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Algérie : la société de tabac algéro-émiratie Staem au cœur d’un scandale financier

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La société algério-émiratie Staem est au cœur d'un scandale financier en Algérie. Photo DR

La société mixte algéro-émiratie Staem est au cœur d’un scandale financier qui secoue l’Algérie depuis une semaine.

Selon le quotidien arabophone Ennahar, la société mixte algéro-émiratie, Staem, spécialisée dans la fabrication de tabac, est au cœur d’un scandale financier : corruption, blanchiment d’argent et transfert illégal de capitaux vers les Émirats arabes unis.

Son propriétaire, identifié par les initiales M. A., a été placé en détention provisoire, aux côtés de plusieurs autres responsables de l’entreprise.

Une enquête déclenchée en novembre

Les faits remontent au 13 novembre 2025, après une enquête menée par l’Office central de lutte contre le crime organisé à Saoula. Le juge d’instruction de la deuxième chambre du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed (Alger) a ordonné la mise sous mandat de dépôt des dirigeants de la société.

Les inculpations portent sur un large éventail de délits : blanchiment, enrichissement suspect, violation de la législation sur les changes, transferts illicites de capitaux et conflits d’intérêts.

Les enquêteurs affirment avoir découvert des preuves matérielles, notamment l’usage de fonds d’origine douteuse pour l’acquisition de biens immobiliers dans les quartiers les plus huppés de la capitale.

Non respect de l’accord signé en 2005

Ce scandale n’est pas une surprise totale. Dès février 2024, la justice avait commencé à bloquer les transactions de la société mixte. Le ministère de la Justice avait enjoint aux notaires de suspendre tout contrat avec la United Tobacco Company et la Société algéro-émiratie de Tabac (STAEM).

La chambre nationale des notaires avait transmis la directive aux chambres régionales, interdisant toute transaction avec ces sociétés, qu’il s’agisse de personnes morales ou physiques.

Cette décision faisait suite à des plaintes des autorités algériennes contre la partie émiratie, accusée de ne pas respecter l’accord signé en 2005. Celui-ci prévoyait en effet de développer les capacités de production de tabac et de faire de l’Algérie un exportateur vers l’Europe et l’Afrique. Or, ces engagements n’ont jamais été tenus.

Une société blacklistée

Depuis 2024, Staem est considérée comme une société blacklistée. Les soupçons de détournement de millions de dollars à l’étranger se sont accumulés, avec des pertes estimées en milliards pour l’Algérie sur plus de deux décennies.

En 2008, les investissements émiratis en Algérie devaient dépasser 50 milliards de dollars sur cinq ans, selon les déclarations du ministre de l’Économie émirati de l’époque, Soltane Ben Saïd Al Mansour. Mais après plus de dix ans, ils n’ont atteint que 5 milliards, rappelle Algérie360.

Des liens politiques troubles

L’affaire prend une dimension politique. Au début des années 2000, des relations suspectes avaient été relevées entre un homme d’affaires émirati et un conseiller personnel de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Les soupçons avaient émergé en 2004, après le démantèlement de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), pourtant rentable, pour créer la STAEM.

Initialement, la répartition du capital était équilibrée : 49 % pour la société nationale, 49 % pour l’investisseur émirati, et 2 % pour une société relevant du ministère des Finances. Mais la partie émiratie aurait manipulé les contrats pour obtenir une majorité de 51 %, ouvrant la voie à un contrôle accru et à un pillage des fonds publics.

Un signal contre la corruption

Au-delà du cas particulier de la société algéro-émiratie Staem, ce scandale financier met en lumière les failles du contrôle des flux financiers internationaux et les risques liés aux partenariats économiques asymétriques. Les autorités judiciaires veulent envoyer un signal fort : les pratiques illicites ne resteront plus impunies.

L’enquête se poursuit pour mesurer l’ampleur exacte du préjudice économique. Les ramifications internationales pourraient donner lieu à de nouvelles révélations dans les semaines à venir. Pour l’Algérie, ce dossier est autant une affaire judiciaire qu’un test de crédibilité dans sa lutte contre la corruption et la fuite de capitaux.

Synthèse Saïd A.

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