Le militant Lyès Touati demeure en détention à Béjaïa, les autorités lui reprochant des liens présumés avec le MAK. Une qualification que ses proches jugent infondée.
La chambre d’accusation du tribunal de Béjaïa a rejeté, ce mardi 30 décembre, la demande de libération provisoire déposée par les avocats de Lyès Touati, militant du Parti socialiste des travailleurs (PST). Cette décision confirme son maintien en détention, plus de deux semaines après son arrestation à Aokas, dans la wilaya de Béjaïa, le 14 décembre.
Lyès Touati est actuellement incarcéré à la prison de Oued Ghir, à Béjaïa, où il avait été placé sous mandat de dépôt à la suite de sa présentation devant le juge d’instruction.
Des accusations contestées et jugées infondées par ses soutiens
Selon plusieurs sources, les poursuites contre Lyes Touati reposent sur des accusations de « sympathies » ou « accointances » avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), sur la base d’un commentaire satirique publié sur les réseaux sociaux.
Or, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) est classé le 18 mai 2021 par le Haut conseil de sécurité comme organisation terroriste. Depuis, des militants politiques ou de simples citoyens sont emprisonnés pour de prétendus sympathies avec cette organisation.
L’accusation du militant Lyès Touati d’« accointances » avec le MAK a consterné l’opinion publique et laissé dubitatifs les observateurs de la scène politique. D’autant qu’il dénonçait sans équivoque à travers sa publication Facebook le soutien affiché par cette organisation séparatiste à la politique d’Israël.
Pour ses proches, ses avocats et de nombreuses organisations politiques, ces accusations relèvent d’un prétexte politique destiné à neutraliser un militant connu pour ses positions critiques.
Le PST, dont il est un membre actif, dénonce une décision arbitraire et un acharnement judiciaire visant à faire taire une voix dissidente dans la région de Béjaïa.
« Révoltant, inadmissible, scandaleux ! », a réagi Mahmoud Rechidi sur sa page Facebook, après le délibéré de la chambre d’accusation de la Cour de Béjaia qui a décidé du maintien en détention de Lyès Touati pour… proximité avec le MAK.
Une détention qui s’inscrit dans un contexte plus large de répression
L’affaire Touati s’inscrit dans un climat de resserrement autoritaire en Algérie. Depuis 2019, plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent l’interdiction des manifestations, les restrictions du droit de grève, les arrestations de militants politiques, syndicaux et journalistes et la suspension administrative du PST.
Pour de nombreux observateurs, ces mesures visent à refermer la crise politique ouverte par le Hirak et à empêcher toute contestation des orientations économiques et politiques du gouvernement.
Un militant respecté et soutenu localement
À Aokas, Lyes Touati jouit d’une forte légitimité populaire. Son engagement associatif, son rôle durant la pandémie de Covid‑19, son opposition aux lobbys du foncier et sa défense constante des libertés publiques lui ont valu un large soutien.
Deux pétitions ont déjà recueilli près de 2000 signatures en faveur de sa libération.
Appels à une solidarité large et internationaliste
Face à ce qu’ils qualifient d’acharnement politique, plusieurs organisations appellent à la constitution d’un front de solidarité large, en Algérie comme à l’international.
Des collectifs militants, des syndicats et des organisations politiques réaffirment que la défense des libertés démocratiques est un enjeu central, au-delà du seul cas de Lyès Touati.
Saïd Aklid

