À seulement 22 ans, Amine Kessaci, d’origine algérienne, s’est imposé comme une figure incontournable de la lutte contre le narcotrafic à Marseille. Ce jeune militant, dont le frère Mehdi a été assassiné dans un règlement de comptes, incarne malgré lui la tragédie et la résistance face à une violence qui gangrène la cité phocéenne.
Le militant écologiste Amine Kessaci transforme la douleur intime en combat collectif ; après l’assassinat de son frère Mehdi, il s’impose comme une figure de la jeunesse à Marseille engagée contre les ravages du narcotrafic et pour une société plus juste.
Né en 2003 à Marseille, Amine Kessaci, issu de la diaspora algérienne, est le fondateur de l’association Conscience, créée en 2020 pour sensibiliser les habitants des quartiers Nord aux dangers du narcotrafic et promouvoir des alternatives citoyennes. Ancien candidat aux législatives de 2024 sur la liste Europe Écologie, il incarne une nouvelle génération de militants qui mêlent engagement politique et action de terrain.
Le 13 novembre 2024, son frère Mehdi est assassiné dans un règlement de compte lié au narcotrafic. Depuis, Amine porte ce deuil comme un étendard. Les marches blanches organisées à Marseille rassemblent des milliers de personnes, témoignant de la colère et de l’espoir d’une population qui refuse de céder à la fatalité.
De l’engagement local à la reconnaissance nationale
Longtemps cantonné aux sphères médiatiques marseillaises, Amine Kessaci a franchi un cap ces derniers jours. Son combat a trouvé un écho bien au-delà des frontières locales : une tribune dans Le Monde, une apparition au 20 Heures de France 2, et la Une de Libération aux côtés du journaliste italien Roberto Saviano, connu pour ses dénonciations de la mafia et placé sous protection policière depuis plusieurs années. Cette visibilité propulse Amine dans une dimension nationale, voire internationale, où son histoire devient symbole.
Si cette médiatisation donne un visage au courage et à la mobilisation, elle n’est pas sans risque. Certains responsables politiques soulignent que cette exposition met aussi une cible dans son dos. Mais pour beaucoup, il est essentiel que des figures issues des quartiers se lèvent pour s’opposer au grand banditisme. Amine endosse cette responsabilité avec gravité, conscient que son engagement dépasse désormais sa propre histoire.
« Je ne me tairai pas », répète-t-il dans ses interventions publiques, dénonçant la violence des réseaux criminels et l’indifférence institutionnelle. Sa parole, à la fois intime et politique, résonne bien au-delà de Marseille, jusqu’aux cercles écologistes et associatifs nationaux.
Marche blanche samedi à Marseille
Le samedi 22 novembre 2025, une marche blanche en mémoire de Mehdi a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Marseille. Le cortège est parti du rond-point Claudie-Darcy, lieu du drame, avant de rejoindre le Dôme.
La mère d’Amine, Ouassila Benhamdi, déjà endeuillée par la perte d’un autre fils en 2020, a pris la parole devant la foule, lançant un appel bouleversant pour que cesse l’emprise meurtrière du narcotrafic.
Amine Kessaci est apparu vers 15h30, protégé par le RAID, accueilli par de longs applaudissements. De nombreuses personnalités politiques nationales et locales étaient présentes, confirmant que la lutte contre le narcobanditisme est redevenue un sujet central dans le débat public.
Amine Kessaci est aujourd’hui une figure debout, symbole d’une jeunesse qui refuse l’oubli et qui transforme la douleur en action. Son combat pour la mémoire de Mehdi et contre le narcotrafic s’inscrit dans une lutte plus large pour la justice sociale et l’avenir des quartiers populaires.
Il faut rappeler que l’année 2023 a marqué un tournant : cinquante personnes ont été tuées par balles dans des règlements de comptes liés au narcotrafic à Marseille. Ce bilan sanglant a conduit à la création d’une commission d’enquête sénatoriale sur le phénomène. Dans ce contexte, la figure d’Amine Kessaci apparaît comme un repère, un symbole de résistance et d’espoir.
Rédaction


