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Karim Bourahli, une voix essentielle du chaâbi kabyle

Karim Bourahli chaâbi

Karim Bourahli est un virtuose du mandole chaâbi. Photo Diasporadz

Karim Bourahli est un chanteur chaâbi, auteur et compositeur algérien kabyle, originaire de Kebouche, un village d’Adekar, situé dans la région de Béjaïa. Ce beau village, perché sur les hauteurs, surplombant la Méditerranée, a profondément marqué son identité et son inspiration musicale.

Karim Bourahli inscrit son univers artistique dans la tradition musicale du chaâbi, un genre populaire né dans les rues d’Alger et profondément ancré dans la mémoire collective algérienne. Reconnu pour sa richesse mélodique et sa force expressive, ce style musical devient pour lui un vecteur d’exploration identitaire et de transmission culturelle.

Issu d’une génération marquée par l’exil et les fractures de l’histoire, Karim Bourahli grandit bercé par les voix emblématiques du chaâbi et de la chanson kabyle, telles que Dahmane El Harrachi, Slimane Azem, Matoub Lounès et Kamel Messaoudi. Ces figures majeures, qui ont su traduire les douleurs de l’exil, les luttes sociales et les espoirs d’un peuple, lui insufflent une inspiration profonde. À leur image, il fait de la musique un espace d’expression à la fois intime et collectif, y intégrant sa sensibilité, son parcours et sa vision du monde.

La musique chez les Bourahli est avant tout une affaire de famille. Ouramtan Bourahli, frère aîné de Karim, était lui aussi un chanteur kabyle ancré dans la tradition du chaâbi. Plus connu sous son nom d’artiste « Akfadou », Ouramtan Bourahli (ou Ramtane tout court) est l’une des voix incontournables de la chanson chaâbie kabyle. On lui doit « Dunnit », « Vav n Tmurt » et « Yir Tadukli » des joyaux de la chanson kabyle dans le genre « qcid » chaabi.

Plus qu’un frère, Ouramtan Bourahli fut aussi un repère artistique et une source d’inspiration majeure pour le jeune Karim, qu’il a soutenu et encouragé dès ses débuts. Sa disparition prématurée a laissé une profonde blessure, mais aussi un héritage musical précieux. À travers son propre parcours, Karim Bourahli perpétue cette mémoire fraternelle, faisant écho à l’influence durable d’Ouramtane dans chacun de ses morceaux.

La musique de Karim Bourahli se distingue par un équilibre subtil entre respect de la tradition et innovation personnelle. Les éléments caractéristiques du chaâbi, rythmes lents, instrumentation acoustique et phrasé mélodieux, se trouvent enrichis par une touche contemporaine, tant dans les arrangements que dans l’interprétation vocale.

Karim Bourahli, un virtuose du mandole chaâbi

Il faut dire que Karim est un virtuose du mandole huit cordes qu’il maitrise à merveille. Une touche unique et magique qu’il a développée au cours de sa longue et fidèle pratique du répertoire de Dahmane El Harrachi qu’il affectionne particulièrement. Ce qui lui a valu d’ailleurs le titre de « Cheikh » Karim Bourahli dans le milieu des chaabistes, tant en Algérie qu’à l’étranger (Espagne, France, Belgique…).

C’est ainsi que Karim Bourahli a réussi à s’imposer comme l’un des meilleurs instrumentistes de sa génération, côtoyant des monuments de la musique chaâbie comme Rachid Mesbahi et Alaoua Bahlouli ou encore Karim Tizouiar et Cherif Hamani (paix à leur âme), avec lesquels il a animé des soirées mémorables.

Les textes poétiques de Karim abordent des thèmes universels comme la mémoire, l’amour, l’injustice, l’exil et l’identité. Avec une écriture teintée de mélancolie, il fait entendre la voix de celles et ceux que l’histoire a laissés en marge.

Souvent autobiographiques, ses paroles dévoilent des récits de vie marqués par l’arrachement, la nostalgie du pays natal, les silences de la migration et les rêves inaccomplis. Ses sujets résonnent profondément chez les membres de la diaspora kabyle, mais aussi auprès de quiconque partage cette quête identitaire.

Certains des titres de Karim Bourahli, devenus emblématiques, traduisent cette profondeur : « Amek Ligh Amek Ughalagh », une évocation puissante du souvenir et du retour impossible, « Ahcheychi », un hommage vibrant au style chaâbi, mêlant virtuosité musicale et texte profond, « Exil », une plongée bouleversante dans la douleur silencieuse du déracinement et la recherche de repères.

En tant qu’artiste de son temps, Karim Bourahli s’appuie sur les nouvelles formes de diffusion musicale, notamment sa chaîne YouTube officielle, où il partage son œuvre et dialogue avec son public. Il est aussi très présent sur le réseau Tiktok où il anime des lives légendaires, donnant la chance à tous les artistes de se produire et de se faire connaitre.

Grâce à cette visibilité, il touche un auditoire international, contribuant ainsi au rayonnement de la culture kabyle, particulièrement auprès des jeunes générations issues de l’immigration, en quête de repères et d’ancrage.

Au fil des années, Karim Bourahli participe à de nombreux festivals et événements culturels, souvent dédiés à la musique kabyle ou au chaâbi, où il rend hommage aux grandes figures du genre tout en affirmant sa propre voix. À travers son engagement, il joue un rôle clé dans la préservation et la transmission du patrimoine musical, qu’il renouvelle avec créativité et sincérité.

Karim Bourahli ne se contente pas de chanter, il porte une mémoire, une culture, une histoire, et les transforme en émotion partagée. Son œuvre, à la fois personnelle et collective, participe à faire vivre une langue, à célébrer une identité plurielle et à ouvrir des espaces de dialogue entre les cultures. En cela, il est un passeur de mémoire, un artiste engagé et une voix essentielle de la scène kabyle contemporaine.

Brahim Saci

Chaîne Youtube du chanteur chaabi Karim Bourahli :

www.youtube.com/@karimbourahliofficiel

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