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Hommage à Hadj Ali Zirem : soignant, moudjahid et pionnier de la culture à Akfadou

Hadj Ali Zirem akfadou

Hadj Ali Zirem, tenant le drapeau Algérien en 1962, sur les hauteurs de l’Akfadou. Photo Diasporadz

L’Assemblée populaire communale (APC) d’Akfadou, en collaboration avec les comités des différents villages de la commune, organise samedi 30 août 2025 une cérémonie d’hommage en l’honneur de Hadj Ali Zirem, une personnalité dont l’impact sur l’histoire locale reste indélébile.

Cet événement constitue bien plus qu’une simple reconnaissance officielle : il s’agit d’un moment fort de célébration de l’engagement inébranlable de Hadj Ali Zirem, cet homme qui, tout au long de sa vie, a su allier dévouement, humanisme et service à sa communauté sur les hauteurs d’Akfadou.

Hadj Ali Zirem considère cet hommage comme une véritable renaissance, une occasion de revenir sur les années de sacrifices qu’il a consacrées à sa commune et à ses habitants. À 84 ans, Hadj Ali Zirem se remémore sans regret et avec une certaine nostalgie les années passées à œuvrer sans relâche pour soulager les souffrances des habitants d’Akfadou.

À une époque où les ressources médicales faisaient cruellement défaut et où l’accès aux soins était un luxe pour beaucoup, il a su, par son savoir-faire et sa détermination, faire face à des conditions de travail particulièrement difficiles.

Que ce soit dans les villages de Taourirt, Tibane, ou Ait-Sâada, Hadj Ali Zirem n’a jamais hésité à se rendre disponible, souvent au-delà de ses heures de travail officielles, pour soigner les malades, qu’ils viennent le voir de jour comme de nuit. Son engagement allait bien au-delà de la simple fonction d’infirmier ; il était un véritable soutien moral et humain pour ceux qui souffraient.

Hadj Ali Zirem est connu pour être le soignant attitré des petites gens dans la région d’Akfadou. Photo Diasporadz

Son travail de soignant s’est souvent effectué dans un contexte de grande précarité, mais Hadj Ali Zirem a toujours fait preuve de résilience, se débrouillant avec peu, mais offrant toujours beaucoup. Son sens de l’altruisme, de la générosité, et sa disponibilité inépuisable ont fait de lui un personnage central et respecté dans la communauté. Il n’était pas seulement un professionnel de santé, mais aussi un confident, un père spirituel pour de nombreux habitants, qu’ils soient malades ou non.

Aujourd’hui, à l’aube de ses 84 ans, cet hommage ne représente pas seulement un acte de reconnaissance pour ses années de service, mais aussi un moyen de mettre en lumière une époque marquée par la solidarité, l’entraide, et l’engagement total pour la collectivité. Hadj Ali Zirem, au travers de son action et de son exemple, a contribué à renforcer les liens au sein de la commune d’Akfadou, en faisant preuve d’une humanité qui dépasse les simples frontières professionnelles. Sa vie, riche de tant de sacrifices, d’efforts et de dévouement, constitue un modèle de dévouement qui mérite d’être célébré et transmis aux générations futures.

Après avoir passé plusieurs années à militer au sein de la fédération de France du FLN à Paris, il est revenu dans sa terre natale pour contribuer à la reconstruction du pays après une guerre dévastatrice. Oudjedi Khellaf, poète et enseignant, un homme valeureux et témoin de son époque, rappelle : « Après une terrible guerre de libération, Lhadj Ali Zirem a été un père pour chacun de nous ».

Il soignait les malades à Taourirt, puis à Tibane. Pendant des années, les habitants venaient également le voir à Ait-Sâada, même en dehors de ses heures de travail, de jour comme de nuit. Jamais il ne refusait de venir en aide à quelqu’un. Quand un malade ne pouvait pas se déplacer, il n’hésitait pas à se rendre dans les autres villages pour lui porter secours. Cette époque, empreinte de solidarité, de générosité et de respect, reste gravée dans les mémoires comme un temps béni.

Deux films documentaires en perspective

Hadj Ali Zirem fut un moudjahid et l’un des premiers infirmiers de l’Algérie indépendante. Toute sa vie fut consacrée à soulager les souffrances et à servir sa communauté avec humanisme et dévouement. Hadj Ali Zirem œuvra sans relâche pour le développement de l’Akfadou et la dignité de ses habitants. Son engagement, son altruisme et son courage font de lui une figure intemporelle, un modèle à suivre pour les générations futures.

L’hommage qui lui est rendu samedi 30 août 2025 à la Maison des Jeunes Chahid Bouaïfel Arezki à Tiniri (Akfadou) est une occasion importante pour tous de montrer leur reconnaissance envers un homme qui a tant donné, afin de célébrer son parcours et son héritage.

Par ailleurs, Mouloud Karbache et Farid Toutou, membres d’Akfadou Image, préparent actuellement deux films documentaires. Le premier retracera la vie de Hadj Ali Zirem, tandis que le second sera consacré à son petit-fils, Billal Zirem, fils de Kamel Zirem, un jeune auteur talentueux dont le départ prématuré a laissé un grand vide. Ces œuvres viendront enrichir la mémoire collective et rendre hommage à cette famille qui a tant contribué à la richesse culturelle et humaine de la région.

Hadj Ali Zirem n’est pas seulement une figure de la médecine et de l’humanisme, il est également le père de plusieurs personnalités marquantes, dont des écrivains réputés qui ont chacun marqué la scène littéraire et intellectuelle algérienne : Youcef, Hamza, Mohand-Cherif et Kamel Zirem.

En tant que père, Hadj Ali Zirem a été une source inépuisable de sagesse, de bienveillance et d’engagement pour ses enfants. Plus qu’un modèle de dévouement dans sa profession d’infirmier, il a su leur transmettre des valeurs humaines profondes qui allaient bien au-delà des simples gestes de soin. Il leur a inculqué le respect, la solidarité, l’humilité et un profond sens de l’altruisme. Mais au-delà de ces valeurs humaines essentielles, Hadj Ali Zirem a également partagé avec ses enfants, aidé de son épouse Lâaldja, l’amour du savoir et de l’écriture. En lui, l’esprit de transmission était omniprésent : il comprenait que la véritable richesse résidait dans la connaissance, dans la compréhension du monde et dans l’expression de soi à travers la plume.

Ce n’est donc pas un hasard si chacun de ses enfants a marqué son époque à travers des réalisations remarquables dans des domaines aussi variés que la littérature, le journalisme et la culture. En effet, Hadj Ali Zirem, aidé de son épouse Lâaldja, a su insuffler à ses enfants une passion commune pour l’engagement et la quête du savoir, tout en les encourageant à s’exprimer à travers plusieurs formes d’expression. Chacun d’eux a su s’imprégner de l’esprit de son père, alliant tradition et modernité, et a choisi un chemin professionnel où il pouvait non seulement apporter sa contribution personnelle, mais aussi participer activement au développement intellectuel, artistique et culturel du pays. De la littérature à la presse écrite, en passant par la scène artistique et médiatique, chaque enfant de Hadj Ali Zirem a su se distinguer par sa capacité à questionner, à proposer et à faire avancer la réflexion dans son domaine, enrichissant ainsi le patrimoine culturel algérien avec des perspectives uniques et puissantes.

Hadj Ali Zirem vit l’hommage rendu par la population d’Akfadou comme un signe de reconnaissance. Photo Diasporadz

Youcef Zirem, le digne fils de son père Hadj Ali

Youcef Zirem, l’aîné des fils de Hadj Ali Zirem, a utilisé sa plume avec une profondeur et une lucidité rare pour aborder les grands défis auxquels l’Algérie post-indépendance a dû faire face. En tant qu’écrivain, il s’est fait le témoin des bouleversements sociaux, politiques et culturels qui ont marqué l’histoire de son pays, explorant les complexités de la condition humaine dans un contexte où les blessures du passé étaient encore vives et où l’avenir semblait incertain.

Son œuvre littéraire se distingue par une analyse fine et nuancée de la société algérienne, avec une attention particulière portée aux héritages des luttes passées, qu’elles soient révolutionnaires ou sociales. À travers ses écrits, Youcef Zirem a voulu comprendre comment ces luttes, ces sacrifices, et ces espoirs déçus ont façonné l’âme collective du peuple algérien. Il a abordé les cicatrices laissées par la colonisation, la guerre de libération, et les premières années de l’indépendance, qui, tout en étant synonyme de victoire, ont aussi été une période de grandes difficultés et de contradictions internes.

Sa plume a cherché à témoigner de la mémoire de ces luttes et à interroger le prix de la liberté obtenue à la sueur du sang. Mais plus que de relater un passé glorieux, Youcef Zirem a su questionner les implications de ce passé sur la société algérienne moderne. Ses écrits sont marqués par une réflexion sur les enjeux identitaires, les fractures sociales et les tensions politiques qui subsistent dans l’Algérie contemporaine. Il a cherché à comprendre comment les idéaux de la révolution se sont confrontés à la réalité quotidienne des Algériens, et comment les rêves d’un avenir radieux ont parfois été éclipsés par des défis internes, politiques et économiques.

Ce travail d’introspection n’est pas uniquement un regard sur le passé, mais aussi un questionnement sur l’avenir de l’Algérie. Youcef Zirem a abordé des thèmes essentiels tels que la quête de justice, les inégalités sociales, la réconciliation avec le passé, et les aspirations à un développement véritablement inclusif. Par son écriture, il a voulu non seulement rendre hommage aux sacrifices de ceux qui ont lutté pour l’indépendance, mais aussi inciter les générations futures à réfléchir à la manière de bâtir un avenir plus équitable et plus serein.

En somme, à travers ses romans, essais et écrits, Youcef Zirem a fait œuvre de mémoire et de réflexion. Il n’a pas simplement voulu raconter l’histoire de son pays, mais aussi inciter à une profonde introspection collective. Son œuvre est ainsi un miroir qui reflète les luttes et les rêves d’un peuple, tout en proposant une réflexion sur la façon dont ce passé peut influencer la construction d’un avenir plus harmonieux et plus juste pour l’Algérie.

Hamza Zirem, quant à lui, a enrichi la scène littéraire internationale, notamment en Italie, où il a apporté une voix unique, porteuse de paix et de réconciliation culturelle, tout en explorant des questions sociales et politiques cruciales. Mohand-Cherif Zirem, psychologue, a consacré son œuvre à la culture berbère, défendant et célébrant son patrimoine à travers des récits qui remettent en lumière l’importance de l’identité et des traditions dans un monde en mutation.

Enfin, Kamel Zirem, a su allier passion pour les arts et engagement culturel à travers son travail dans les médias, la radio, le théâtre et les festivals. En animant des événements culturels et en collaborant avec des artistes, il a joué un rôle clé dans la promotion de la culture kabyle et dans le rayonnement de l’Algérie sur la scène artistique et médiatique.

À travers ces enfants, Hadj Ali Zirem a non seulement légué un héritage de valeurs humaines, mais aussi un véritable patrimoine intellectuel et culturel. Son influence a traversé les générations, enrichissant et diversifiant la scène littéraire et culturelle algérienne. Ce qui est remarquable dans son parcours, c’est sa capacité à transmettre à ses enfants non seulement des compétences professionnelles, mais aussi des idéaux qui ont nourri et forgé leurs vies d’artistes, de penseurs et de créateurs.

L’hommage qui lui est rendu aujourd’hui dépasse largement celui d’un simple infirmier ou moudjahid. Il s’agit de saluer un homme dont l’œuvre et l’engagement ont profondément marqué la société algérienne. À travers ses enfants, Hadj Ali Zirem a joué un rôle essentiel dans l’éveil de la conscience littéraire et culturelle du pays, contribuant ainsi à enrichir l’histoire collective de l’Algérie. Son héritage est un témoignage vivant de l’importance de la transmission, de l’éducation et de l’engagement au service de la culture, et il perdurera à travers les générations, non seulement dans les mémoires, mais aussi à travers les livres, les articles, les conférences, les films et les événements culturels qu’il a inspirés.

Brahim Saci

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