Site icon Diaspora Algėrienne

« C’était un homme de mer » de Louis de Lestanville et Thierry des Ouches : un dialogue entre l’œil et l’esprit

Louis de Lestanville et Thierry des Ouches

Première de couverture du livre "C'était un homme de mer" de Louis de Lestanville et Thierry des Ouches.

« C’était un homme de mer » de Louis de Lestanville et Thierry des Ouches est une véritable symphonie où la poésie et la photographie se répondent avec une élégance rare.

La collaboration entre Thierry des Ouches, photographe de renom et Peintre Officiel de la Marine, et Louis de Lestanville, un poète à l’écriture profonde, crée une expérience de lecture immersive et méditative.

Dans ce livre, l’expression « véritable symphonie » n’est pas une simple formule. Elle résume l’essence même de l’ouvrage, qui élève la collaboration artistique au rang d’une composition musicale. Chaque photographie de Thierry des Ouches agit comme une note ou un motif visuel, tandis que chaque poème de Louis de Lestanville en est le contrepoint lyrique. L’harmonie qui en résulte est d’une élégance rare, loin d’une simple juxtaposition d’images et de textes.

Thierry des Ouches, en sa qualité de photographe de renom et de Peintre Officiel de la Marine, apporte à l’œuvre une maîtrise technique et une connaissance intime de l’élément marin. Ses clichés ne sont pas de simples instantanés, mais des compositions soigneusement élaborées qui capturent la lumière, les textures et les émotions de la mer. Son travail évoque la puissance brute de l’océan, la solitude des côtes ou la mélancolie d’un horizon infini.

Face à cette vision visuelle, Louis de Lestanville offre une résonance poétique d’une profondeur singulière. Son écriture, qualifiée de « musicale », ne se contente pas de décrire les images, elle leur donne une voix et un supplément d’âme. Ses vers explorent les sensations, les réflexions et les rêves que la mer inspire, créant un dialogue intime entre le regard du photographe et l’esprit du poète. C’est cette alchimie entre les deux disciplines qui transforme l’acte de lire en une véritable expérience immersive et méditative. Le lecteur n’est plus un simple spectateur, mais devient un participant à cette conversation artistique, invité à contempler et à ressentir l’âme de la mer à travers la sensibilité croisée des deux créateurs.

Le Peintre Officiel de la Marine Louis de Lestanville et le photographe de renom Thierry des Ouches. Photos DR

Dès les premières pages, le lecteur est invité à un dialogue entre l’œil et l’esprit, une conversation silencieuse où chaque sens est mis à contribution. Cette interaction ne relève pas du hasard mais d’une construction artistique minutieuse. Les clichés de Thierry des Ouches, souvent épurés et contemplatifs, ne sont pas de simples illustrations destinées à décorer les vers. Ils sont l’essence même du projet. Par leur composition, leur jeu de lumière et leur capacité à isoler un instant ou un détail, ils donnent une chair et une âme aux mots de Louis de Lestanville. Chaque photographie agit comme un point de départ, une énigme visuelle que la poésie vient dénouer et enrichir.

De son côté, la poésie de Lestanville offre une résonance et une profondeur inattendues aux images. Elle révèle ce que le photographe a capturé au-delà de la simple réalité visible. Les vers ne décrivent pas la photo, ils en prolongent la sensation, ils en explorent le sentiment sous-jacent. Par la magie des mots, le calme d’un horizon se charge de mélancolie, la force d’une vague devient le symbole de la résilience, et la lumière d’un phare prend une dimension spirituelle.

Le lien entre les deux est si fluide qu’il en devient indissociable. Il n’y a plus de hiérarchie entre la photographie et la poésie. Elles se complètent et s’enrichissent mutuellement, créant une impression où l’on ne sait plus si la poésie est née de l’image ou si l’image est la traduction visuelle d’un sentiment poétique préexistant. C’est dans cette fusion parfaite que réside la force de l’ouvrage, transformant une simple lecture en une véritable expérience sensorielle et spirituelle.

Le thème de la mer, omniprésent dans l’ouvrage, ne se contente pas de servir de simple toile de fond esthétique. Il devient le cœur d’une exploration artistique qui dépasse la beauté visuelle pour aborder une question fondamentale de notre époque : la fragilité de cet élément vital. Loin d’être un simple hommage à l’océan, le livre prend un tournant résolument engagé. Il nous rappelle que la mer, source de vie et d’inspiration, est aussi une entité vulnérable, menacée par la pollution et les changements climatiques.

Cette prise de conscience est incarnée par la collaboration avec la Fondation de la Mer. Loin d’être une simple mention caritative, ce partenariat confère au livre une dimension militante et une mission de sensibilisation.

Chaque photographie et chaque vers ne célèbre pas uniquement la mer ; ils l’appellent à la protection. Les images de vagues puissantes, de côtes solitaires ou de horizons infinis acquièrent une nouvelle profondeur, celle d’une beauté menacée. Les poèmes, en exprimant l’amour et le respect pour cet élément, se transforment en plaidoyers discrets mais puissants pour sa préservation.

Ainsi, le livre publié en 2021 aux éditions Filigranes devient un outil de conscience écologique. Il utilise l’art non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen de toucher le cœur et l’esprit du lecteur, de l’inviter à la réflexion et, in fine, à l’action. « C’était un homme de mer » démontre que la poésie et la photographie peuvent être des vecteurs puissants de militantisme, faisant de chaque page un appel à respecter et à protéger l’environnement marin, source inépuisable de vie et d’inspiration.

« C’était un homme de mer » s’affirme comme bien plus qu’un simple ouvrage de poésie illustrée. C’est un livre d’une grande sensibilité, une véritable invitation à la contemplation qui séduira à la fois les amateurs de belles images et de belles lettres. Sa force ne réside pas seulement dans la qualité de ses photographies ou de ses poèmes, mais dans la manière dont ces deux formes d’expression s’entremêlent pour créer une expérience complète et harmonieuse.

C’est une œuvre qui démontre avec brio comment l’art peut être un puissant vecteur de conscience. En célébrant la mer avec autant de délicatesse, le livre nous amène à prendre conscience de sa beauté, mais aussi de sa fragilité. Il transforme l’émotion esthétique en une réflexion éthique, nous rappelant notre responsabilité envers l’environnement.

L’expérience de lecture est comparable à celle d’écouter un concerto. Chaque page est comme un mouvement musical, avec ses crescendos visuels et ses moments de calme poétique. Le rythme des mots et des images se combine pour former une mélodie qui laisse l’émotion et la réflexion s’épanouir librement. C’est un livre qui se savoure lentement, en plusieurs lectures, car chaque relecture révèle de nouvelles subtilités dans le dialogue entre les auteurs. En fin de compte, « C’était un homme de mer » de Louis de Lestanville et Thierry des Ouches est un livre rare, un pont entre l’art, la nature et la conscience, qui laisse une impression durable d’émerveillement et de respect.

Brahim Saci

Louis de Lestanville et Thierry des Ouches, C’était un homme de mer, Éditions Filigranes, 2021

Quitter la version mobile