paix en Palestine. On l’appelait Palestine. On l’appelle désormais Palestine, écrivait Mahmoud Darwich.
L’écriture collective est un acte de lutte pour la justice, une arme de paix, un engagement de chacun. Chaque fois qu’on me propose de participer à un ouvrage collectif, je réponds toujours, et sans hésiter : oui, tout de suite. Je ne saurais vous dire le nombre d’ouvrages collectifs auxquels j’ai pris part. Tous sont des appels à la paix, à la protection de l’environnement, au vivre-ensemble, contre toutes les formes d’inégalités, de racisme, de sexisme et de xénophobie. Mon écriture est engagée pour la paix, la justice, les droits des femmes et des enfants, et pour toutes les causes humaines. C’est mon cheval de bataille, l’objet de toutes mes créations.
Il est du sort de tous les artistes du monde de prôner la paix et les grandes valeurs humaines : ils sont les porteurs d’espérance et les éveilleurs de conscience. Nous n’avons qu’une seule terre, et notre fraternité pourrait nous réunir un jour loin de ce chaos du monde auquel nous ne pouvons assister sans créer pour dénoncer. Sinon, tous les arts seraient vains ! La poésie, comme expression de lutte et de transmission, demeure cette voix commune qui nous réunit autour de notre humanité.
Diasporadz : Dans votre dernier recueil, Le temps d’aimer son enfer, vous semblez explorer une forme de tension entre douleur intime et besoin d’amour ou de lumière. Quelle a été la genèse de ce livre ? Et comment avez-vous trouvé l’équilibre entre ombre et espoir dans votre écriture ?
Keltoum Deffous : Le temps d’aimer son enfer est le dernier recueil d’une trilogie publiée par la même maison d’édition, Média-Plus de Constantine. Je tiens à remercier, à cette occasion, son directeur, M. Hannachi Yacine, pour tout ce qu’il entreprend afin de promouvoir la poésie et le livre en général.
Le Foulard Rouge De Ma Colère, suivi de Journal d’Une Fille De Trop puis de Le Temps d’aimer Son Enfer, forment une succession de poèmes retraçant l’état d’âme d’une femme. D’abord sa colère voilée sous ce foulard rouge, symbole de tous les maux que peut endurer une femme dans une société patriarcale. Puis vient l’écriture de son journal, Journal d’Une Fille De Trop, qui immortalise, par les mots, sa résilience et sa patience, même lorsqu’elle se sent de trop partout : à la maison, dans la rue, au travail… Enfin, le troisième recueil clôt cet enfer en montrant des femmes qui, loin de s’y résigner, l’ont brisé en petits morceaux insignifiants et, par amour de la vie, par leur courage, ont triomphé.
La douleur intime des femmes, de nos jours, n’est plus des complaintes comme celles de nos aïeules, ni des berceuses, ni des monologues interminables derrière le métier à tisser ou face à la poterie. Ce legs nous a rendues plus fortes, plus authentiques, profondément liées à nos racines. La douleur intime des femmes actuelles, leur quête d’amour, leur anxiété existentielle sont désormais célébrées par leurs plumes. Mes femmes à moi, objet de toute ma création, ont tissé leur lumière par la force de leurs bras, par leur volonté invincible. C’est le précieux héritage de ma ruralité, de ma petite histoire inspirée de la plus grande histoire, celle de mes aïeules. Voilà la genèse de toute mon écriture. La femme qui a traversé son enfer et qui, pourtant, a choisi la vie, met le monde entier debout.
Keltoum Deffous : « L’art et la poésie ne sont pas seulement des expressions esthétiques : ils constituent également des leviers puissants de transformation sociale et culturelle. «
Diasporadz : Selon vous, les arts, qu’il s’agisse de littérature, de peinture ou d’autres formes d’expression, peuvent-ils réellement contribuer à l’émancipation des peuples, en particulier en Algérie ? Quel rôle l’artiste peut-il jouer face aux blocages sociaux, culturels ou politiques ?
Keltoum Deffous : Effectivement ! L’art, qu’il s’agisse de littérature, de peinture ou d’autres formes d’expression, par ses messages humanistes et son intensité émotionnelle, peut véritablement contribuer à l’émancipation des peuples, notamment en Algérie. Oui, absolument. L’art et la poésie ne sont pas seulement des expressions esthétiques : ils constituent également des leviers puissants de transformation sociale et culturelle. Leur rôle dans l’émancipation et le développement des peuples se manifeste de multiples manières :
Donner une voix aux sans-voix :
La poésie et l’art permettent d’exprimer ce qui ne peut pas toujours être dit directement. Ils deviennent un langage symbolique pour dénoncer l’injustice, la colonisation, l’oppression ou les inégalités sociales. Des poètes tels qu’Aimé Césaire, Mahmoud Darwich, Kateb Yacine ou Malek Haddad, en Algérie, ont porté la voix de leurs peuples au-delà des frontières.
Renforcer l’identité et la mémoire collective :
La création artistique et poétique contribue à préserver l’histoire, la culture et les traditions d’un peuple. Elle nourrit un sentiment d’appartenance et de dignité, essentiel à l’émancipation.
Éveiller les consciences :
L’art interroge, bouscule et suscite le débat. Une œuvre poétique ou picturale peut éveiller une conscience critique, briser l’apathie et inciter au changement.
Offrir une vision d’avenir :
La poésie et l’art projettent des utopies, des rêves et de nouveaux horizons. Ils permettent d’imaginer un monde meilleur et donnent l’élan nécessaire pour agir concrètement.
Favoriser le dialogue interculturel :
En circulant à travers les langues et les frontières, l’art et la poésie rapprochent les peuples. Ce dialogue enrichit chacun et participe à un développement humain et culturel partagé.
En somme, l’art et la poésie sont des forces douces mais puissantes : ils éveillent les consciences, consolident l’identité, libèrent l’imagination et peuvent devenir de véritables moteurs de libération collective.
Diasporadz : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Keltoum Deffous : Tant que nous sommes en vie, nous avons tous des projets. Pour ma part, le plus cher, celui qui me tient vraiment à cœur, est de voir tous mes romans publiés ! Passer de la poésie à un autre genre littéraire, le roman, n’a pas été facile pour une maman de quatre grands enfants. Écrire de la poésie est plus spontané, un jaillissement qui ne me prend pas beaucoup de temps, contrairement au roman, qui absorbe entièrement chaque instant. C’est pourquoi mes publications peuvent sembler tardives : avant d’éditer mes recueils de poèmes, mon véritable projet prioritaire était de voir mes enfants grandir et réussir dans leur vie.
Diasporadz : Un dernier mot peut-être ?
Keltoum Deffous : Heureusement, il y a l’art pour se protéger de la lassitude du monde ! Lire, écrire, dessiner, travailler, s’occuper de ma petite famille… rien n’a suffi à combler le vide au fond de moi, un vide qui s’approfondit chaque jour et m’éloigne de la terre de mon enfance. Une nostalgique ? Pas vraiment ! Je suis une femme profondément liée à l’amour de sa terre et à la paix dans le monde, car je suis la petite-fille des fusillés qui chante : gloire à nos martyrs !
Merci infiniment Mr Saci ! Bon vent à Diasporadz
Entretien réalisé par Brahim Saci